Allocution du Président de la République, lue par la Ministre Kané Aichatou Boulama, lors de la 25ème Session Ordinaire de la Conférence de l’Union Africaine

Excellence Monsieur le Président,
Madame et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Je voudrais, au nom de SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger, saluer la décision de votre Conférence, de placer cette session sous le thème de l’autonomisation de la femme. C’est un sujet dont la pertinence n’est point à démontrer, au regard de la persistance des facteurs ou de comportements qui maintiennent cette frange importante des populations africaines, qui plus est, actrices majeures du développement économique et social de nos pays, dans une situation qui mérite une meilleure attention dans nos politiques publiques.
Aujourd’hui, nous devrions reconnaitre le retard pris par nos pays, pour commencer à traiter adéquatement les questions de genre et en particulier celle de l’autonomisation des femmes, comme un problème de développement essentiel, qu’il convient de placer au centre de toutes nos initiatives, si nous voulons atteindre les objectifs que nous poursuivons.
La Conférence de Beijing sur la population et le développement et son plan d’action ont déclenché une prise de conscience suivie d’efforts à l’échelle des pays et des organisations communes comme, entre autres, la création de ONUFEMMES, pour agir conséquemment dans le sens d’un changement favorable de la situation.
Il est important à cet égard de souligner qu’il ne s’agit pas dans cet élan formidable, de donner la charité à la femme.
Il s’agit de redresser des lacunes qui ont longtemps prévalu, en permettant aux femmes de jouer leur véritable rôle dans le développement ;
Il s’agit de se convaincre que la pauvreté affecte surtout les femmes rurales qui forment l’écrasante majorité de nos populations ;
Il s’agit de reconnaitre que les femmes représentent le plus grand nombre de petits agriculteurs, alors qu’elles n’ont pas accès à la terre et aux ressources.
Monsieur le Président,
L’Afrique est porteuse de très bonnes promesses. Elle ambitionne un développement extraordinaire qui reposera sur ses ressources naturelles et humaines. Elle a devant elle, un futur plus que radieux que nous avons conceptualisé à travers la stratégie 2063, qui constitue une nouvelle prise de conscience devant alimenter notre foi en l’Afrique et notre engagement à œuvrer pour l’atteinte des objectifs convenus.
Mais pour cela, il faudra que nos politiques publiques mettent durablement fin à certaines pratiques qui bloquent l’autonomisation des femmes et partant, rajoutent à la condition difficile de la femme et impacte négativement le développement de nos pays.
Il faudra, pour cela, que les femmes ne soient plus victimes d’exclusion financière. Elles doivent avoir accès à la terre et au matériel de production ;
Il faudra que nous mettions fin à cette image de la femme courbée avec sa houe, labourant toute une journée, avant de partir vaquer à d’autres travaux domestiques ;
Il faudra également définitivement régler la question de la corvée de l’eau ;
Il faudra valoriser le travail des femmes entrepreneuses à travers l’inclusion financière, qui doit aller de pair avec l’inclusion technologique ;
Il faudra mécaniser l’agriculture et  »déposer la houe au musée » si l’on veut alléger la souffrance des agriculteurs femmes, ce qui impliquera une véritable autonomisation économique des femmes.
Mais faudrait-il aussi, Monsieur le Président, que les femmes soient maintenues en vie afin qu’elles contribuent effectivement aux actions de développement. C’est pourquoi, nous devrions encourager des politiques publiques axées sur la prévention de la mortalité maternelle, en mettant fin au mariage des enfants, qui payent un lourd tribut dans cette mortalité, ou encore d’autres pathologies qui rajoutent à leur condition difficile, comme la fistule obstétricale, qui, malheureusement fait encore beaucoup de victimes du fait des mariages précoces.
Il convient aussi de persévérer dans les efforts pour la prévention de la transmission mère-enfant du VIH et résoudre le problème de la malnutrition car une mère malnutrie, si elle ne meurt pas en couches, risquera d’avoir des enfants qui auront les répercussions néfastes sur leur santé et leur développement.
Monsieur le Président,
Apres ce constat qui interpelle les leaders que nous sommes, je voudrais à présent vous faire part des importantes actions que nous menons au Niger pour faire de l’autonomisation de la femme une réalité dans notre pays.
Nous avons à cet égard mené des actions dans quatre axes stratégiques qui sont : (i) la lutte contre la pauvreté à travers l’autonomisation des femmes (4/5 des pauvres au Niger sont des femmes), (ii) la lutte contre la forte mortalité maternelle en améliorant l’accès aux services de santé de la reproduction, (iii) la lutte contre les violences basées sur le genre, (iv) la participation des femmes à la prise des décisions.
Ces axes stratégiques sont au centre de notre Programme de Développement Economique et Social(PDES) qui s’est donné comme objectifs, l’amélioration de la situation des femmes par l’accès à l’éducation, à la santé et aux biens pour accroitre sa productivité, afin de la mettre à l’abri de l’insécurité alimentaire et lutter contre la pauvreté.
Nous avons une Politique Nationale de Protection Sociale et plusieurs programmes spécifiques travaillent à l’autonomisation des femmes notamment l’octroi de sites de production maraichère, l’appui dans le domaine de l’irrigation, l’insertion socioprofessionnelle de jeunes femmes par le renforcement de capacités, la mise à disposition du matériel d’allégement de tâches domestiques, la mise à disposition de centres multimédias…
Je voudrais à ce niveau saluer l’accompagnement de l’Union Africaine à notre pays dans le cadre de l’autonomisation des femmes artisanes sur financement de l’Espagne.
En menant ces actions, Monsieur le Président, nous sommes confrontés à des défis importants qui, eux, sont plus difficiles à résoudre, du moins dans le court terme. Ils sont d’ordre culturel, traditionnel et une mauvaise interprétation de notre religion.
Nous avons aussi, la forte croissance de la population de notre pays qui a des implications directes sur la pauvreté et l’insécurité alimentaire, auxquelles s’ajoutent l’analphabétisme et la sous-scolarisation des femmes et des filles qui les exclut de l’accès aux moyens de production ou aux emplois plus rémunérateurs.
Ce sont là, Excellence Monsieur le Président, Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, les quelques observations sur cet important thème de l’autonomisation de la femme que nous avons voulu partager avec vous. Il s’agit d’un processus que nous devons poursuivre et intensifier pour réaliser le développement économique et social de nos pays et le bien-être auquel aspirent les peuples d’Afrique.
Je vous remercie.

Onep