Les élections au Niger

Tous les observateurs avisés s’accordent actuellement sur un fait. Le comportement de la classe politique nigérienne est dénué de grain patriotique.

Malgré la situation de crise alimentaire qui est en train de s’installer à grande échelle sur notre pays, menaçant ainsi les 3.500.000 Nigériens et pour laquelle la communauté internationale se mobilise activement, à l’intérieur c’est une autre question qui semble préoccupée les décideurs politiques: la question prioritaire de l’élection.

La classe politique nigérienne, comme à son habitude, est en train de nous offrir un des pires spectacles dans lequel, elle excelle désormais et est passée maître dans l’art: la gué-guerre.

À y regarder de près, on serait tenter de croire que l’opposition politique au Niger rime avec l’indiscipline et le refus du verdict populaire, car vraisemblablement, celle-ci, dans ses déclarations, a tendance à remettre en cause la légitimité des institutions républicaines au lieu, d’user des moyens juridictionnels à sa disposition.

Je serai même tenté, sans exagération, de dire que cette opposition pense détenir le monopole de la légitimité pour gouverner, alors même qu’elle ne regorge en son sein que des individus dont la plupart revendique encore leur action liberticide, antidémocratique qui les avait conduit il y a quelques années à refuser l’alternance démocratique pour préférer la remise en cause de l’ordre démocratique et constitutionnel établi.

Ces individus ne peuvent aujourd’hui, sous le couvert d’une opposition, encore moins sous un faux prétexte de légalité, vouloir administrer à qui que ce soit, une leçon de démocratie, car dans les Républiques qui se respectent, leur place serait non pas à l’opposition mais en prison ou à la rue. ( c’est ma première observation).

Ma deuxième observation est relative à un point de la déclaration de l’opposition qui, à l’évidence, semble ignorer, encore une fois la volonté exprimée par le peuple dans le loi fondamentale et qui institue une cour constitutionnelle, dont le mandat doit obligatoirement être conduit jusqu’à son terme.

Alors, je m’interroge sur l’intention de l’opposition, lorsqu’elle dit avoir récusé la Cour constitutionnelle comme juge électoral.

Est-ce à dire qu’un régime dérogatoire (consistant à remplacer l’actuelle cour) doit être créé, au détriment de la volonté du constituant? Assurément non! D’ailleurs, je m’interroge sur le mécanisme par lequel, l’opposition s’estime en droit de récuser la Cour constitutionnelle? De mémoire de juriste, on peut demander la récusation d’un juge si l’on est en mesure de prouver l’impartialité à laquelle sa présence dans une cour ou un tribunal, pourrait donner lieu mais jamais une juridiction.

Et même dans ce cas de figurer, il faut obéir à plusieurs conditions que je ne saurai citer ici ( à l’occasion, je reviendrai avec un commentaire technique sur les conditions de récusation d’un juge). Récuser une cour, de surcroît une cour constitutionnelle, qu’elle que soit ses tares ( sachant que cela est techniquement impossible) procède d’un esprit liberticide et réfractaire à la légalité constitutionnelle.

Alors l’intention de l’opposition est à recherchée ailleurs. Celle-ci est donc en train du fait de ses actes, de rater le rendez-vous de l’histoire, qui lui aurait peut être permis de créer les conditions d’une alternance démocratique au lieu de se laisser prendre au piège.

Quant à la majorité, il convient de souligner qu’elle a la plus grande part de responsabilité dans cet épisode de crise pré-électorale qui semble, désormais faire ses racines dans notre pays. Ainsi, d’une logique et stratégie de réélection, le chef de l’Etat et son gouvernement, semblent ignorer que la démocratie ne se limite pas à l’organisation d’élections.

C’est aussi, fonction du comportement et de l’attitude des acteurs, notamment des dirigeants, vis à vis du peuple, qui est le seul, à disposer de la souveraineté et de la légitimité. C’est en méconnaissance de ce principe, que durant quatre (4) années, l’équipe dirigeante, en l’occurrence la majorité, à cru bon, d’entretenir des crises et des dissidences politiques, parfois à coup de millions et au détriment de la justice, la justice pour tous.

Le président de la République, qui faisait semblant d’ignorer tout de l’actualité politique nigérienne, croyait qu’un appel de pied à des élections inclusives ( dont leur transparence, leur crédibilité et leur fiabilité semblent compromis à l’avance.) suffirait à donner un gage de stabilité et de transparences aux échéances à venir dans notre pays et éventuellement de créer une alternance démocratique? Pas du tout.

En effet, tout porte à croire, que les agissements de ces autorités, depuis quatre années, dénote d’une attitude non voilée, de l’assurance d’une réélection déjà acquise.

Voilà à notre avis ce qui semble expliquer cette forme de désobéissance civile à laquelle l’opposition entend désormais s’en tenir. Ce n’est que la conséquence directe du mépris affiché de la majorité, au statut de l’opposition. C’est aussi la résultante de la rupture d’égalité entre les citoyens sciemment créer par cette majorité politique.

Au regard de tous ces éléments, les élections semblent désormais compromises et l’alternance ainsi piégé.

Ah l’alternance démocratique! De ce label, le Niger en rêve toujours et tout le temps. Mais, le comportement peu honorable de notre classe politique semble encore une fois, avoir pris le dessus sur l’alternance. Pourtant c’est le seul véritable moyen de mesure, de la culture démocratique d’un peuple. Au Niger, avec des telles attitudes inopportunes,, nous sommes loin du compte et l’alternance tant chantée est désormais mis à rude épreuve par une classe politique peu soucieuse de l’amélioration des conditions de vie du citoyen.

Attention à l’effet boomerang!

Par Maître Bachir
Doctorant en droit Université Toulon

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