Mme Ali Mariama Elhadj Ibrahim

Interview de la ministre de l’Enseignement primaire,Mme Ali Mariama Elhadj Ibrahim

Mme la ministre, le 1er octobre, les élèves et les enseignants du primaire ont repris le chemin de l’école. Pouvez-vous, brièvement, nous présenter en chiffres la situation (effectifs, nombre d’établissements) ?

Avant de répondre à votre question, permettez-moi de remercier sincèrement votre journal de l’opportunité qu’il m’offre pour parler de l’école en général et particulièrement de la rentrée scolaire de cette année.

Pour revenir à votre question, je confirme que la rentrée 2015-2016 a eu lieu à la date indiquée. Nous avons, au titre de cette année, 2. 559. 043 élèves dans 16. 457 écoles primaires et 152. 629 enfants au préscolaire repartis dans 2.300 jardins d’enfants. A cela, il faut ajouter des créations et des extensions dans toutes les régions du pays. Pour assurer l’enseignement-apprentissage de ces jeunes Nigériens, nous disposons d’un effectif de 66. 752 enseignants dont 50. 124 contractuels, et 794 encadreurs pédagogiques. Je dois ajouter également que notre Ministère a élargi ses capacités de formation initiale avec la création de trois (3) autres Ecoles Normales de formation des maîtres à Magaria, Tessaoua et Doutchi. Leur nombre est ainsi porté à onze (11) au titre de cette rentrée scolaire.

Quelles sont les dispositions pratiques prises par votre département en termes de fournitures et d’équipements pour que tout se déroule normalement ?

Il me plaît de vous rappeler que la rentrée scolaire a, ces dernières années, été l’objet de préoccupation des plus hautes autorités du pays en ce sens qu’elle conditionne le démarrage de l’année académique.

C’est pourquoi, sa préparation a toujours fait l’objet de planification minutieuse par mon département ministériel. Ainsi, en termes de fournitures et équipements scolaires au total 3.840 tonnes de fournitures et manuels scolaires ont été envoyées dans les 8 régions du pays et répartis comme suit : 180 tonnes à Agadez, 180 à Diffa, 480 à Dosso, 840 à Maradi, 450 à Niamey, 540 à Tahoua, 600 à Tillabéry et 570 à Zinder. Tous les établissements sont, au moment où je vous parle, servis. S’il faut aller aux détails, il s’agit de 3.162.245 cahiers de 32 pages, 3.162.245 cahiers de 16 pages, de 2.780.246 cahiers de 48 pages, de 1.155.475 de 100 pages, de 6.270.521 bics bleus, de 1.470.399 bics rouges, 2.747.296 crayons à papier etc. Toutes les dispositions sont donc prises pour assurer aux élèves et aux enseignants une bonne rentrée scolaire.
Votre département a mis en œuvre la réforme du CFEPD.

Peut-on avoir une idée des flux d’élèves n’ayant pas rempli les conditions pour poursuivre leurs études dans les collèges et quelles sont les dispositions que vous avez prises pour les occuper ?

Je dois vous dire que la réforme du CFEPD est en train de changer positivement le mode d’évaluation du système. Ce qui a permis de rehausser substantiellement les effectifs d’élèves orientés pour diverses études post-primaires au lieu de les confiner au seul enseignement général. Ainsi, pour la rentrée 2015-2016, 193. 047 élèves ont été orientés pour poursuivre les études post-primaires dans les CEG traditionnels et franco- arabes, 5.136 dans les Collèges d’Enseignement Technique (CET) soit un total de 198. 183. Il s’agit des élèves ayant obtenus la moyenne requise (au moins 5/10). A l’inverse, 49. 333 élèves ont épuisé leur scolarité. Parmi eux, 15. 018 élèves ont été envoyés dans les Centres Formations aux Métiers (CFM) en fonction des places disponibles en région. Il reste donc 34. 315 élèves en fin de scolarité. Les efforts sont en train d’être poursuivis pour créer les conditions d’une scolarité ininterrompue jusqu’à l’âge de 16 ans, en rapport avec les autres ministères.

La région de Diffa vit, comme on le sait, une situation particulière du fait de la menace terroriste. Y a-t-il des dispositions spécifiques pour permettre aux élèves de cette région d’être dans leurs droits, celui d’aller à l’école ?

Comme vous venez de le souligner, la région de Diffa a connu des perturbations, voire la suspension des activités académiques consécutives aux menaces terroristes perpétrées par les éléments de la secte Boko Haram dans cette région durant l’année scolaire écoulée. Pour assurer la continuité de l’éducation dans cette zone, mon département ministériel a procédé à la relocalisation de toutes les écoles affectées par la crise dans des zones sécurisées pour assurer à ces enfants, comme vous le dites, la jouissance de leur droit d’aller à l’école.

Ensuite pour répondre aux besoins spécifiques de ces enfants, nous avons procédé à la formation des enseignants à l’éducation en situation d’urgence qui a concerné également les régions de Tillabéry et de Tahoua au bénéfice des enfants des réfugiés maliens.

La qualité de l’enseignement est l’une des préoccupations des différents acteurs du domaine ; quelles sont les actions menées dans le sens de l’amélioration des enseignements ?

Le Programme Décennal de Développement de l’Education (PDDE) 2003-2013 a certes mis l’accent sur la couverture et l’accès à l’éducation. Mais, cela ne veut pas dire que nous avions mis de côté la qualité. Pour assurer une éducation de qualité, il faut agir sur plusieurs facteurs : les enseignants, l’environnement scolaire et les intrants pédagogiques, la gouvernance etc.

C’est pourquoi, nous avons ouvert plusieurs chantiers parmi lesquels le renforcement des capacités d’accueil des Ecoles Normales d’Instituteurs (ENI) et leur équipement afin de rehausser les effectifs des enseignants à former, la création de nouvelles ENI qui permettra d’accroître leurs effectifs. Mieux, les enseignants contractuels que nous recrutons ont de plus en plus reçu la formation initiale. Bien plus, tous les personnels d’encadrement ont été, récemment, formés en ingénierie de la formation en vue de prendre en charge la formation continue des enseignants sur le terrain. Par ailleurs, les pécules et les salaires des enseignants sont conséquemment améliorés, tout cela en vue de créer les conditions propices à des enseignements/apprentissages de qualité.

Notre pays a encore un taux d’alphabétisation faible, qu’est-ce qui est envisagé dans ce domaine vu l’importance de l’alphabétisation dans le développement d’un pays ?

Il est vrai que nous avons un faible taux d’alphabétisation. Cela est peut-être dû à la faiblesse du financement de ce sous-secteur. Pour changer cette situation, le gouvernement, a adopté en mars 2015, la Politique Nationale d’Alphabétisation et d’Education Non Formelle ainsi qu’un programme d’Eradication de l’Analphabétisme à l’horizon 2023, assorti d’un Plan d’Accélération de l’Alphabétisation 2015-2017. A travers l’adoption de ces différents documents, le gouvernement vise à porter le taux d’alphabétisation de 31,1% en 2012, à 60% en 2017, avec des taux intermédiaires de 40% en 2015 et 50% en 2016.

Une table ronde a déjà été organisée le 7 septembre 2015 pour mobiliser le financement complémentaire à la mise ne œuvre du plan triennal pour lequel le gouvernement s’est engagé à hauteur de 50%. Toutes ces actions menées en faveur de l’alphabétisation participent de l’opérationnalisation des mesures contenues dans le Programme Sectoriel de l’Education et de la Formation (PSEF) 2014-2024. Le gouvernement reste conscient que l’alphabétisation et l’éducation non formelle sont non seulement des droits humains fondamentaux, mais aussi procurent des bénéfices économiques et sociaux aux individus et à la communauté.

Mme la ministre, cette rentrée est la dernière du quinquennat du Président Issoufou Mahamadou. On sait qu’un certain nombre d’engagements ont été pris par le Chef de l’Etat (en termes de construction d’infrastructures, de recrutement, d’équipements, de la qualité de l’enseignement, etc.). Quatre ans après, pensez-vous que ces engagements ont été tenus ?

Comme je l’ai indiqué lors du dernier Conseil National de l’Education (CNE), les chiffres, en termes de réalisations d’infrastructures, parlent d’eux-mêmes. Il me plaît de vous présenter succinctement quelques avancées sur les infrastructures réalisées ou en cours de réalisation. Ils portent sur la construction de 7.675 salles de classes en matériaux définitifs et 3.349 autres en cours de construction, soit un total de 11.024 salles de classes. Il faut également noter l’amélioration des conditions de vie des personnels enseignants par l’augmentation conséquente des salaires, mais aussi et surtout l’intégration de 6.130 enseignants contractuels à la Fonction Publique. En outre, 4.220 autres sont en cours d’intégration à la Fonction publique et 24.100 nouveaux enseignants contractuels ont été recrutés. Notre école est en train de renaître et d’opérer un changement qualitatif tel que voulu par le Président de la République. Je me permets, à cet effet, de dire que les engagements sont bel et bien tenus.

Quelles sont les perspectives pour le système éducatif nigérien ?

Le Président de la République Chef de l’Etat, a placé l’école nigérienne au rang de priorité. Les Nigériens sont témoins des actions menées en faveur de notre école, et des réalisations opérées durant les 4 dernières années. Ces efforts vont se poursuivre Incha Allah. Le système éducatif nigérien est en train de connaître inexorablement sa refondation à travers la mise en œuvre d’un certain nombre de politiques et stratégies. On peut citer entre autres le programme d’éradication de l’analphabétisme à l’horizon 2023, la stratégie d’accélération de la scolarisation des filles, la réforme curriculaire, l’introduction des Technologies de l’Information et de la Communication en Education (TICE). Toutes ces innovations et bien d’autres encore figurent dans le Programme Sectoriel de l’Education et de la Formation (PSEF 2014 -2024).

C’est vous dire que notre système éducatif est en train d’amorcer un changement qualitatif né de la volonté et de l’engagement des plus hautes autorités du pays à créer l’environnement pédagogique et infrastructurel favorable à l’amélioration de la qualité de l’enseignement/apprentissage.

Nous invitons tous les acteurs de l’éducation (PTF, société civile, syndicats, Ong, association, APE, COGES, collectivités) à nous accompagner dans cette noble mission qu’est l’éducation des enfants nigériens. Cette année, les slogans de la rentrée est  »Pour l’éducation des jeunes filles, je m’engage » et  »L’éducation des filles change la vie ».

Siradji Sanda(onep)