LUMANA FA : Hama, Lumana et le funeste combat !

Dans une de vos précédentes publications vous avez fait observer qu’il y a au Niger une catégorie d’hommes politiques qui considèrent que la politique est juste le métier «des voyous » et que l’art de la politique se limite à une mise en scène où le meilleur reste celui qui sait mentir, dire une chose et son contraire, et qui considère que le peuple reste toujours cet enfant inculte et toujours incapable de comprendre ou de savoir où se trouvent ses inté- rêts.

Il en est de même de leur conception de la démocratie, de la République et de l’Etat. Pour ces politiciens, la démocratie n’a de sens que lorsqu’elle leur permet d’être aux commandes des affaires nationales ; quant à la République et l’Etat, ils les confondent, le plus souvent, à leur propre personne considérant que quand eux, ils ont des problè- mes ou des contradictions dans la réalisation de leurs ambitions égoïstes, c’est la République et l’Etat qui sont malades et en perdition.

Ainsi, il y a seulement Démocratie, République et Etat lorsqu’eux sont aux commandes des affaires ; et c’est pourquoi, chaque fois que les choses se présentent différemment pour eux alors la Nation dans son ensemble doit payer ! Les élections ne sont libres et transparentes que lorsque, eux, les gagnent ; la République et l’Etat n’ont de sens que lorsqu’ils sont dans leurs mains. Dans cette catégorie d’hommes politiques, il y a celui qui se démarque de tous : Hama Amadou.

Il semble que s’il pourrait y avoir des laboratoires d’analyses sur le comportement des hommes politiques, ils ne pourraient conclure, indiscutablement, qu’à un seul résultat lorsqu’il s’agira de Hama : la conception politique du personnage se résumera à la doctrine où je suis au pouvoir ou personne ne sera au pouvoir ! En effet, remarquer que quand Hama est aux affaires, tout est tranquille et qu’il suffit qu’il ne le soit pas (le plus souvent par sa faute à lui) pour qu’il y ait des remous partout ; il fabrique l’instabilité (et curieusement il la revendique), il crée la crise et en est fier !

Et à chaque fois qu’il est dans une mauvaise passe, c’est le Niger qui doit payer ; lui, il a tous les droits y compris celui de mettre le Niger à feu et à sang ; il peut vilipender mais ceux d’en face ne doivent dire que du bien de lui ; il peut te trahir ou tenter de te poignarder dans le dos politiquement, toi, tu dois juste l’accepter et même le comprendre ; lorsqu’il a le pouvoir, il considère que lui seul doit en jouir. Mais lorsque c’est toi qui a le pouvoir, tu dois partager le privilège avec lui ; opposant, tu n’as aucun droit, lui opposant il doit tout en bénéficier conformément à la LOI !

Il est le seul qui peut faire appel à l’ethnie et à la région sans que cela n’émeuve personne ; il est le seul qui insulte les journalistes, qui voue une haine morbide aux étudiants sans que tous ces groupes ne jugent de l’utilité de lui répondre ou de le lui rendre ; il est friand de l’adoration à Allah mais il est le plus prompt à se souvenir de l’existence d’Allah quand il est en difficulté. L’illustration la plus parfaite de cette conception des choses chez le personnage est incontestablement cette affaire, moralement insupportable de supposition d’enfants dans laquelle il est cité.

La suite, les nigériens la connaissent bien : au lieu de rester dignement défendre son honneur ou assumer, le cas échéant, sa part de responsabilité devant la Justice de son pays, il prend ses jambes à son cou, abandonnant femmes, enfants et militants. Mais il ne se contenta pas de manquer de courage, il essaie à coup d’argent et de mensonges de faire de sa fuite un acte de courage hors du commun ! Metteur en scène hors normes, il se fait investir candidat à l’élection présidentielle par son Lumana, depuis son exil, et, comme toujours depuis fort longtemps, il annonce son retour au Niger pour battre Issoufou.

Dans la foulée, il dénie à ses camarades de circonstances, notamment Seini et Ousmane, toute qualité et toute capacité à affronter valablement le président Issoufou. Mais Hama n’est pas seulement lâche, il est aussi réaliste. Il sait et il en est même convaincu que ses fameuses troupes de la capitale ne peuvent pas le « protéger » contre la justice et surtout contre la volonté du ministre de l’intérieur d’exécuter le mandat d’arrêt que celle-ci a lancé contre lui. C’est pourquoi, à chaque fois qu’il se trouve dans la position de répondre à l’appel de ses militants impatients de le voir rentrer pour «laver » la honte de sa fuite, il leur demande qu’ils en créent d’abord les conditions.

Créer les conditions dans le langage lumaniste signifie créer le chaos et la chienlit, seul environnement dans lequel le champion sait s’épanouir. C’est certainement afin de répondre à l’appel du seigneur Hama qu’une réunion de l’OJL (Organisation de la Jeunesse Lumana) s’est tenue, lundi 21 septembre 2015, avec un seul ordre du jour : préparer l’arrivée de Hama entre le 6 et le 13 octobre. Nous sommes le 20 aujourd’hui, et il n’y a toujours pas trace de Hama le fugitif.

Cette réunion qui a regroupé les responsables des coordinations communales et les internautes autour du secrétaire général de l’OJL et l’algérien (homme à tout faire de Soumana Sanda) a abouti aux délibérations suivantes : engager une guerre d’informations contre le ré- gime et ses dignitaires en utilisant abondamment les réseaux sociaux et en semant la psychose au sein de la population. Et à une source proche du milieu de lâcher l’intention : s’en prendre aux individus et aux familles du pouvoir, oubliant que cette stratégie de guérilla a déjà été utilisée par le passé et mise en échec par le gouvernement.

Semer la psychose au sein de la population, ce n’est ni plus ni moins qu’une méthode terroriste. L’idée est certainement de faire payer à cette paisible population de Niamey sa passivité et son indifférence face aux déboires judiciaires de Hama. Comme on le voit, le ministre Massaoudou ne s’était pas trompé lorsqu’il qualifiait les Soumana de terroristes ; et à un fidèle de Mahamane Ousmane, ancien journaliste de son état, de confier : « Hama ne viendra que le jour où l’Etat se serait effondré » c’est-à- dire dans une situation exceptionnelle de chaos.

C’est certainement pourquoi, les milieux lumanistes étaient aux anges aux premières heures du coup d’Etat intervenu au Burkina voisin avant de déchanter (tout malheureux) devant l’évolution de la situation à Ouagadougou. Mais enfin, quand est-ce que Hama et ses supporters comprendront que désormais, au Niger tout comme ailleurs, le pouvoir ne se conquiert que dans les urnes ?

DAWYZE MAHAMADOU à Niamey (OPINIONS N° 275 DU 20 OCTOBRE 2015)