Une « coquille vide » à Seini Oumarou

La Cour d’appel de Niamey vient de confirmer Seini Oumarou comme président légal du Mnsd Nassara. « La justice, c’est quand on gagne le procès. » a dit Samuel Johnson. C’est le sentiment qu’on a lorsqu’on voit le jubilé de Seini Oumarou, ses partisans et leurs adulateurs sur les réseaux sociaux. Pourtant par manque de fairplay, ces fêtards ont passé leur temps à vilipender la justice nigérienne et l’image du pays comme un pays liberticide sous la direction d’Issoufou.

Les nigériens ont en mémoire leurs hauts faits, de simples déclarations jusqu’au  livre blanc consacré à la justice nigérienne. Certains opposants ont même fui le pays pour dire au monde qu’il n’y a plus de justice au Niger !

A propos de ce  verdict, nous disons qu’il sonne comme une demi-victoire à Seini pour au moins trois raisons :

 La première c’est la voie tracée à un second grand morcellement du « baobab » après l’érection du Lumana issu du même MNSD. Le divorce, nous semble-il, est tellement consommé qu’il n’est pas envisageable pour Albadé et ses camarades séditieux de s’abaisser devant un homme qu’ils ont considéré comme un anti modèle. La probabilité c’est que Albadé entouré de ses anciens vices présidents du parti à savoir Alma Oumarou à Zinder, Walssalké Boukari à Tillabery appuyé de Ada Cheffou, Hama Zada à Dosso n’hésiteront pas à jauger leur poids politique en créant leur parti.

  La seconde c’est le temps perdu dans ce procès qui n’est pas encore à son épilogue (au cas où les Albadé jouent aux prolongations). Et comme on le sait, le temps est compté pour les élections ce qui constitue une gageure pour un parti qui est loin d’être en ordre de bataille. Les observateurs avertis le savent, l’opposition ne donne aucune impression d’être à la veille d’une élection en dehors du Lumana qui fait semblant. Et face à un pouvoir qui se délecte de son bilan même si ses détracteurs n’ont rien vu se réaliser sous le quinquennat d’Issoufou.

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 La troisième c’est la menace Lumana à l’endroit de Seini Oumarou, car selon nos informations, pour s’imposer comme candidat de l’opposition Hama Amadou et ses partisans auraient vivement souhaité que Albadé gagne ce procès. Et lorsque récemment dans sa « cartographie électorale » depuis Paris, le Fugitif s’est octroyé à lui seul Niamey et Tillabery, il y a de quoi prendre au sérieux cet aspect des choses concernant les affaires de Seini. Et même au cas où Seini Oumarou gagne le procès, Hama bien que sa candidature est frappée d’ambiguïté, il joue encore aux intrigues car dans tous les cas pour lui, il est hors de question de parler d’un candidat unique de l’opposition face à Issoufou.

 Et cette question, parait-il, réveille les vieux démons au sein de l’ARDR rappelant  le geste déloyal du leader de Lumana au second tour de la présidentielle de 2011. Le problème de fond, c’est que l’ego de  Hama Amadou souffre de faire président quelqu’un qu’il estime avoir « créé de toutes pièces ». Et autant Seini Oumarou dit à l’endroit des Albadé qu’il pardonne mais qu’il n’a pas oublié autant un vindicatif comme Hama ne saurait oublier la traitrise de Seyni Oumarou sous le tazarce du vieux Tandja.

C’est dire qu’au regard de cette grille de lecture, la justice nigérienne vient enfin d’octroyer une « coquille vide » à Seini Oumarou, qui est loin d’être le baobab MNSD pourvoyeur de masses électorales dont parle Sieur Tijani Abdoulkadri. Dans ce cas le tout n’est pas de gagner un procès.

Pour la (re) conquête du pouvoir ce n’est que le début du commencement pour Seini Oumarou face au très méthodique Bazoum Mohamed qui n’a pas chômé à promouvoir son parti et leurs actions à la tête de l’Etat. Et la victoire de Seini Oumarou honore le régime en place car le monde observe : le concassage des partis politiques, l’embrigadement des magistrats, la négation des droits humains comme fonds de commerce de l’opposition, tout cela vient d’avoir un cinglant désaveu par la justice nigérienne.

Il faut donc savoir perdre un procès et se comporter en digne démocrate que de chercher à saper les institutions de son pays. La justice nigérienne a fait les preuves de son indépendance. Le pouvoir actuel peut bien rétorquer à Seini Oumarou qu’il y a une différence entre le gouvernement de Brigi rafini et celui de Seini Oumarou qui a arraché le MNSD des mains de Hama Amadou après l’avoir emprisonné dans les conditions connues des nigériens.

La preuve est faite et c’est la moralité du verdict historique du 5 octobre 2015 : la justice ce n’est pas seulement quand on gagne un procès.  Albadé Abouba et compagnie, à défaut de jouer au mauvais perdant, ne manqueront pas d’opposer à ce verdict cette opinion d’Adolphe-Basile Routhier : « Il n’est pas nécessaire d’être avocat ou magistrat pour savoir que la légalité et la justice sont loin d’être synonymes. »

Tiemago Bizo