Déclaration du Front Patriotique et Républicain (FPR)

Réuni en session extraordinaire, ce 18 décembre 2015, le FPR rend public la déclaration dont la teneur suit :

Nigériennes, Nigériens,

Les masques sont désormais tombés : ce que nous appréhendons depuis longtemps déjà, devient aujourd’hui très clair : le régime de Issoufou MAHAMADOU a décidé de violer la loi pour s’octroyer un second mandat qui ne peut lui être accessible par la voie légale.

C’est donc, sans surprise que les Nigériens en général et l’Opposition en particulier ont appris à travers la presse, la publication des décrets portant convocation du COLLEGE ELECTORAL pour les élections présidentielles et législatives 2016.

Comment peut-il convoquer le collège électoral, alors même que le fichier électoral n’est pas encore finalisé ?

En effet, à l’heure actuelle, même au niveau du CFEB, aucune plénière n’a été convoquée, ni tenue, pour valider ledit fichier qui reste toujours non consolidé, non validé. Or, ce n’est qu’après cette étape que le fichier doit être validé par le Conseil National du Fichier (CNF) et ce, conformément à sa mission énoncée à l’article 6 de la loi 20-14-03 du 15 avril 2014 qui dispose :

« le CNF est une structure de veille, chargée de contrôle, de la supervision et de la vérification des travaux d’élaboration du fichier électoral biométrique. En outre, il a en charge la validation du recensement électoral biométrique et des opérations de révision du fichier électoral biométrique ».

Nigériennes, Nigériens,

Le FPR n’acceptera jamais la tenue d’élections bâclées sur la base d’un fichier électoral tordu à dessein. Il a suffisamment attiré, l’attention de l’opinion nationale et internationale à travers des rencontres et déclarations sur cette question. Aucun nigérien, soucieux de la quiétude de son pays ne devra accepter la fuite en avant du gouvernement. Car, l’intérêt du Niger n’est pas d’organiser coûte que coûte des élections au prix du sacrifice de la légalité, de la rigueur, de la transparence et de la justice.

Son intérêt n’est pas non plus dans la tendance hypocrite du régime de livrer du faux à la communauté internationale en lui donnant l’impression d’une organisation maitrisée alors même qu’il crée toutes les conditions pour précipiter notre pays dans le chaos. Même si le fichier était consolidé et finalisé, dès lors que la classe politique à l’unanimité a admis et requis lors de la réunion du CNF du 23 septembre 2015 le principe de son audit, il devient impératif de le mettre en œuvre.

Or, depuis cette date, le Gouvernement n’a pris aucune disposition utile pour cette mise en œuvre. Et c’est seulement deux mois après, au cours de la réunion du 11 décembre 2015 qui demandera l’opérationnalisation de l’audit, qu’un comité tripartite de 12 membres (majorité, opposition, non-affilié) a été mis en place. Le comité a eu à élaborer les termes de référence d’une consultation restreinte devant conduire au recrutement d’un cabinet ayant l’expertise avérée en matière d’audit de fichier électoral.

Le dimanche 14 décembre 2015, le Comité finalise les termes de références qui normalement devaient être soumis à une réunion du CNF. Contre toute attente, le Premier Ministre occulte cette étape qu’exige pourtant le fonctionnement du CNF. Nonobstant cette manœuvre unilatérale, le comité a poursuivi ses travaux.

Nigériennes, Nigériens,

C’est dans ce contexte, que, une fois de plus, agissant de manière unilatérale, le Premier ministre invita le Comité ad hoc au choix d’un cabinet. Une lettre de proposition d’offres a été adressée à trois cabinets. Lesdits cabinets devaient déposer leurs soumissions à 15 heures délai de rigueur.

Les représentants de l’opposition ayant constaté qu’à l’heure indiquée aucune offre n’est parvenue ont décidé de se retirer. C’est dire qu’il n’y a jamais eu de choix d’un cabinet d’audit en présence de nos représentants. C’est ainsi que le mardi 15 décembre 2015, le gouvernement sorti les décrets convoquant les collèges électoraux pour les élections législatives et présidentielles de 2016.

Ce énième acte posé par le régime d’Issoufou Mahamadou témoigne hélas de sa mauvaise foi constante et traduit de façon claire qu’il n’a jamais adhéré à la conception d’un fichier consensuel et crédible. En réalité, l’acceptation d’un audit du fichier au cours de la réunion du CNF du 11 décembre 2015 ne rentrait que dans le cadre du marketing politique à l’endroit de la délégation de la CEDEAO en mission au Niger. C’est pourquoi, dès que ladite délégation a quitté le Niger, le régime est revenu à ses anciennes habitudes, à savoir le reniement de ses propres engagements.

Le FPR porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale qu’à ce jour, le fichier électoral n’a pas fini d’être unifié, à plus forte raison finalisé malgré les effets d’annonce qui ressortent des interventions tendancieuses du gouvernement. Plus grave, les missions de vérification de l’affichage au niveau de la diaspora viennent d’être annulées purement et simplement sur injonction du gouvernement.

Malgré ces manquements, le gouvernement persiste et signe en envoyant son « auditeur maison » au Centre National de Traitement du fichier. Ledit cabinet qui n’est qu’un simple fournisseur de matériels et consommables informatiques est supposé rendre le rapport sur commande pour ce vendredi 18 décembre 2015, de sur croît, jour férié. En conséquence l’opposition ne saurait cautionner une telle supercherie.

Nigériennes, Nigériens,

Le FPR s’interroge en conséquence sur quelle base légale la CENI va-t-elle réceptionner un fichier non finalisé, non validé par les organes compétents que sont successivement selon la procédure légale le CFEB et le CNF.

Nigériennes, Nigériens,

Il nous plait de vous rappeler qu’à l’occasion de son message à la nation du 3 aout 2015, Issoufou Mahamadou disait, je cite : « je ne cautionnerai pas l’organisation d’élections tropicalisées pour ne pas dire truquées. Cela n’est pas d’ailleurs dans la tradition de notre pays. C’est dire que je considèrerai les élections mal organisées comme un échec personnel et je ne serai jamais à la base d’un travestissement de l’expression de la volonté populaire.

Aussi les institutions chargées des élections, du comité du fichier électoral biométrique(CFEB), à la Cour Constitutionnelle, en passant par la Commission Électorale Nationale Indépendant(CENI) et le Conseil Nationale de Dialogue Politique(CNDP), doivent- elle prendre leur responsabilité, en toute indépendance par rapport à tous les partis, quels qu’ils soient». Fin de citation.

À l’épreuve des faits les nigériennes et les nigériens se rendent à l’évidence que comme à ses habitudes, Isssoufou Mahamadou est entrain de renier sa promesse en convoquant le collège électoral sur la base d’un fichier électoral qui n’existe pas encore.

Comment après une telle invite solennelle du Président de la République aux institutions à prendre leurs responsabilités, le bureau de la CENI, conformément à son serment va-t-il accepter un fichier tronqué, inachevé, non consensuel ?

Faut-il souligner que le Niger est le seul pays de la sous-région à ne pas disposer d’un fichier électoral biométrique. En outre malgré la non réalisation de ce type de fichier, le gouvernement n’a jamais procédé à la révision annuelle du fichier électoral et ce, malgré les stipulations du code électoral. A l’évidence, le Niger est le seul pays de la sous-région dont le fichier électoral n’a pas fait l’objet d’un audit intégral et indépendant en conformité avec les standards internationaux.

Nigériennes et Nigériens.

Aujourd’hui, même les plus sceptiques ont fini par se convaincre des intentions malsaines de Issoufou Mahamadou. Les coups d’État fictifs et les différentes affaires montées de toutes pièces contre les opposants politiques révèlent aujourd’hui la face cachée de l’iceberg.

Les nigériens sont convaincus que les dissidences créées dans les partis politiques dont le point d’orgue est la confiscation du CDS-RAHAMA du président MAHAMANE OUSMANE au profit des dissidents à la solde de Issoufou Mahamadou est bien l’œuvre du pouvoir en place, comme en témoigne les propos de Bazoum Mohamed dans une interview accordée à Jeune Afrique.

De même, cette affaire montée contre HAMA AMADOU, a fini par convaincre l’opinion nationale et internationale, qu’il ne s’agit uniquement que des prétextes pour créer les conditions d’un passage en force en 2016.

Le président HAMA AMADOU ainsi que le président régional du FPR de Niamey, Soumana Sanda et tous les camarades de l’Opposition détenus arbitrairement par Issoufou Mahamadou ne sont que des prisonniers politiques.

C’est pourquoi le FPR exige la libération immédiate et sans condition des candidats Hama AMADOU, et Soumana SANDA ainsi que tous les détenus politiques dans les geôles de Issoufou Mahamadou à travers le pays.

Le FPR apporte son soutien total au camarade Mahamane Ousmane et ses militants devant cette épreuve inique et injuste que lui impose Issoufou Mahamadou.

Nigériennes, Nigériens,

Pour la sauvegarde des intérêts de notre pays, pour la préservation de la paix au service du développement, pour endiguer le destin tragique vers lequel nous entraîne inexorablement Mahamadou Issoufou, nous devons tous exiger de lui:

  1. Un fichier électoral transparent et crédible après un audit international notamment par l’OIF, institution internationale crédible à laquelle plusieurs États membres ont fait recours pour la certification de leur fichier ;
  2. Des élections inclusives c’est-à-dire un fichier ou tous les citoyens exerceront leur droit de vote conformément à la loi et où tout candidat remplissant les conditions a le droit de se présenter sans entrave aucune ;
  3. L’exercice des droits et libertés individuels et collectifs reconnus par notre loi fondamentale ;
  4. Une justice indépendante ;
  5. Une Cour Constitutionnelle sincère, équitable, impartiale, neutre et indépendante.

C’est pourquoi, le FPR appelle d’ores et déjà ses militantes et militants, sympathisantes et sympathisants et tous les Nigériens épris de paix et de progrès à se préparer très prochainement pour une marche pacifique, afin d’exiger du CFEB et de la CENI un fichier fiable et consensuel, en vue de l’organisation d’élections apaisées, inclusives, transparentes, crédibles et équitables.

VIVE LE FPR,
VIVE LA DÉMOCRATIE,
QU’ALLAH SAUVE ET BENISSE LE NIGER ET SON PEUPLE, Je vous remercie.

Front Patriotique et Républicain (FPR)