Le vice plus valorisé que la vertu…

Au Niger mon beau pays nous avons une tradition politique et comme toute tradition les choses se transmettent de génération en génération. Pour facilement « évoluer et prospérer » il faut abdiquer, se taire et oublier la notion du pays et de ses intérêts. C’est la triste attitude de « mange et tais toi » qui consiste à composer avec les opportunistes de tous les bords pour se sucrer. Pour s’en convaincre, il suffit de suivre attentivement les actes que certains de nos concitoyens posent dans ce pays. Ils se pavanent, nous les connaissons, nous les écoutons et nous les regardons.

Ils se considèrent comme l’alpha et l’oméga de la gouvernance dans notre pays. Ils donnent l’apparence dans leurs discours d’être de bonne foi, humanistes et engagés, mais en réalité ils veulent nous endormir pour défendre et sauvegarder leurs intérêts familiaux et claniques. L’étendue de leur vrai mérite et leur vraie légitimité est très étroite et très superficielle. Toutefois, ils sont sans retenue et sans scrupule.  Ils ont occupé l’espace et ils sont dans toutes les combines. Ils ne craignent rien ni personne à cause de leur protection politique et se disent aussi qu’avec le temps toute tempête peut se dissiper.

Au Niger, ces usurpateurs sont à l’aise, ils utilisent les biens mal acquis pour se faire élire ou nommer. C’est ainsi, que nos institutions républicaines et autres services sont de nos jours truffés de gens que nous connaissons et qui n’ont aucun sentiment patriotique. Ce ne sont que des perfides et des kleptocrates que les Nigériens découvrent chaque jour que Dieu fait. Il nous suffit de jeter un coup d’œil dans la composition de nos différentes institutions, nous nous rendons compte que beaucoup de gens s’en servent comme refuge. Il est évident qu’ils veulent se mettre à l’abri des poursuites judiciaires. Qu’ils sachent que tout celui qui sous-estime son peuple et le trompe, ne fait que différer l’inévitable. Tôt ou tard l’Histoire va le rattraper.

Notre plus grande inquiétude c’est les mauvais exemples que ces gens donnent à la jeunesse, la manière dont ils l’utilisent et les mauvais comportements que cette jeunesse a calqué sur eux. Ne l’oublions pas et pour ceux qui ne le savent pas, retenez le bien, par son importance et son dynamisme,  la jeunesse est indéniablement le fer de lance du développement économique et social de toute société. Malheureusement, par la faute de ces malfrats une partie circonscrite de la jeunesse nigérienne a tendance à ne croire à aucun idéal.

Le phénomène le plus loufoque, c’est celui des « jeunes » que certains considèrent comme représentants de la jeunesse dans l’arène politique nigérienne. Il n’en est rien, ce n’est que de la diversion et de la supercherie. Au vu de leur parcours et de leur cheminement, ils ne sont que des imposteurs pistonnés par leurs protecteurs et complices. Ils sont très loin d’être des personnes exemplaires incarnant des valeurs et porteuses de solutions pour l’avenir du Niger et de sa jeunesse. Les jeunes illusionnés qui se croient représentés dans la politique à travers eux se trompent dangereusement. Qu’ils sachent que leur salut réside dans leur démarcation nette et immédiate de leurs fausses idoles. Elles ne peuvent que les induire en  erreur et les dévier de leurs vrais objectifs.

C’est très intéressant et instructif de causer avec nos jeunes concitoyens. Pendant que certains ont pris conscience de leur vraie situation et sont engagés à combattre les individus qui spolient et retardent notre pays, d’autres sont dans une logique de soumission et de rêverie. Ils sont là à faire l’apologie des politiciens véreux et à défendre leurs forfaitures. Ils sont instrumentalisés et se comportent en nervis ou en robots de ces détestables sangsues qui utilisent leur désespoir pour leur miroiter la réussite et l’ascension.  Ces jeunes naïfs les considèrent comme des bienfaiteurs qui sont malins parce qu’ils sont toujours au centre des affaires. Ils pensent que les autres se retrouvent à la périphérie parce qu’ils sont idéalistes et dupes. Comme quoi dans notre pays, la République a ses chouchous et ses mal-aimés.

            Sur les réseaux sociaux ce que font certains jeunes de toutes tendances politiques confondues est honteux et inquiétant. Ces jeunes sont toujours en campagne politique, ils sont politiquement incorrects et intolérants. Il leur a été plusieurs fois rappelé que la campagne est finie, tous les Nigériens doivent maintenant regarder dans la même direction, celle d’œuvrer pour le progrès et le rayonnement de notre patrie. Hélas, ils refusent de comprendre ou d’admettre que  » la patrie passe avant le parti ». Ils sont incapables d’écrire un simple petit paragraphe cohérent, mais ils excellent dans les slogans insensés et les caricatures nauséabondes. Leur dada c’est toujours les apologies et les démentis mensongers et contreproductifs des mauvaises pratiques de leurs mentors. Leur carence analytique est révélatrice du niveau de formation politique et idéologique de leurs maîtres.

Nous rappelons à ces jeunes égarés qui sont minoritaires et qui font plus de bruit et d’agitation, que si dans ce pays des jeunes ne se sont pas dignement, courageusement et ambitieusement sacrifiés un matin du 09 février 90, eux et leurs patrons n’auront pas eu l’occasion de fanfaronner aujourd’hui. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, surtout qu’ils sont encore jeunes, ils peuvent se racheter et œuvrer pour la vraie cause, celle de lutter aux côtés des honnêtes citoyens pour défendre les intérêts de notre pays.

Dans le combat patriotique il n’y’a pas de retraite. Nous sommes les ainés et les parents de cette majorité écrasante de jeunes qui gardent leur lucidité et leur dignité. Ils nous écoutent et nous respectent. Nous avons le devoir d’échanger avec eux, partager nos expériences, les conseiller et les former, et cela de manière régulière et dynamique. Nous devons faire le combat ensemble. Il y va de la sûreté du Niger et de son assurance  pour éviter que demain l’avenir des enfants nigériens ne soit mis entre des mains incertaines. Comme l’a si bien dit Koffi ANNAN ancien SG de l’ONU : « Les jeunes ne sont pas seulement les leaders de demain, ils sont également les partenaires d’aujourd’hui » et « une société qui se coupe de sa jeunesse se coupe de sa source de vie et se condamne à mort ».

Quant aux jeunes, ils sont dans l’obligation de mener la lutte. Ils doivent être sérieux et courageux. Ils ont intérêt à se réveiller, se mobiliser et s’organiser pour ne pas se laisser intimider, mystifier et déborder par les ennemis de notre bien commun le Niger. Ils doivent se faire entendre et imposer l’éthique politique et la bonne gouvernance dans la gestion démocratique de la cité, c’est le seul gage de leur avenir radieux. Comme l’a dit Frantz Fanon :  » chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir ».

Ne jetons pas l’éponge, cultivons la vertu et combattons le vice, que le bon Dieu vienne en aide au peuple nigérien. Amine.

Zakaria Abdourahaman