Cri du coeur: Bannir la platitude

Nous avons fait le choix de la démocratie pour amorcer le développement économique et social de notre pays. Par conséquent, notre démocratie doit être dynamisée par des idées nouvelles, pertinentes et progressistes. Dans les médias, au parlement ou autres forums, pour que les débats et les analyses soient suivis avec intérêt et que les citoyens soient édifiés, il faut de la substance, de la cohérence et de la quintessence dans les analyses. Malheureusement, plus nous avançons plus la carence analytique a tendance à gagner du terrain et à s’éterniser.

De manière générale, le superficiel et le superflu dans les propos et les écrits sont le menu quotidien que nous servent « intellectuels », « experts » et novices. D’ailleurs, à quelques rares exceptions près, assez souvent ce sont les mêmes acteurs qui sautent d’un média ou d’un forum à un autre pour divaguer ou pour déverser leur bile en bafouillant et en radotant. Certains sont évasifs et excessifs, d’autres sont des bons à tout, bons à rien.

La plupart se disent neutres ou se cachent derrière une certaine société civile. Les Nigériens dans notre grande majorité, nous n’avons rien contre la société civile qui est d’ailleurs un contre-pouvoir nécessaire et important dans une démocratie. Cependant, nous avons besoin d’une société civile objective, de qualité et de probité. C’est ça qui explique et justifie notre cri du coeur, ce n’est ni de l’intolérance ni du manichéisme. Comme le dit l’adage « qui aime bien, châtie bien « .

Rendons à « César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » et acceptons que parmi ces acteurs certains sont humbles, pertinents et intègres, mais c’est dommage qu’ils soient en nombre très limité. Par contre, les autres sont les plus bavards, prolixes et audacieux. Ils aiment bien pointer du doigt les acteurs politiques tout en étant eux-mêmes des politiciens camouflés ou masqués. Leur exercice le plus facile c’est de toujours vouer aux gémonies la gouvernance. Ils prétendent agir au nom du peuple nigérien, alors qu’ils sont loin de lui et de ses préoccupations et ne l’utilisent que pour leurs intérêts égoïstes. Critiquer la gouvernance est leur droit et ils doivent en jouir, mais il faut aussi faire de la faculté de proposition un devoir et c’est ça qui va plus asseoir leur crédibilité.

Avec tout le respect que nous leur devons, nous sommes au regret de constater qu’en les écoutant ou en les lisant attentivement, nous nous rendons compte qu’ils effleurent seulement les questions ou les sujets, s’ils ne sont pas totalement hors sujet. Le raisonnement est confus et sans fil conducteur. Les mêmes expressions galvaudées reviennent, les clichés et la redondance sont au rendez-vous. C’est à se demander s’ils ne nous prennent pas pour des écervelés et des gobe-mouches. Tout ce qui est sûr ce qu’ils dissimulent très mal leur inculture.

Le confusionnisme et le populisme ne peuvent mener nulle part. Nous avons besoin des apports intellectuels et citoyens concrets qui peuvent contribuer à la transformation de notre société pour son progrès permanent. Il est grand temps que nos « intellectuels  » et « nos experts » qui sont les plus verbeux changent , qu’ils évoluent et qu’ils servent à quelque chose, ne serait-ce que dans l’éducation civique qui doit toucher tout le monde et permettre à chacun de nous de jouer son rôle de citoyen. Le Niger en a vraiment besoin. Vivement pour une société civile conséquente au Niger!

 Abdourahaman Zakaria