Billet : Quid de la continuité de l’Etat ?

Il y a lieu de se demander si l’Etat ne jette pas souvent de l’argent par la fenêtre au fil de  l’avènement des régimes  et/ou  des ministres à la tête des départements. Chaque régime qui s’installe change des cadres de leurs postes au gré des obédiences politiques ou de l’humeur du ministre entrant sans tenir  compte de l’expérience acquise  des uns et des autres.

Un ancien ministre, très conscient de l’acuité de ce phénomène nous a confié de façon lapidaire que « chaque ministre ou cadre nommé va avec ses projets ». Pourtant il va sans dire que l’Etat c’est une continuité. Mais chez nous on assiste à la reprise systématique des choses ce qui retarde l’administration et par ricochet le pays.

A un atelier, un cadre d’un ministre a dit avoir vu défilé 11 ministres et il est le 7ème au niveau de ce démembrement stratégique du ministère qui a accusé un énorme retard à cause des changements inconséquents au niveau de sa direction. Cette pratique à un cout pour l’Etat. Les partenaires techniques et financiers jettent souvent l’éponge de sorte que le pays rate des projets entiers à cause de ces mauvaises pratiques.

On a vu l’ex président Barack Obama confier des responsabilités aux républicains même à des postes régaliens. On nous dira qu’Obama a le sens de l’empathie et un sens très élevé de l’Etat ce qui semble manqué à son successeur. On nous dira également que sous nos cieux le manque de civisme fait de nous plus des saboteurs (perpétuels) que des citoyens pour confier certaines tâches aux adversaires ou opposants politiques. Et même quand ça arrive sans l’aval du parti, le cadre consentant pourrait écoper de la foudre du directoire de sa formation politique y compris l’exclusion pure et simple.

Et paradoxalement, nos hommes politiques au pouvoir comme à l’opposition dénoncent l’exclusion une fois hors du contrôle du pouvoir mais la pratiquent une fois aux commandes. Selon certains témoignages, le changement de régime ou de ministre démotive une catégorique de cadres de sorte que tout se passe comme si ceux-là sont  à ne rien ou en complément d’effectif dans les démembrements de l’Etat.

Il se crée une crise de confiance et les adversaires (opposants) de fonctionnaires ne doivent pas accéder à certains dossiers. Tout est quasi confidentiel de sorte que certaines compétences sont mal utilisées ou délaissées. Il faut dire que cette crise de confiance s’explique souvent par le zèle de certains parvenus qui par manque de compétence, qui par déficit de leadership, qui par mauvaises attitudes ont tendance à instaurer une véritable chienlit dans l’administration. Et avec la corruption ambiante et le trafic d’influence, certains ont tendance à recourir à la discrimination pour assurer leurs arrières.

A l’épreuve des faits, ces recettes sont avérées inopérantes. Seule l’orthodoxie et la gouvernance par la loi protège. L’on a fini par découvrir les secrets des gestions les plus opaques tant  la concussion, le clientélisme et le PAC (parents, amis et connaissances) ont des limites objectives.

C’est pourquoi à notre humble avis, le secrétariat général du gouvernement doit continuer les séminaires gouvernementaux et aussi concevoir quelques modules aux promotions des administrateurs sans vocation. En d’autres termes, autant des ministres issus du gotha politique ont besoin du savoir-faire, du savoir-faire faire, du savoir être autant cela s’avère nécessaire pour les autres cadres de commandement pour une gouvernance de qualité tant prônée par les décideurs au sommet de l’Etat.

EMS