Sheikh Ali Ben Salah, Prédicateur et Ancien Ministre des Affaires Religieuse © NigerInter.com

Imam Ben Salah décrypte les phénomènes de la mendicité et la corruption

Imam Ben Salah Hamouda Ali est l’imam de la Mosquée Zoun’Nourayn à la Cité Chinoise. Ancien ministre des affaires religieuses et ancien Directeur du collège franco-arabe CEG5 de Niamey, Cheikh Ben Salah est également prédicateur. En cette seconde décade de Ramadan, il répond ici à nos questions sur le Ramadan, la mendicité et la corruption.

Niger Inter :         Nous sommes vers la fin de la 2ème décade du mois béni de Ramadan. Avez-vous des recettes pour les jeûneurs à cette étape ?

Imam Ben Salah Hamouda Ali : Au nom d’Allah, Clément Miséricordieux par essence et par excellence.

Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur les prophètes et messagers. S’il est vrai que le messager d’Allah(saw) a divisé le mois en trois décades, il est tout aussi vrai que tout le mois de Ramadane est une merveilleuse occasion pour faire le plein de bonnes œuvres, obtenir le pardon de ses péchés, s’élever vers le Très-Haut et bénéficier de l’agrément d’Allah. Le conseil que je pourrais bien donner à mes frères et sœurs en Islam pour cette deuxième décade c’est de les exhorter à déployer encore plus d’efforts pour faire mieux que dans la première décade tout en priant Allah que le meilleur nous soit réservé pour la fin.

Niger Inter : Quelles sont les meilleures œuvres à faire dans ce mois ?

 Imam Ben Salah Hamouda Ali : Toutes les bonnes œuvres sont les bienvenues pendant toute l’année et durant toute la vie et l’adoration vouée à Allah (swt) ne s’arrête qu’avec la mort et le compteur de bonnes œuvres du croyant continuera à tourner au-delà de la tombe. Il est à signaler cependant que les œuvres accomplies pendant le mois béni de Ramadane sont auréolées d’un cachet particulier : chaque œuvre surérogatoire se voit attribuer la récompense d’une œuvre obligatoire et chaque œuvre obligatoire voit sa récompense multipliée par 70.

Au nombre des œuvres à accomplir pendant ce mois figurent en bonne place la lecture du Coran, le zikr d’Allah, la prière du tarâwih,la quête de laylatoul Qadr par la retraite spirituelle, les aumônes, la prise en charge des nécessiteux, la Oumra…

Niger Inter : Le président de la République a initié depuis son accession au pouvoir des séances de rupture de jeûne avec des leaders politiques, religieux et certaines corporations du pays. D’aucuns voient en cela des dépenses inutiles qui grèvent le budget national. Quelle est votre opinion sur cette initiative présidentielle et comment l’améliorer selon vous ?

Imam Ben Salah Hamouda Ali : Le messager d’Allah (saw) a dit que quiconque fait rompre le jeune à son frère ou à sa sœur en islam ou l’aide en ce sens verra tous ses péchés effacés, se verra octroyer un ticket pour le paradis et autant de jours de jeune de Ramadane supplémentaires  que de personnes à qui il a contribué à faire rompre leur jeune. Les pauvres parmi les compagnons s’étaient plaints auprès du messager d’Allah (saw) car ils se voyaient privés d’une bien belle récompense. Le messager d’Allah, pour les rassurer, avait alors précisé que cette récompense est acquise à quiconque fait rompre le jeune à son frère ou à sa sœur, ne serait-ce qu’avec une gorgée d’eau, un morceau de dattes , une gorgée de lait.

Le messager d’Allah a également fait l’heureuse annonce suivante :

« Quiconque désaltère un jeuneur, Allah le fera boire de mon lac une boisson après laquelle il n’aura plus jamais soif jusqu’à accéder au paradis »

A côté de toutes ces belles récompenses, une rupture collective organisée au plus haut sommet de l’Etat autour du Président de la République contribuera sans nul doute à rapprocher les cœurs, à terrasser les murs et à construire des passerelles permettant de rendre le Président plus accessible au commun des citoyens.

Le messager d’Allah (saw) a également laissé entendre que :

«  Qui conque facilite la tâche à son domestique, à son subalterne, à celui qui est sous sa responsabilité par respect pour ce mois verra tous ses péchés effacés assortis d’une dispense de l’Enfer et d’un ticket pour le paradis »

Raison pour laquelle, dans la quête de l’agrément d’Allah, il serait également bon que pour les horaires de service, l’Etat prenne des dispositions pour alléger le volume horaire pendant ce mois béni et notamment pendant sa dernière décade.

J’aimerais porter à votre méditation cette citation attribuée au messager d’Allah (saw) qui mérite réflexion :

« Les meilleurs de vos dirigeants sont ceux que vous aimez et qui vous aiment, qui prient pour vous et dont vous priez pour eux. Les pires de vos dirigeants sont ceux que vous haïssez et qui vous haïssent, ceux que vous maudissez et qui vous maudissent ».

Niger Inter : Au Niger l’appel à la prière n’est pas réglementé. En tant qu’ancien ministre des affaires religieuses, trouvez-vous pertinent le fait d’harmoniser l’appel à la prière au Niger et comment ?

Imam Ben Salah Hamouda Ali : Les mosquées sont construites en Islam pour permettre au plus grand nombre de fidèles de se retrouver au même endroit et au même moment dans une communion des cœurs et des esprits en alignant dans un même rang le riche et le pauvre, le jeune et le vieux, le noble et le courtisan, tous égaux devant Allah, l’homme, selon le Coran, n’ayant de valeur que par lui-même.

Si au-delà d’une mosquée dans un quartier, on pouvait-et c’est possible – fixer une même heure de prière pour toutes les mosquées dans chaque région et ses alentours, les musulmans auraient vaincu les démons de la division, de la confusion et de la zizanie et auraient réussi cette unité tant enseignée et tant prônée  par l’islam dans une communauté d’origine et une communauté de destin.

Il est possible, en consultation avec les oulémas de toutes les régions du Niger et de façon strictement consensuelle, d’atteindre ce but sous la supervision du ministère chargé des affaires religieuses qui y réfléchit déjà sur le sujet.

Niger Inter : La mendicité est un phénomène social qui prend de l’ampleur dans nos sociétés. En tant que prédicateur pouvez-vous nous dire si cette pratique a un fondement islamique ?

Imam Ben Salah Hamouda Ali : Il a été, un jour, rapporté au messager d’Allah(SAW) le cas d’un homme jeunant le jour, veillant en prières nocturnes la nuit, consacrant entièrement sa vie à la pratique religieuse.

  • Qui donc s’occupe-t-il de ses besoins essentiels, avait-il demandé ?
  • Son frère, lui fut-il répondu.
  • Son frère est mieux que lui, trancha-t-il.

S’il en est ainsi pour celui qui consacre sa vie à Dieu, que dire alors de ceux-là qui en ont fait de la mendicité une profession ?

« Le pauvre, selon la définition donnée par le messager lui-même, n’est point celui qui tend sa main aux passants pour avoir une bouchée puis deux, une datte puis deux, mais celui qui n’a vraiment rien de quoi subsister, que les autres ne remarquent pas pour lui faire de l’aumône et qui tient lui-même à ne pas mendier ». Rapporté par Ahmad.

En Islam, il est interdit de tendre la main pour mendier quand on a à manger pour vingt-quatre heures ; quiconque le fait se réveillera  le jour de la Résurrection le visage sans chair.

Le messager d’Allah a également prévenu que La fontaine de toutes les miséricordes, le Seigneur de l’Univers, ne portera pas le regard sur ceux-là qui sont toujours à la charge des autres, vivant à leurs crochets, ne fournissant aucun effort pour profiter de cette subsistance offerte de droit par leur Créateur.

{Il n’est point de créature sur terre qui n’attende de Dieu sa pâture et dont Dieu ne connaisse le repaire et le lieu de sa mort, car tout est consigné dans un livre explicite} Chapitre 11, Houd, verset 6.

 Niger Inter : Comment justement selon vous éradiquer islamiquement la mendicité ?

Imam Ben Salah Hamouda Ali : L’Islam ne permet de tendre la main que dans trois cas :

   – un pauvre complètement démuni

   – un endetté insolvable

   – un homme engagé à s’acquitter de la ‘’la diyya’’ ou le prix du sang.

Pour toute autre situation, l’Islam, par la zakât, a créé un mécanisme de prise en charge. Pour que ce mécanisme soit opérationnel, certaines mesures s’imposent :

   – c’est à l’Etat de collecter la zakât

   – la zakât doit être répartie entre ceux qui en ont vraiment besoin, en premier lieu, entre les pauvres et les indigents, même si on doit tenir compte des six autres bénéficiaires de l’aumône légale tels que mentionnés au verset 60 du Chapitre9, at-Tawba

   – dans sa part de zakât, l’infirme, ou toute personne dans l’incapacité de travailler, (vieillard, aveugle, invalide etc…) a droit à de quoi subsister pour toute l’année. Cette part, pour des questions pratiques, peut être répartie en mensualités, comme c’est le cas pour les retraités et les pensionnaires

   – sans être dans le complet dénuement, les nécessiteux, commerçants soient-ils, agriculteurs ou ouvriers, ont leur part de zakât en vue de les aider à améliorer leur situation et à participer à la prospérité générale de la Communauté.

Les occasions, pour inciter et même parfois pour obliger le musulman à venir en aide à son prochain, sont nombreuses :

   – Un homme jure solennellement de faire telle chose, ou de ne pas le faire, puis change d’avis. Il est alors obligé de faire nourrir dix pauvres, pendant un jour, de ce qu’il mange lui-même en famille habituellement.

   – Dans l’incapacité d’accomplir le jeune du Ramadan, pour maladie ou pour vieillesse, le musulman est tenu, en compensation, de faire nourrir, pour chaque jour omis, un pauvre.

   – Un pèlerin manque à une obligation rituelle au cours de son hadj, il doit expier sa faute en immolant une bête dont la viande est exclusivement réservée aux pauvres.

   – Une aumône légale destinée aux nécessiteux  s’impose à la fin du jeune du mois béni de Ramadan.

   – Elle s’impose aussi, pour qui en a les moyens, à l’avènement de la fête du sacrifice consacrant la fin du Hadj par l’immolation d’une bête dont une partie de la viande est destinée aux pauvres.

   – Telle personne est incapable de subvenir à ses besoins ; l’Islam impose à son voisin fortuné de lui venir en aide, de même qu’il impose au fils d’entretenir son père, et à celui-ci de dépenser, si la situation l’exige, pour son fils.

En outre, l’Islam a institué le système des Waqfs qui concerne des biens et des revenus immobiliers affectés à telle descendance, à tel secteur social, à telle mosquée, à différents actes charitables…

Niger Inter : La corruption est un phénomène qui gangrène notre société. Les individus s’enrichissent au détriment du plus grand nombre grâce à la fraude ou autres trafics. Que propose l’islam pour stopper la corruption ?

Imam Ben Salah Hamouda Ali :  Amr ibn Al-Ass(RA) dit avoir entendu le messager d’Allah (SAW) dire que : « Toute société qui laisse prospérer l’usure parmi ses membres sera éprouvée par les sécheresses et les famines ; et toute société qui laisse s’installer la corruption parmi ses membres sera éprouvée par la peur et l’insécurité » (rapporté par Ahmad).

La rachwa ou corruption fait partie de disposer injustement des biens d’autrui. Elle est systématiquement interdite en islam sous toutes ses formes et peu importe le maquillage qu’on peut bien lui faire porter et le nom qu’on peut bien lui donner.

Quand elle s’installe dans une communauté, elle fait perdre à ses membres les notions de compétences, de mérite, d’équité, de justice, de responsabilité.  Elle fait la promotion de la suffisance dans la médiocrité et l’incompétence.

Comment ne pas être tenté de  citer à ce niveau William Shakespeare quand il écrit :

« Ah ! Si les empires, les grades, les places

Ne s’obtenaient pas par la corruption,

Si les honneurs purs n’étaient achetés qu’au prix du mérite ;

Que de gens qui sont  nus seraient couverts,

Que  de gens qui commandent seraient commandés ! »  Le Marchand de Venise (1596)

La corruption est une épidémie, et seuls sont épargnés ceux que Dieu a bien voulu couvrir de Sa miséricorde. Elle fait réussir les médiocres et échouer les meilleurs. Elle soutient le faux et le blâmable et détruit le vrai et le convenable. Elle se tait quand il faut défendre le droit et s’exprime pour promouvoir l’injustice et l’ignominie.

L’élève donne à son maître, le subalterne à son supérieur, l’employé à l’employeur, le corrupteur au corrompu…

Un coup de fil, une promesse obscure, une menace à peine voilée suffisent parfois pour semer la confusion et inverser les tendances en passant d’oppresseur à oppressé, d’agresseur à victime, de dernier à premier, de loup à agneau…

Aucun pays au monde, même s’il abrite des hauts lieux de rencontres religieuses, ne peut aujourd’hui se targuer d’avoir complètement et systématiquement éradiqué ce fléau.

Convenez avec moi cependant, que quand des domaines aussi délicats, aussi stratégiques et vitaux que la santé et l’éducation ne sont pas épargnés, quand la justice est dans le rang, quand les corps habillés entrent dans la danse, bref, quand la corruption devient quasiment la règle, il est du devoir de chaque musulman et de chaque musulmane d’œuvrer pour faire bouger les choses vers un monde meilleur.

En réponse au fléau de la corruption, principal facteur du sous-développement, et de tout autre vice qui mine le monde d’aujourd’hui,  l’islam agit sur trois leviers essentiels : la prévention et l’éducation.

S’agissant de la prévention, s’il est bon de promouvoir et de renforcer la mise en place des mécanismes nécessaires pour prévenir, réprimer et éradiquer la corruption et ce, par le renforcement des lois en la matière, par le rehaussement du pouvoir d’achat des fonctionnaires  par exemples, l’islam préconise d’agir sur la graine avant de s’attaquer, si nécessaire,  à l’arbre.

Je peux paraitre un peu anachronique pour certains d’entre vous, je vous le concède, en islam, les bases d’une société saine commence par la famille. Cela passe par le choix d’un bon mari ou d’une bonne épouse c’est-à-dire d’un bon père et d’une bonne mère pour les futurs enfants. Le seul critère à  mettre en avant, en pareille circonstances, est celui de la religion.

L’Islam nous recommande, en approchant de nos épouses dans l’intimité de nos chambres à coucher ou ailleurs, de mentionner notre Seigneur en ces termes :

« Seigneur, éloigne Satan de nous, et éloigne Satan de ce que Tu voudras bien nous accorder ! »

Si un enfant devrait par la grâce de Dieu naître de cette relation, eh bien, Satan ne pourra pas l’approcher depuis le premier cri que lui donnera la vie jusqu’au dernier râle que lui arrachera la mort.

L’Islam nous recommande également de faire, à la naissance, l’appel à la prière dans l’oreille droite du bébé, et la iqâma, dans l’oreille gauche tout en lui choisissant un bon nom à son baptême.

Il nous arrive de nous plaindre de ne pas avoir d’emprise sur nos enfants qui échappent à notre contrôle et n’écoutent plus nos conseils. Une question mérite simplement d’être posée :

« Avons-nous agi ainsi hier pour nous plaindre autant aujourd’hui ? »

Et  à ce niveau de l’histoire, nous sommes généralement rattrapés par notre passé, et c’est tel que nous avons agi envers nos parents qu’on se comportera à notre égard.

En ce qui l’éducation, nous devrons entrainer nos enfants, dès le bas âge, sur les principes des valeurs morales en Islam afin de les imprimer de façon indélébile dans leur conscience.

Nous aimerions rapporter deux histoires qui illustrent si bien l’impact de l’éducation islamique sur la conduite exemplaire des plus jeunes.

La première est celle de l’imam Abdel kader  Al-jeylani qui, en quittant sa ville natale pour  Baghdad, sa mère le fit prêter serment de ne jamais mentir, et de toujours dire la vérité. Route faisant, ils seront attaqués par des coupeurs de route, chacun cachera ce qu’il a de plus précieux, mais le jeune Abdel Kader, fort de la promesse faite à sa mère, remettra les cinquante dinars en sa possession au premier bandit de passage qui s’empressera de les apporter à leur chef. Surpris, ce dernier demandera l’origine de ce pactole, et demandera à voir son véritable propriétaire.

– Pourquoi as-tu remis ton argent, alors que tu avais la possibilité de le dissimuler comme tous les autres ? Lui demanda –t-il.

– Ma mère m’a fait jurer de ne jamais mentir, et je n’aime pas trahir la promesse faite à ma maman.

– Quoi ! S’écria-t-il, moi je n’ai pas été à même d’obéir à mon Seigneur Qui m’a créé, et toi tu as été fidèle à la promesse faite à ta mère. Reprends ton argent. Je jure qu’à compter d’aujourd’hui, je ne vais plus m’adonner au brigandage.

Il cassa, séance tenante, solennellement sa lance. Ses compagnons en firent autant, rendirent les biens dérobés à leurs propriétaires et dirent à leur chef :

« Tu as été notre chef dans la désobéissance à Allah, tu seras à présent notre chef dans le retour à Allah ! »

La deuxième histoire est celle d’une jeune fille, à l’époque du Califat d’Oumar Ibnoul Hattâb,  à qui sa mère dira sous le couvert de la nuit :

« Il faut couper le lait ma fille, il va faire bientôt jour ».

– Maman, l’émir des croyants, Umar bin al-Hattab n’a –t-il pas interdit de le faire.

– Umar dort en ce moment, ma fille, et il ne pourrait te voir, ni t’entendre.

– Maman, si Umar dort, le Dieu de Umar ne dort pas. Si Umar ne me voit pas, le Dieu de Umar m’entend et me voit.

Umar ne dormait pas cette nuit- là, lui qui confie ne pas trouver le sommeil la nuit de peur que Dieu ne lui demande des comptes pour un berger qui aurait égaré ses moutons sur les bords du Tigre et de l’Euphrate en Irak pendant que lui Umar, émir des croyants, président de la république de l’Islam est en train de dormir à Médine.

Médine dort, Umar ne dort pas. Médine est rassasié, Umar a faim.

Umar qui faisait sa ronde nocturne habituelle a tout entendu. Il circonscrira la maison de nuit, et enverra demain demander la main de cette fille pour son fils Abdoullah .Cette fille sera la grand-mère de Umar Ibn Abdoul Aziz à qui il a été attribué, pour sa probité, son intégrité et sa loyauté le titre de cinquième calife de l’Islam.

Quant à la  répression, au chapitre 17 du Coran, verset 15, Allah le Très-Haut dit :

(Quiconque se guide ne le fait que pour lui-même, quiconque s’égare ne le fait qu’à son propre détriment, personne ne portera le fardeau d’autrui, et nous ne sommes pas à punir un peuple avant de leur avoir envoyé un messager).

Le Seigneur le Très-Haut dit avoir envoyé des messagers annonciateurs et avertisseurs afin que les hommes n’aient aucun argument à brandir le jour de la résurrection pour justifier leur égarement.

Quand la prévention et l’éducation ne marchent pas, quand le message ne passe pas, place est faite à la répression pour sévir dans le respect des textes et règlements en vigueur.

Le messager d’Allah(SAW) nous rappelle que chacun est berger, et chacun est responsable de sa bergerie.

Les musulmans ne doivent en aucun cas contribuer à la prolifération de la corruption, ni par leur participation active ou passive, ni par leur silence complice. « Le médisant et celui qui lui prête l’oreille sont associés dans le péché », a prévenu le messager d’Allah(SAW).

S’il y a des péchés, c’est parce qu’il y a des personnes qui acceptent de les commettre ; s’il y a  des gens qui donnent, c’est parce qu’il y a ceux qui acceptent de se laisser acheter ; s’il y a des corrupteurs, c’est parce qu’il y a des corrompus.

« Quiconque parmi vous voit un mounkar(un acte répréhensible), qu’il le rectifie par ses mains, s’il ne le peut pas, qu’il le fasse par la langue, s’il ne le peut pas, qu’il le réprouve dans son cœur , c’est le niveau le plus bas de la foi après lequel il n y a pas de l’équivalent d’un atome de foi dans le cœur »

« Le médisant et celui qui lui prête l’oreille sont associés dans le péché »

« Porte secours à ton frère, qu’il soit opprimé ou oppresseur »

Engageons-nous, passons à l’action.

Arrêtons, et arrêtons tout de suite en revenant repentants vers notre Seigneur.

Niger Inter : Notre pays est musulman à plus de 98%. Nous avons observé des discours à caractère ethno régionaliste via les réseaux sociaux et mêmes de la part de certains hommes politiques. Que dit l’islam à propos de ceux qui sèment la corruption et la division au sein de la communauté?

Imam Ben Salah Hamouda Ali : Le message Coranique et la tradition prophétique commandent aux musulmans et aux croyants de demeurer  et de rester  ‘’ frères’’  au-delà des chauvinismes nationaux, des barrières raciales, des clivages ethniques et de toute autre considération clanique, corporatiste ou partisane. {Les croyants ne sont que des frères} Chapitre 49, verset 10.

 La fraternité dans l’Islam et dans l’Imane implique un certain nombre de droits et de devoirs qu’il incombe à tous et à chacun d’observer.

Au nombre de ces obligations, il conviendrait de retenir, entre autres, ce qui suit :

  • Le respect de l’honneur et de la dignité de l’autre. {o vous qui avez cru, ne vous moquez pas les uns des autres, car parfois ceux qui sont tournés en dérision valent mieux que ceux qui les raillent. Que les femmes ne se moquent pas non plus les unes des autres, car, là encore les raillées sont parfois meilleures que leurs railleuses. Ne vous dénigrez pas et ne vous donnez pas de sobriquets injurieux. Quel vilain caractère que la perversion qui s’allie mal avec la foi ! Ceux qui ne se repentent pas sont les vrais injustes. } Chap.49, Alhujurate, verset 11.
  • L’obligation de garder une bonne opinion de l’autre qui nous renvoie à l’interdiction de l’espionnage dans la vie privée des autres, de la médisance, de la calomnie, des insultes et de tous les mots qui fâchent. Nous sommes malheureusement dans un monde et à une époque où la foi a quitté les cœurs pour s’accrocher aux lèvres et le messager d’Allah(SAW) fustigeait en son temps déjà pareil état de fait en ces termes :

« O ceux-là dont la foi est plantée  sur la langue et n’a pas germé  dans  les cœurs, ne médisez pas au sujet des musulmans, ne les espionnez pas ; quiconque fouille dans  la vie privée des autres, Allah (SWT) fouillera dans  la sienne au point de le traquer  jusque dans sa propre famille ». Abou Daoud

  • L’obligation de l’entraide et de la solidarité entre les musulmans dans l’amour et la crainte d’Allah. Le messager d’Allah(SAW) a comparé sa Oumma dans l’amour, la compassion et la solidarité entre ses membres à un seul corps où lorsqu’un doigt est malade, c’est tout le reste du corps qui compatit par la fièvre, la fatigue et le manque de sommeil.
  • L’obligation d’ordonner le convenable et d’interdire le blâmable en toute sincérité. {les croyants et les croyantes se soutiennent les uns les autres, ordonnent le convenable, interdisent le blâmable, accomplissent la salât, s’acquittent de la zakat et obéissent à Allah et à Son messager. Ceux qui agissent ainsi bénéficieront de la miséricorde d’Allah, Allah est Puissant et Sage.} Chapitre 9, verset 71. Le messager d’Allah(SAW) a dit : « Quiconque parmi vous voit un mounkar, qu’il le rectifie de ses mains, s’il ne peut pas, qu’il le fasse de sa langue, s’il ne le peut toujours pas, qu’il le réprouve dans son cœur. » les membres de la Oumma de Mouhammad(SAW) sont  comparables  aux passagers d’un seul et même bateau en pleine mer ; si dans ce bateau on offrait une petite parcelle à chacun comme lui revenant en propre et que quelqu’un dans ce bateau s’armait d’une hache pour opérer une fissure sur sa propriété, le choix pour tous les autres passagers, dont nous-mêmes, est clair : on le laisse faire, il va couler et nous aussi ; on l’en empêche, il sera sauvé et nous avec. Islam : une communauté de destin.
  • L’obligation d’aimer pour autrui ce qu’on aime pour soi-même. « Vous ne serez véritablement croyant que vous aimerez pour autrui ce que vous aimez pour vous-mêmes. »

 Le messager d’Allah (saw) a prévenu que la fitna dort, ne la réveillez pas car elle ne s’arrêtera  pas exclusivement  sur ceux qui l’ont provoquée :

« Quiconque porte les armes contre nous n’est pas des nôtres, quiconque triche n’est pas des nôtres. »

S’attaquer à ses frères en Islam par le verbe ou par les bombes doit être banni.

Dans l’introduction de son livre ‘’Les dégâts des mots ‘’, tiré de son Ihyâou ouloûmid dîne, l’Imâm Ghazâlî a écrit que :

« S’il y a un organe chez l’homme qui présente une énorme disproportion entre sa force et la portée de ses actions c’est la langue.

S’il y a quelque chose que l’homme peut faire avec un minimum d’efforts et qui peut lui procurer un bien incommensurable ou un mal incommensurable c’est de parler. »

Avant de parler, nous contrôlons ce que nous disons, après avoir parlé, c’est ce que nous avons dit qui nous contrôle. Un dicton bien de chez nous dit que : « Ta langue peut couper ton cou ».

L’Islam nous commande de rester dans la Communauté car la main d’Allah est sur la Communauté, quiconque s’en écarte, s’écartera dans le feu.

Niger Inter : Pendant ce mois de Ramadan il y a eu rupture des relations diplomatiques entre le royaume d’Arabie Saoudite et le Qatar. Quelle est votre lecture de cette actualité qui concerne le monde musulman ?

Cheick Ben Ali
© NigerInter.com

Imam Ben Salah Hamouda Ali : L’Islam, à la lumière du Coran et de la Sounna nous commande  L’obligation de la conciliation et de la réconciliation entre les musulmans quand des mésententes, des désaccords, des conflits,  voire des guerres surviennent entre les individus, les communautés  ou les nations.

 {Lorsque deux groupes de croyants en viennent aux mains, réconciliez-les ! Mais si l’un d’eux se montre intransigeant, combattez alors l’agresseur jusqu’à ce qu’il s’incline devant l’ordre d’Allah. S’il s’y conforme, réconciliez-les avec justice et impartialité, car Allah aime les gens équitables. Les croyants ne sont-ils pas des frères ? Réconciliez- donc vos frères et craignez Allah afin de mériter Sa miséricorde.} Chap. 49, Al-hujurate, versets 9 et 10.

Le Coran est venu régler un conflit centenaire entre les Aws et les Hazradj, deux tribus arabes de Médine,  aux premières heures de l’Hégire  et annonce au messager d’Allah(saw) qu’il n’aurait pas été à même de le faire même s’il déboursait tout l’or de ce monde. Nous avons aujourd’hui le Coran mais les batailles les plus sanglantes ont pour champ d’opérations les régions du globe les plus fortement islamisées.

Prions Allah (swt), en ce mois de pardon et de miséricorde, dans Sa bonté infinie, de permettre à tous ces pays, et ils sont nombreux, qui ont rompu leurs relations avec le Qatar de régler ce différend, au du moins cette incompréhension, autour d’une table,  par le verbe, la sagesse et la bonne exhortation.

Les musulmans doivent pouvoir régler par eux-mêmes leurs problèmes sans être contraints à un simulacre de solutions sous le coup de menaces, de résolutions et d’embargos de le Communauté internationale.

Islam est paix, Dieu Lui-même est Paix. Pourtant, quand on regarde la carte du monde, les guerres les plus sanglantes et les plus meurtrières ont pour champ d’opérations les pays et les régions les plus fortement islamisés. Quand allons-nous enfin cesser d’enseigner une chose et pratiquer une autre ?

Où est-il cet Islam que vous idéalisez ? Montrez-le sur la carte du monde !, avait interjeté Roger Garaudy en conclusion de son livre ‘’Grandeur et Décadence de L’Islam’’.

La réponse est simple, trancha-t-il : il n’est nulle part, sinon dans un livre et dans le cœur de millions d’hommes et de femmes. Tout comme le Christianisme, lui non plus, n’est incarné dans aucune société. Il ne vit que dans un livre et dans le cœur de millions d’hommes et de femmes.

Encore faut-il vouloir être l’un de ces cœurs pour devenir pierre vive dans la construction de notre commun avenir !

Que la paix, la grâce, les bénédictions et la miséricorde d’Allah soient sur le Niger, ses dirigeants et son peuple ; qu’elles se répandent sur toute la Oumma et sur l’humanité toute entière !

Bonne poursuite de Ramadâne !!!

Réalisée par Elh. Mahamadou Souleymane