Niger : Comment les manifestations contre la loi des finances tournent à l’insurrection !

Hier Dimanche 25 mars 2018, la société civile avait programmée sa manifestation dans ses rounds d’agitations bihebdomadaires contre la loi de finances 2018. Sauf que cette fois-ci, les OSC ont voulu innover en changeant de stratégie. La manifestation interdite par les autorités pour raison de sécurité devait se passer sous forme d’un sit-in à la place de la concertation de 16h à 23h59. Comment en est-on arrivé là ?

L’on se souvient que la dernière manifestation des OSC (Organisations de la société civile) était assortie d’un ultimatum à l’encontre des autorités : réviser votre loi ou dégager. C’était en substance le mot d’ordre lancé par Moussa Tchangari qui a lu cette déclaration devant les manifestants. Mais il faut le dire déjà à chaque round de ces manifestations et notamment l’avant dernière, certains étaient pressés de marcher sur la présidence. D’ailleurs un audio whatsAAp avait fait le buzz où ces militants apparemment très pressés à descendre sur la présidence de la République avaient dénoncé la trahison de leurs leaders qui n’ont pas autorisé cette malveillante projection.

C’est ainsi que la demande de la dernière manifestation  a été interdite par les autorités compétentes au regard du changement de stratégie de lutte en arguant qu’il y a problème de sécurité. A ce refus d’autorisation de la délégation spéciale de Niamey, les OSC insurgés contre la loi de finances avaient maintenu leur manifestation.

Chose curieuse, les OSC n’avaient même daigné faire appel en référé contre la décision du maire central. Et face à l’appel des leaders de la société civile de maintenir coute que coute leur manifestation, le gouverneur de Niamey avait dans un point de presse réitéré cette interdiction en déclarant que les contrevenants subiront les conséquences de la loi. Pour le gouverneur de Niamey, ‘’aucune police au monde ne saurait ‘’ encadrer une manifestation la nuit. Et selon lui avec l’insécurité ambiante, il serait hasardeux d’autoriser cette manifestation. Malgré tout, les acteurs de la société via médias et réseaux sociaux ont décidé de braver l’autorité de l’Etat.

Réaction des autorités…

A l’évidence, lorsque les autorités en charge de l’administration de la ville de Niamey ont constaté que les OSC n’entendent pas se plier à leur injonction, elles ont mis en branle la police pour restaurer l’autorité de l’Etat. Déjà vers 10h  hier, Moussa Tchangari, Secrétaire général d’Alternative espace citoyen a été arrêté par la police puis dans l’après-midi Ali Idrissa, Me Lirwanna Abdourahamane et Nouhou Arzika. Un leader du parti Lumana Fa, suppléant du député Soumana Sanda a été également arrêté avec des manifestants. La télévision Labari TV a été fermée jusqu’à nouvel ordre pour avoir diffusé l’arrestation de son Directeur général et des propos de Me Lirwana appelant en direct à la sédition. Dans la vidéo que nous avons visionnée, Me Lirwana Abdourahamane appelait les citoyens à révolte et à organiser des actions dans les quartiers, des propos indignes d’un juriste de sa trempe. Dans l’après-midi d’hier, il y a des échauffourées entre manifestants et éléments de la police et de la garde républicaine. Il y a eu des pneus brûlés et des pierres barricadant ainsi certaines rues de la capitale. Comme mode opératoire, des individus à moto font irruption avec des pneus et mettent du feu et s’éclipsent en un laps de temps. Les forces de défense et de sécurité ont pu rétablir l’ordre en temps réel. Il faut dire qu’au regard de la mobilisation habituelle des journées d’actions citoyennes, hier la mayonnaise n’a pas pris car  la mobilisation était faible. Est-ce parce que l’opposition politique FRDDR avait fait profil bas en restant neutre par rapport au mot d’ordre des OSC ? Mais une chose est sûre, le mode opératoire dans l’agitation d’hier est le même que celui de la manifestation anti Charlie à Niamey. Il faut déplorer la posture anti républicaine des leaders de la société civile incarcérée qui n’avaient pas ne serait-ce que par précaution fait appel au tribunal sur l’interdiction comme l’ont fait leurs camarades de Zinder qui auraient même eu gain de cause, apprend-on.

Des actes condamnables à tout point de vue…

Tout citoyen conscient du fait que le Niger revient de loin, est sidéré de voir quelques-uns en train de détruire les biens publics. Et lorsque cela relève de la responsabilité de la société civile, il faut déplorer cette aberration. Une société civile a vocation à faire de l’agitation proactive et non pas destructive. Les observateurs ne sont pas surpris de la posture populiste de ces acteurs de la société civile qui à travers les médias se croient en mission de régenter les autorités en place. Les analystes qui suivent l’évolution du mouvement social contre la loi des finances 2018 ne sont en effet guère surpris de la posture insurrectionnelle d’hier. Et selon, certaines indiscrétions, la stratégie des OSC en projetant le sit-in de 16h à 21 h 59 vise à rassembler du monde comme d’habitude et dans la même nuit appeler à descendre sur la présidence de la République. Dans ce sens, les leaders des OSC en cause sont cohérents à leur mot d’ordre de faire ‘’dégager’’ le pouvoir en place. Dans cette posture, ils auront réalisé le printemps nigérien à l’image du printemps arabe ou balai citoyen au Burkina Faso. Il faut dans ce sens déplorer l’attitude pyromanes de certains intellectuels via leur tour d’ivoire que sont les réseaux sociaux. Incapables d’être proactifs pour accompagner notre processus démocratique, ils se mettent dans une posture subversive. Ils sont devenus l’arôme spirituel de la subversion. La sorcellerie c’est aussi leur posture de se mettre dans leur zone de confort en bravant l’autorité de l’Etat en comptant sur des moutons de panurge. Ces manipulateurs narcissiques se sont terrés hier  après avoir réunis tous les éléments de l’incendie. Au réveil, ils voudraient apprendre que tout est bras dessus, bras dessous. Mais Dieu veille sur le Niger. Les  »réveilleurs de la fitnah » doivent savoir que le vivre ensemble a horreur de l’anarchie. Il y a un temps pour la récréation, il y a aussi un temps pour le travail.  »La critique est aisée, mais l’art  l’art est difficile », dit-on. Ces acteur de la société civile ou politiciens, n’ont-ils pas honte de détruire les biens publics? En quoi leur acte est modèle en optant pour la destruction? Dans ce pays où tout est prioritaire, on a mieux à faire que de détruire. Ceux qui rêvent que l’histoire se répète de la même façon peuvent se complaire dans cette posture, mais ils doivent souffrir que d’autres trajectoires sont possibles.

Tiemago Bizo