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Billet : Boycott des cours ou effet de mode ?

Le gouvernement a décidé ce jour 18 avril de fermer le campus universitaire de Niamey et les cités annexes. Ce, pour mettre un terme à la situation tensionnelle qui prévaut au campus depuis plusieurs semaines hypothéquant l’ordre public et le bon déroulement des activités académiques et pédagogiques. Les facultés et le restaurant universitaire ne sont pas concernés par cette décision de même que le transport des étudiants.

Les étudiants de l’université Abdou Moumouni prennent-ils exemple sur leurs camarades de certaines universités françaises qui ont décidé de bloquer systématiquement les activités académiques et s’en prendre violement aux présidents des universités, aux enseignants et aux personnels administratif et technique ? Espérons simplement que ce qui se passe dans notre principale université n’est pas du tout un effet de mode.

Même si ce n’est pas le cas, le mode opératoire de nos étudiants ne se distingue pas notablement de celui de leurs camarades français : érection des barricades pour obstruer la circulation, actes de vandalisme, suspension des activités académiques et pédagogiques, tension avec les dirigeants de l’université etc.

La reconduction systématique des mots d’ordre de suspension des cours et examens n’est pas une méthode de lutte qui préserve les intérêts matériels et moraux des étudiants. On pensait cette méthode surannée depuis le Conseil Général de l’Union des Scolaires Nigériens (USN) tenu en 1992 sur les installations du camping touristique de Namaro où l’option de la Centrale scolaire a été sans équivoque : lier le syndical à l’académique. Comme pour dire que c’est lorsqu’on est étudiant qu’on peut faire du syndicalisme. Ce qui pose la primauté de l’académique sur le syndical. Or à l’allure où vont les choses, et au regard de la tension entretenue avec les enseignants chercheurs, l’année académique risque d’être blanche ou tout au moins très catastrophique.

Qui perd alors ? C’est d’abord et surtout les étudiants puis l’Etat qui consacre annuellement près de 20 milliards FCFA pour payer les bourses, l’aide sociale et accessoires alors que cette enveloppe était 3 à 4 fois moins que cela il y a 7-8 ans.

Dans un contexte démocratique, on peut bien revendiquer sans attenter à la liberté des autres, sans casser le moindre bien public ou privé et sans compromettre durablement les années académiques et donc l’avenir de ceux au nom desquels on prétend faire la lutte.

T.B