Entretien avec Dr Kabir Sani, président du CSC

 

« Pour réussir notre mission, nous entendons mettre en place un véritable cadre d’échange et de concertation entre tous les acteurs de l’information et de la communication », déclare Dr Kabir Sani Président du CSC

Dr Kabir Sani est juriste de formation.  Titulaire d’un doctorat en droit privé, d’un Master Recherche en droit des médias et communication, un Master Recherche droit privé comparé  et un Master professionnel droit des affaires, cet ancien journaliste à la Radio R&M et  enseignant chercheur vient de prendre les commandes du CSC. Déformation professionnelle ou volonté d’appliquer les textes, il pense qu’une application rigoureuse des textes du CSC pourrait faire bouger les lignes. Il prône également une approche dialogique entre acteurs pour relever les défis du secteur de la communication au Niger. Entretien.

Niger Inter : vous venez d’être élu président du Conseil Supérieur de la Communication (CSC). Qu’est qui vous tient à cœur pour votre mandat?

Dr Kabir Sani : nous plaçons ce mandat sous le signe de la formation d’abord. En effet nous avons constaté que les problèmes auxquels sont confrontés les journalistes sont indirectement liés à la méconnaissance des textes qui régissent la profession, notamment le traitement de l’information ou l’accès aux sources d’information, les immunités qui couvrent le journaliste etc. Nous entendons renforcer les capacités des professionnels des médias et également contribuer à mieux former ceux qui font du journalisme leur profession sans être suffisamment outillés. Nous plaçons le problème de la formation parmi nos priorités en ce sens que les hommes des médias ont une lourde responsabilité dans le processus démocratique. Ils peuvent contribuer à renforcer la paix et la cohésion sociale tout comme ils peuvent aggraver les conflits. Dans ce sens, nous entendons les sensibiliser sur les bonnes pratiques journalistiques en les aidant à internaliser les principes du journalisme sensible au conflit. C’est dire que nous entendons que les hommes des médias respectent scrupuleusement l’éthique et la déontologie de leur métier. A lire et regarder notre presse dans toute sa diversité, je constate qu’il y a des efforts à faire pour non seulement améliorer la forme et le contenu mais aussi et surtout le respect des normes. Pour réussir notre mission, nous entendons mettre en place un véritable cadre d’échange et de concertation entre tous les acteurs de l’information et de la communication. Car le dialogue sincère est nécessaire pour une presse responsable au service du progrès social.

Niger Inter : vous êtes juriste de formation. On dit que la régulation notamment celle des médias est une tâche difficile. Comment comptez-vous faire votre travail sans scrupule?

Dr Kabir Sani : justement la régulation des médias n’est pas facile, surtout dans un contexte social comme le  nôtre. Pour ce faire nous allons appliquer strictement les textes qui régissent les médias et leur régulation en particulier mais en faisant préalablement une vulgarisation desdits textes. Comme je le disais plus haut la méconnaissance des textes est un véritable handicap pour une presse responsable et utile à notre chère démocratie.

Niger Inter : La convention collective reste toujours comme un mirage. Peut-on espérer que les lignes bougent sous votre mandat?

Dr Kabir Sani : la convention collective doit être un objectif majeur vers lequel nous devons tous converger. Dans la mesure où cette convention permettra entre autre aux journalistes d’avoir un salaire décent et aussi d’avoir un plan de carrière au sein de l’entreprise de presse, tout comme le fait de bénéficier d’ une assurance maladie et d’une retraite. Je sais que ce point sera difficile à régler en ce qu’il n’est pas tout à fait en faveur des patrons de presse mais en instaurant un dialogue sincère, nous y arriverons. Certains pays voisins ont pu adopter cette convention collective et pourquoi pas nous ?

Niger Inter : quel défi pour la presse nigérienne entendez-vous immédiatement relever?

Dr Kabir Sani : C’est plutôt quels défis la presse nigérienne doit relever. Il s’agit entre autres du respect de l’éthique et de la déontologie d’une part et d’autre part enrichir le contenu des articles, afin d’améliorer la culture de la lecture des journaux, permettant à nos journaux d’être relayés par les médias internationaux pour la pertinence de leurs contenus car l’actualité au Niger est riche et abondante. Nous entendons contribuer dans ce sens à l’émergence d’une presse libre et responsable. La presse constitue un véritable indicateur de la bonne gouvernance en ce sens qu’elle contribue à la formation d’une véritable opinion publique tout un étant un lanceur d’alerte dans la conduite des affaires dans le pays. A mon humble avis, une presse de qualité est un élément essentiel pour notre processus démocratique c’est pourquoi il importe que tous les acteurs s’engagent pour un véritable sursaut national en inculquant aux citoyens la culture de la paix et bien d’autres valeurs pour booster notre développement socioéconomique. C’est du moins mon vœu le plus ardent pour la mission que mes collègues Conseillers viennent de me confier. Je ne doute pas qu’ensemble nous allons œuvrer à consolider les acquis et aussi initier d’autres projets pour une bonne régulation du secteur de la communication au Niger.

Propos recueillis par Elh. M. Souleymane