Affaire Asusu SA : Fin de partie pour Réki Djermakoye ?

L’affaire dite Asusu SA qui oppose cette société de microfinance et son ministère de tutelle en l’occurrence le ministère des Finances  vient de prendre une autre tournure avec la mise en place d’une administration provisoire en remplacement de la Direction générale assurée Mme Yacoubou Réki Djermakoye et le Conseil d’Administration présidé par M. Abdou  Maidagi. Hier, sur Facebook l’ex PDG a pris acte de cette décision en ces termes : « C’est avec un sentiment de devoir accompli que je m’incline personnellement au choix du tout puissant; choix qui certainement est le meilleur pour nous dans un contexte d’adversité jamais égalé ».

Dans le quotidien Le Matinal de ce lundi, l’on apprend : « La PDG a été éjectée après son refus catégorique exprimé sur les médias de démissionner de son poste à Asusu SA. Pour rappel, Asusu SA doit 10 milliards de francs CFA aux sociétés d’Etat et 2 milliards de francs CFA aux banques et qui, vraisemblement, ont pris une destination inconnue ». Dans ce sens, L’Enquêteur rapporte : « On parle de plus de 3 milliards FCFA pour la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), 1 milliard FCFA détenu par la Société du Patrimoine des Mines du Niger (SOPAMIN), 900 millions FCFA pour la Société Nigérienne des Produits Pétroliers (SONIDEP), 775 millions sur le compte  de l’Autorité de Régulation des Télécommunications de la Poste du Niger (ARTP) et également plusieurs centaines de millions pour la Loterie Nationale du Niger (LONANI) ». Et l’Enquêteur d’ajouter : « Entretemps elle (NDLR : Mme Yacoubou Réki) avait réussi à trouver un terrain d’entente notamment avec la SOPAMIN et la LONANI, sur la base d’un versement de 100 millions FCFA par mois au profit de chacune de ces sociétés étatiques. Sauf que la Directrice Générale d’Asusu SA se verra éjecter à moins de 24 heures de la signature de ce fameux protocole d’accord ».

Dans un point de presse vendredi dernier organisé par le ministère des Finances, le responsable de l’Autorité de Régulation de la Microfinance avait clairement mis en évidence la situation de faillite d’Asusu Sa, raison pour laquelle en application des dispositions pertinentes des textes en vigueur le ministère de tutelle a bien voulu redresser la situation pour protéger les biens publics et privés.

C’est ainsi que : « Selon des informations autorisées obtenues par Confidentiel Afrique, Réki Moussa a été remplacée par Bachir Amadou, un ancien fonctionnaire de la BCEAO de nationalité nigérienne. Bachir Amadou avait occupé plusieurs postes stratégiques (Directeur de la Monnaie au siège de la BCEAO à Dakar, Administrateur Provisoire de la BAGRI) avant de faire valoir ses droits à la retraite. Sa nomination à la tête de ASSUSU Niger, confirme une source à Confidentiel Afrique, intervient alors que Bachir Amadou officie comme Président du Conseil d’Administration d’ECOBANK Niger. L’homme, la soixantaine consumée, occupe désormais le fauteuil d’Administrateur Provisoire (AP) et devra prendre fonction sous huitaine, comme le disent les juristes. »

En réaction à cette décision, Mme Yacoubou Réki Djermakoye a posté ce message hier sur son profil Facebook : « Bonjour à toutes et à tous. Il vous souviendra, qu’il y a quelques jours nous confions le dossier de notre entreprise au plus juste, au plus puissant et au tout miséricordieux. Nous avons annoncé que son choix serait le nôtre quelles que soient les circonstances. Vous avez certainement suivi avec intérêt l’actualité sur la mise sous administration provisoire de ASUSU S.A par la tutelle, ce, malgré l’avis de la Commission Bancaire et la signature des PV de conciliation avec les différentes sociétés partenaires qui ont reçu l’instruction ferme de réclamer leur Dépôt A Terme (DAT) au même moment, alors que l’institution fait face à des difficultés liées surtout aux risques Pays. Un plan de redéploiement et de relance de l’activité a été approuvé par le Conseil d’Administration en sa session de janvier 2018 et transmis le 25 janvier 2018 au Ministère des finances et à l’Agence de Régulation. C’est avec un sentiment de devoir accompli que je m’incline personnellement au choix du tout puissant; choix qui certainement est le meilleur pour nous dans un contexte d’adversité jamais égalé. Nos valeurs et convictions personnelles, nous imposent en pareille circonstance et en ce mois béni le PARDON. Nous louons le très haut, le tout puissant pour cette situation qui est certes une épreuve aujourd’hui, mais sera sans doute, un bonheur demain. Que le plan du plus juste se poursuive et que sa VOLONTÉ soit! AMEN. »

Dans un long entretien qu’elle a accordé à Niger Inter en Mars dernier, Mme Yacoubou Réki Djermakoye nous a confié avoir envisagé son retrait de son poste de DG à l’amiable. Ses conditions étaient la latitude pour elle de désigner son remplaçant et il lui revient de droit d’occuper le poste de Président du Conseil d’administration (PCA), nous a-t-elle confié. Cette proposition a été refusée par le ministère de tutelle. Et l’affaire Asusu SA vient de connaitre une nouvelle tournure.

Les observateurs se demandent si la désormais Ex PDG d’Asusu SA ne fera pas face à la justice dans cet imbroglio où elle risque gros au regard de la somme en cause. Si d’aucuns voient une manœuvre pour débarquer cette dame, certains pensent que c’est une affaire qui implique des intérêts publics et privés. C’est pourquoi justement seule la justice pourrait laver ou inculper  Mme Yacoubou Réki Djermakoye. Vivement que justice soit faite !

EMS