Discours d’ouverture du président Mohamed Bazoum à l’université d’été des jeunes Tarayya

Camarades membres du CEN du PNDS,

Camarades membres du BEN- OJT,

Camarades participants,

Mesdames, Messieurs,

Permettez moi tout d’abord de me réjouir de la chance que nous nous sommes donnée de nous retrouver dans ce cadre studieux que sont ces 2 journées de l’université d’été de l’organisation de la jeunesse de notre parti. Ma joie est d’autant plus grande qu’il s’agit là d’un événement inédit pour notre parti. Aussi dois-je de rendre hommage au bureau de l’OJT qui, depuis sa mise en place, nous aura permis de réaliser bien des ambitions que nous nourrissions pour notre parti et son avenir.

Je voudrais donc, chers camarades, vous saluer et vous encourager à persévérer dans cette voie pour que rayonne davantage notre parti et que soient raffermies les bases de sa croissance.

Les discussions que nous aurons au cours de ces 2 journées de séminaire porteront sur des thèmes particulièrement bien choisis, consistant dans les défis structurels auxquels fait face notre pays. En effet, c’est un truisme, le problème numéro 1 de notre pays est celui de son système scolaire, qui lui-même ne saurait être bien appréhendé s’il n’était corrélé à l’évolution de la démographie et aux défis spécifiques qu’elle pose. Évidemment, la problématique de l’emploi des jeunes aussi est indissociable de la question de la qualité de notre système éducatif ainsi que de la croissance démographique. C’est dire, par conséquent, si ces 3 thèmes autour desquels s’organiseront nos débats sont intimement liés. Nous avons ainsi voulu les articuler entre eux dans leur fusion dialectique, de façon à voir leur interaction ainsi que les impératifs que cela impose dans la perspective du développement de notre pays.

Chers camarades,

si je dis que le problème le plus sérieux auquel fait face notre pays est celui de son système éducatif, c’est parce que nous avons conscience qu’une école mal en point  est un grand handicap pour l’avenir d’un pays. Or notre école se porte très mal. En effet l’évaluation du niveau des enseignants contractuels réalisée au cours de l’année 2017 par le ministère de l’enseignement primaire a mis en évidence une réalité terrible qui commandait objectivement que nous renvoyions plus des 80% des enseignants contractuels en activité. Nous n’avons pas fait cela, nous contentant d’exclure uniquement les 8000 agents dont les performances au test étaient inférieures à une note de 3/20, pour des raisons seulement de realpolitik. Mais à l’évidence, ce chantier ainsi entamé commande qu’il soit poursuivi dans le cadre de différentes mesures, d’ores et déjà identifiées par le ministre Daouda Marté.

Si l’état actuel de l’école est aussi peu reluisant, cela tient à des facteurs qui ont à voir avec l’histoire récente et qui méritent d’être relevés: en effet le choix fait, à partir des années 1990 par notre pays, de massification de la scolarité telle que prônée par le Programme décennal de développement de l’éducation ( PDDE ) ayant institué le système du volontariat a conduit au recrutement de nombreux jeunes maîtres dépourvus de la moindre petite qualification. Résultat: une chute tout aussi continue qu’abyssale du niveau des élèves. Comme pour que les choses empirent davantage, au moment où des cohortes importantes de ces élèves formés dans le cadre des mauvaises fabriques institués à la faveur de ce système passaient du primaire au secondaire, le gouvernement de l’époque n’avait rien trouvé de mieux que de fermer l’unique école normale supérieure où étaient formés les professeurs des CEG. Il avait fallu, vous vous souvenez, l’arrivée au pouvoir de notre parti en 2011 pour que celle-ci soit rouverte.

Ces facteurs et d’autres encore font qu’aujourd’hui nous avons un système éducatif totalement dégradé, tant dans ses moyens que dans ses résultats. Nous en voyons les effets dans le fait que rares sont les élèves qui savent lire au terme de leur cycle primaire et que le taux moyen de renvoi en classe de 6eme est de 45% dans certaines régions, que le taux de réussite des élèves est à peine supérieur à 30% au BEPC et moins de 30% pour le Bac. La série C a disparu dans tous les lycées hors de Niamey, plusieurs de nos collèges fonctionnent parfois toute une année sans professeurs de mathématiques et très souvent avec des professeurs insuffisants dans diverses disciplines. De nombreux  professeurs enseignent des disciplines dans lesquelles ils ne sont pas formés. Conséquence ultime de tout cela: un nombre d’étudiants dérisoire, comparé à celui des pays voisins, même ceux qui sont de loin moins peuplé que notre pays.

Chers camarades,

Redresser une telle école relève du plus difficile des défis, et ce d’autant plus qu’à cause d’un taux  de natalité échevelé propre à notre pays actuellement, ce sont chaque année de très grosses cohortes  d’enfants qui ont l’âge d’aller à l’école, lesquels ont besoin de classes et de maîtres toujours plus nombreux. L’amélioration du système scolaire, pour des raisons financières évidentes, ne saurait donc  être dissocié de l’impératif de l’avènement de mœurs nouvelles relativement aux questions de la santé de la reproduction et de la natalité.

Par ailleurs, une école si mal en point ne produit, à l’évidence pas, des ressources humaines en adéquation avec les exigences d’un marché de l’emploi requérant des qualifications d’un monde très marqué par les technologies modernes. D’où la pertinence du thème de la problématique de l’emploi des jeunes, en regard de la crise de notre système éducatif.

Aussi voudrais-je vous inviter à approfondir cette réflexion pendant ces deux jours que je souhaite les plus studieux.

  Merci de votre attention.