Dialogue politique : quel jeu joue l’Opposition FRDDR ?

L’opposition a sollicité un dialogue avec la majorité et les non affiliés. Elle l’a obtenu. Elle a soulevé des préoccupations liées à la CENI, au processus électoral, au CNDP et à l’accès aux médias publics. L’engagement a été pris de discuter de ces préoccupations de long en large. Elle a demandé qu’un cadre de suivi soit mis en place. Les participants à la première rencontre des leaders politiques ont accepté l’idée. Le Premier ministre, chef du gouvernement, président du CNDP l’a actée à travers un arrêté qui créé un cadre dénommé « Conférence des leaders ».

Oumarou Noma aurait-il perturbé la quiétude au FRDDR ? En début de semaine, la lettre d’Amadou Djibo dit Max, soi-disant président par intérim du FRDDR, a surpris plus d’un citoyen. A travers une lettre, Oumarou Noma, président par intérim de Lumana vient de contester d’ailleurs cette qualité à Max. Est-ce que justement la riposte de Noma qui aurait désarçonné Max et ses amis du FRDDR ? D’après notre factchecking, c’est un euphémisme que d’affirmer que la lettre du FRDDR met en évidence tout simplement sa mauvaise foi.

Il n’y aucun doute que le relevé des conclusions a été soumis à l’appréciation de toutes les parties prenantes qui n’ont trouvé rien à redire y compris Max lui-même. C’est justement après que toutes les parties aient pris connaissance de ce relevé des conclusions que le Premier ministre, président du CNDP a animé le point de presse pour informer l’opinion publique de la volonté de la classe politique nationale de tenir un dialogue politique. Cette information a été bien accueillie par les Nigériens. Les médias comme les réseaux ont donné un écho favorable à cette annonce de dialogue. C’est justement pour donner suite aux conclusions de la première rencontre que le PM a pris un arrêté qui définit ce cadre dialogique. Il faut rappeler que la majorité avait accepté les conditions posées par l’opposition en mettant en avant l’intérêt général. A la demande de l’Opposition de libérer les prisonniers politiques, le premier ministre, très étonné, a demandé à l’Opposition d’en dresser la liste, apprend-on.

Contre toute attente, Amadou Djibo dit Max, dans le rôle de chef de file de l’Opposition a écrit au Premier ministre demandant purement et simplement un décret présidentiel en lieu et place de l’arrêté du PM pour acter le dialogue politique. En substance, les Max demandent ‘’l’implication personnelle du président de la République’’.  Ce qui résonne comme un chantage qui ne dit pas son nom. Le CNDP est en soi un cadre informel qui se réunit chaque fois par une simple correspondance du PM envoyée à toutes les parties prenantes. Mais depuis qu’elle a opté pour la politique de la chaise vide systématique, l’Opposition FRDDR pense avoir enterré à jamais le CNDP. Cette posture constante du FRDRR n’étonne guère les analystes. Au moment où ailleurs les opposants se mouillent les boubous pour aller aux élections ou réclamer le départ du magistrat suprême en place, l’exception, c’est qu’au Niger l’Opposition boude le processus électoral en dépit de la volonté manifeste de la majorité au pouvoir de passer au peigne fin tout le processus électoral pour déboucher sur un consensus. L’opposition nigérienne s’arcboute apparemment sur un agenda caché pour saborder cet effort dialogique de la majorité tout bord confondu. A quoi rime cette posture contre-productive de l’Opposition nigérienne ? L’on a encore en mémoire sa posture antérieure qui a consisté à saborder la médiation de l’Organisation Internationale de la Francophonie en qualifiant le médiateur, Robert Dossou, de tous les noms d’oiseaux sauvages.

Chantage et mauvaise foi…

L’opposition a sollicité un dialogue avec la majorité et les non affiliés. Elle l’a obtenu. Elle a soulevé des préoccupations liées à la CENI, au processus électoral, au CNDP et à l’accès aux médias publics. L’engagement a été pris de discuter de ces préoccupations de long en large. Elle a demandé qu’un cadre de suivi soit mis en place. Les participants à la première rencontre des leaders politiques ont accepté l’idée. Le Premier ministre, chef du gouvernement, président du CNDP l’a actée à travers un arrêté qui créé un cadre dénommé « Conférence des leaders ». Outre les leaders politiques en raison de 30 pour les différents blocs politiques à savoir la majorité, l’opposition et les non affiliés, il est retenu d’adjoindre les chefs traditionnels, l’association islamique et l’archevêché de Niamey ainsi que la société civile, le système des Nations unies, l’Union européenne et NDI.

Pour rendre compte de cette première rencontre, un point de presse a été tenu au cours duquel le président du CNDP a fait la synthèse des travaux à la satisfaction des acteurs politiques présents. Tous avaient plaidé pour des échanges sincères et responsables dans l’intérêt exclusif du Niger. Un appel pressant a même été lancé aux médias pour accompagner ce dialogue.

Alors que le processus était bien enclenché, voilà que l’opposition, par la voix du coordonnateur du FRDDR agissant au nom du chef de file de ladite opposition, remet tout en cause à travers un courrier datant du 4 novembre en déniant au président du CNDP la qualité de prendre un acte pour consacrer le cadre de dialogue, en se lamentant que le relevé des conclusions et la dénomination du cadre n’ont pas été adoptés, et en demandant l’implication du président de la République à travers un décret.

Parlons du chef de file de l’opposition pour s’interroger sur l’identité de celui qui porte actuellement ce titre. Qui est le chef de file de l’opposition parce que celui qui assumait cette fonction, à savoir Hama Amadou, a même perdu le contrôle de son parti, en raison de sa condamnation à une peine de prison pour supposition d’enfants. Parlons de l’implication du chef de l’Etat pour reconnaitre que ce dernier est au-dessus de la mêlée politicienne, et qu’un cadre de concertation des acteurs politiques à savoir le CNDP a toujours existé sans que le chef de l’Etat n’y soit associé. Ce n’est pas du tout son rôle. Vouloir l’associer à cette démarche peut s’apparenter à une conspiration qui ne dit pas son nom. Du reste, le principe d’un arrêté du Premier ministre, président du CNDP, pour consacrer le comité ad hoc a été retenu par tous. Bizarrement, l’opposition fait volte-face, une semaine après, comme c’était le cas à l’occasion des travaux du comité technique sur le projet de code électoral.

Visiblement, l’opposition joue le dilatoire. Elle a pensé que la majorité n’allait pas accéder à ses revendications. Surprise par cet esprit d’ouverture, elle change de fusil d’épaule en tentant d’entrainer le gouvernement et la majorité sur un autre terrain sur fond de chantage et de mauvaise foi. La vérité c’est que l’opposition ne veut pas aller aux élections. Si elle le voulait comme elle le clamait faussement, elle aurait pu prendre ses sièges à la CENI. Elle aurait pu prendre toute sa place dans le processus électoral en cours. Elle aurait pu être là chaque fois que le CNDP se tient. Elle aurait pu saisir l’opportunité de ce dialogue pour redorer son blason, pour apparaitre comme une opposition républicaine et soucieuse des défis qui sont ceux de notre pays aujourd’hui.

La lettre d’Oumarou Noma sème la confusion au sein du FRDDR

Le moins qu’on puisse dire, l’Opposition FRDDR se trouve dans une confusion totale. Oumarou Noma, le président légal de Lumana a écrit au FRDDR pour contester la présidence du chef de file de l’Opposition  par intérim confiée à Amadou Djibo dit Max, apprend-on. Est-ce le contenu de cette lettre qui a amené le FRDDR via la lettre de  Max au Premier ministre, à recourir au chantage et à la mauvaise foi ? Une chose est sure tout le monde est surpris du contenu de cette lettre quand on sait tout le monde était d’accord avec le relevé des conclusions de la réunion du CNDP du 20 octobre. Les observateurs se demandent si l’Opposition est consciente de l’espoir suscité auprès des citoyens par l’annonce de l’amorce de ce dialogue que tout le monde attend apparemment de tous ses vœux ? La polémique suscitée par la lettre de Noma à Max est une affaire interne à l’opposition qui ne doit pas en principe entacher l’initiative du dialogue inclusif qui est d’un intérêt général certain. Quand on sait que l’ordre du jour et le format du dialogue sont essentiellement les propositions de l’opposition acceptées par la majorité au pouvoir, on ne peut que déduire que le chantage de l’Opposition traduit la mauvaise foi évidente de cette opposition dont la tenue des élections constitue apparemment le cadet de ses soucis. Ce qui conforte la thèse d’un agenda caché de l’opposition nigérienne. Le CNDP est en soi un cadre informel de dialogue, vouloir exiger un décret présidentiel relève simplement de ce cauchemar d’une conférence nationale que l’Opposition radicale a toujours rêvée. Qui va saborder le processus du dialogue en cours ? Wait and see.

Tiemogo Bizo