CHAPITRE V : Des questions économiques et financières

V.1 BILAN 2011 – 2015

V.1.1 Bilan économique

Le bilan macro-économique du programme de renaissance 2011-2015 est le suivant :
• Un taux de croissance économique moyen annuel sur les cinq ans de 5,84% (environ 6%) contre une prévision de 7%. Cet écart est dû principalement au déficit pluviométrique enregistré certaines années (3 ans sur 5), montrant ainsi la très grande sensibilité du PIB aux effets du changement climatique et la prédominance du secteur primaire (42,3%) dans sa constitution. D’autres facteurs tels que le choc sécuritaire, le glissement du calendrier de réalisation de certains investissements (le barrage de Kandadji, la centrale thermique de Salkadamna, la grande mine d’uranium d’Imouraren), la chute des prix de l’uranium et du pétrole, et, conséquemment, le déficit de la balance commerciale ont eu une incidence négative sur la croissance.
Par ailleurs, l’essentiel de la croissance a été consommé par une démographie qui croît de manière exponentielle, ce qui n’a pas permis de réaliser les objectifs de réduction de la pauvreté. En effet, alors que l’objectif visé était de réduire la proportion de nigériens vivant en dessous du seuil de pauvreté de 63% en 2011 à 31% en 2015, 45% de nigériens vivent encore en dessous de ce seuil à la fin de l’année 2015. Néanmoins, on note un renforcement de la classe moyenne. Mais l’indice de Gini reste encore élevé. Il est actuellement de 0,325 pour la consommation et de 0,608 pour le patrimoine ;
• Un taux d’inflation moyen de 1% contre une prévision de 3%. L’inflation a été maintenue à un niveau aussi bas grâce aux actions du Gouvernement qui ont permis de contenir les prix des céréales et à celles de la banque centrale qui a su mener une politique monétaire prudente ;
• Une politique budgétaire qui a privilégié la réalisation des infrastructures (routes, énergie, chemin de fer, infrastructures urbaines) et la satisfaction des besoins des couches sociales défavorisées (accès à l’eau et à l’assainissement, éducation, santé) ;
• Une distribution du crédit à l’économie qui privilégie les crédits à court et moyen terme aux dépens des crédits à long terme c’est-à-dire en faveur de la consommation (tournée malheureusement vers les biens et services extérieurs) plutôt que de l’investissement long. Cela se reflète d’ailleurs dans la répartition du crédit par secteur primaire, secondaire et tertiaire ;
• Des efforts importants d’amélioration du climat des affaires (voir promotion secteur privé) ;
• Des efforts de lutte contre la corruption qui ont permis à notre pays de passer du 134ème rang en 2011 au 103ème en 2014. Ce qui a permis de progresser dans la réalisation de l’objectif de rétablissement du monopole fiscal de l’Etat et dans l’amélioration de l’efficacité de la dépense publique ;
• Un taux de pression fiscale de 17,2% en 2015, contre 13,4% en 2011 ;
• Un taux d’endettement de 33,8% en 2015 par rapport au PIB, alors qu’il était de 19% en 2011, contre une limite autorisée par les institutions financières internationales de 70% ;
• Un déficit budgétaire, dons compris, de 7% du PIB contre une prévision de 3% ;
• Des avoirs extérieurs permettant de couvrir 4,7% mois d’importation contre 6 mois prévus ;
• Une balance commerciale qui reste structurellement déficitaire, malgré la mise en service de la raffinerie de Zinder, et donc la réduction des importations de pétrole. L’importation des produits alimentaires et autres biens de consommation contribuent beaucoup à ce déficit. La valeur de ces rubriques dans les importations varient, selon les années entre 34% et 41%, soit en valeur absolue entre, environ, 400 milliards et plus de 500 milliards de francs CFA par an ;
• Une épargne publique de 2,8% et un taux d’investissement de 11,5% du PIB respectivement ; alors que les critères de convergence de l’UEMOA fixaient un taux d’investissement sur les recettes fiscales de 20%, il a été réalisé en 2015 un taux de 66,9% ;
• Un déficit de la balance commerciale de -13,6% du PIB ;
• Un déficit de la balance de paiement de -20,4% du PIB.

V.1.2 Bilan des finances publiques

Le programme de renaissance a prévu de mobiliser 6.238,83 milliards de francs CFA dont 50% de ressources internes et 50% de ressources externes. Aux termes des cinq (5) ans de mise en œuvre, les ressources totales mobilisées se sont élevées à 7.659,18 milliards de francs CFA dont 4.201,68 milliards de ressources internes et 4.457,50 milliards de ressources externes. Les décaissements, selon les données du ministère en charge de l’économie et des finances, se sont établis à 4.201,68 milliards et 1.559,82 milliards respectivement, soit un total de 5.761,50 milliards de F CFA. Il en découle que les recettes internes ont représenté 72,93% et les recettes externes 27,03%.
Les ressources totales ayant servi au financement des actions réalisées dans le cadre dudit programme se sont élevées 5.819,31 de francs CFA, y compris celles ayant servi à financer les projets à gestion directe c’est-à-dire hors budget qui se chiffrent à 97,03 milliards.
En définitive, le taux d’exécution du programme de renaissance dont le coût a été estimé à 6 238,83 milliards est de 93,90%.

V.1.3 Intégration économique régionale

La politique étrangère et de la coopération du Niger est fortement sous-tendue par un engagement dans la politique d’intégration. Le Niger consacre d’ailleurs dans sa constitution cette volonté d’intégration, en réaffirmant son attachement à l’unité africaine et à la réalisation de l’intégration africaine. Et l’on peut inférer que l’engagement fort du Niger dans la politique de bon voisinage participe de ce souci constant de coopérer avec les autres pays de la sous-région et au-delà, pour promouvoir le développement économique et social.
Cependant, pour un pays comme le Niger, pays continental et en proie à divers handicaps d’ordre structurel, l’intégration la plus optimale est certainement celle développée par les peuples et les pays de son environnement immédiat.
Le Niger est aujourd’hui partie prenante à la plupart des institutions d’intégration de l’Afrique de l’ouest. Il est actif dans plusieurs autres dont le champ dépasse la sous-région et participe pleinement au processus décisionnel en leur sein. Le Président de la République est, en tandem avec le Président du Ghana, co-président de la ‘’Task Force’’ sur la monnaie unique de la CEDEAO. Il est également le Président du Comité de Haut Niveau sur la Sécurité Alimentaire de l’UEMOA et assure depuis plusieurs années la Présidence en exercice de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) et celle du Conseil de l’Entente.
Le Niger est d’ailleurs l’un des membres le plus assidus quant à l’application des critères de convergence communautaires au niveau de certaines de ces institutions et la revue des reformes politiques programmes et projets de la Commission de l’UEMOA tenue en 2014 en est une preuve éloquente. L’effort déployé par le Niger, pour créer les conditions de lancement de la boucle ferroviaire Cotonou-Niamey-Ouagadougou-Abidjan en témoigne.

V.2. PERSPECTIVES 2016-2021

V.2.1 Cadre macro-économique 2016 – 2021

La mise en œuvre du programme de renaissance entre 2011 et 2015, a permis de renforcer globalement la stabilité macroéconomique. Des acquis importants ont été enregistrés mais des insuffisances demeurent. Tirant des leçons de cette première période, le programme de renaissance II se fixe des orientations et des objectifs suivants sur la période 2016-2021 :
• La renaissance culturelle du pays, évoquée plus haut, servira de support aux réformes et au développement de l’économie ;
• La restructuration de l’économie visera non seulement la modernisation progressive du secteur primaire, mais aussi l’accroissement du poids des secteurs secondaire et tertiaire dans le PIB ;
• La pleine intégration du secteur agro-pastoral dans les chaines de valeur ;
• Le développement et le renforcement des systèmes financiers décentralisés dans le monde rural pour capter et canaliser les ressources financières oisives. Le taux de bancarisation sera porté de 3 à 5%, celui de l’épargne de 2,8 à 6,5% ;
• Une politique budgétaire qui doit continuer à refléter la priorité accordée à la satisfaction des besoins du peuple et qui doit viser la réduction de notre dépendance par rapport aux financements extérieurs. Plus précisément l’accent continuera à être mis sur la mobilisation des recettes internes et sur le soutien aux investissements publics structurants et aux secteurs sociaux. Le taux de pression fiscale sera porté de 17,2% du PIB actuellement, à 20% du PIB. Le déficit budgétaire sera contenu en deçà de 3% ;
• Une politique monétaire qui privilégie l’intégration au sein de la CEDEAO avec l’institution d’une monnaie unique pour les 15 pays membres à l’horizon 2020 avec l’adoption de critères de premier rang (solde budgétaire global sur le PIB supérieur à 3%, taux d’inflation inférieur à 3%, encours de la dette intérieure et extérieure sur PIB inférieure ou égale à 70%) et de second rang (masse salariale sur recettes fiscales inférieure ou égale à 35%, taux de pression fiscale supérieure ou égale à 20%) acceptés par tous. La politique monétaire doit être favorable aux investissements notamment dans le secteur des infrastructures, de l’initiative 3N et dans celui des industries de substitution aux importations. Au sein de l’UEMOA et plus tard au sein de la CEDEAO, nous veillerons à ce que les autorités monétaires adoptent des politiques de taux d’intérêt en conséquence et procurent à notre économie la quantité de monnaie nécessaire à la poursuite de la croissance économique tout en préservant la valeur au niveau interne pour contenir l’inflation et externe pour avoir une stabilité du taux de change ;
• Une politique de promotion du secteur privé à travers notamment la poursuite de l’amélioration du climat des affaires ;
• Un taux de croissance moyen annuel de 7% qui sera porté par : (i) le secteur agro-pastoral à travers l’accélération de la mise en œuvre de l’initiative 3N avec un accent particulier sur l’agro-industrie comme moyen de substitution aux importations des produits alimentaires, (ii) la poursuite des investissements publics dans les infrastructures (barrage de Kandadji, usine thermique au charbon de Salkadamna, boucle ferroviaire, routes, infrastructures urbaines, …), (iii) les secteurs sociaux (éducation, santé, accès à l’eau et à l’assainissement, logements sociaux …), (iv) l’investissement direct étranger notamment dans les domaines de la recherche et de l’exploitation minières et pétrolières, (v) l’accroissement des exportations, notamment celle du pétrole et de l’uranium, (vi) la relance de la consommation des couches sociales les plus défavorisées à travers le renforcement de la classe moyenne (la proportion de pauvres vivant en dessous du seuil de pauvreté devant être réduite de 45% en 2016 à 31% en 2021). Pour que cette croissance augmente, de manière substantielle, le revenu par habitant, des dispositions seront prises pour créer les conditions de transition démographique permettant d’optimiser le dividende démographique ;
• Un taux d’inflation annuel moyen de 3% afin de dissiper les incertitudes sur le futur des investissements privés et de préserver la solidité des systèmes financiers face aux chocs susceptibles d’ébranler la confiance des opérateurs ;
• Une réduction des arriérés de la dette intérieure. De manière générale, le taux d’endettement du pays sera maintenu en deçà de 70%.
C’est dire que les efforts d’assainissement du cadre macro-économique seront poursuivis.
Les politiques sectorielles, dans leur conception comme dans leur mise en œuvre, y contribueront naturellement. Ce sera le cas des infrastructures, de l’initiative 3N, des secteurs de l’éducation, de la santé, de l’accès à l’eau et à l’assainissement et de l’emploi.
V.2.2 Finances Publiques
Il s’agit de poursuivre les réformes de rationalisation des dépenses et les efforts de mobilisation des ressources internes, ou, en d’autres termes, améliorer l’efficacité de la dépense publique et rétablir le monopole fiscal de l’Etat.

V.2.2.1 Des ressources internes du budget

Soucieux de donner à l’Etat les moyens d’affirmer sa souveraineté nationale d’une part, mais aussi de promouvoir la solidarité et l’équité par la prise en charge des dépenses liées aux besoins en alimentation, en sécurité, en eau, en éducation et en santé et de stimuler la production, secteurs essentiels pour les populations d’autre part, le PNDS-Tarayya mènera une politique budgétaire fondée sur une mobilisation croissante des ressources internes. Pour cela, il se fixe pour objectif la mobilisation de cinq mille trois cent milliards de francs CFA sur la période 2016-2021.
Pour ce faire, il entend conduire une réforme fiscale soutenue par (i) la réorganisation des finances publiques, (ii) la lutte contre la corruption, la fraude douanière et l’évasion fiscale qui gangrènent encore la chaîne des recettes et des dépenses, (iii) l’instauration d’une fiscalité équitable, juste et solidaire par le partage des charges de l’impôt entre tous les agents économiques en fonction de leur capacité contributive et (iv) l’encouragement à la création de micros, petites et moyennes entreprises pour soutenir l’emploi et l’émergence d’une classe moyenne.
Les actions du Parti tiendront largement compte du programme de la transition fiscale de l’UEMOA tout en visant l’objectif principal d’assurer une mobilisation optimale des ressources fiscales afin de garantir le financement de son programme de développement. Ces actions consisteront principalement à :
• Veiller à la « justice fiscale »;
• Soutenir la croissance et le financement du développement ;
• Améliorer et rationaliser l’environnement fiscal et douanier ;
• Réformer profondément la fiscalité foncière ;
• Rendre l’agriculture fiscalement productive par une politique de création de valeur ajoutée et de revenus monétaires dans le secteur agro-sylvo-pastoral ;
• Moderniser les administrations fiscale et douanière, renforcer leurs capacités et développer la plus grande synergie entre elles.

V.2.2.2.. Des ressources extérieures

L’objectif est de mobiliser au moins deux milles sept cent (2.700) milliards de francs CFA.
Compte tenu de la grande fragilité du pays et de son engagement dans divers conflits qui lui sont imposés, le PNDS-Tarayya prendra toutes les dispositions pour mobiliser davantage les partenaires au développement. Il s’agira de consolider les rapports avec les partenaires traditionnels et négocier des programmes économiques plus souples en matière de mobilisation de financements et de forte croissance, durable et favorable au développement social.
En même temps le Parti étendra et intensifiera les relations de coopération avec les pays émergents et les pays du golfe arabique en vue de développer des programmes structurants d’infrastructures et d’exploitation des ressources naturelles. Dans le même esprit, le Parti entend participer à toutes les initiatives favorables à la mobilisation des financements innovants tels que la taxe sur les transactions financières internationales et le Fonds vert pour le climat.

V.2.2.3. Des dépenses publiques

Le PNDS-Tarayya maintiendra ses priorités en matière de dépenses publiques au profit des secteurs de développement que sont la sécurité, l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire, l’eau potable, l’énergie et les infrastructures et les régies financières. Aussi, ces secteurs se verront-ils affecter les allocations budgétaires suivantes :
• Sécurité : 10%
• Education : 25%
• Santé : 10%
• Développement rural, sécurité alimentaire I3N : 15%
• Hydraulique rurale et urbaine : 9%
• Energie et infrastructures : 10%
• Régies financières : 1%
• Autres secteurs : 20%
Cependant, il sera tenu compte dans ces allocations, sur la période 2016 2021, des Restes à Payer et autres arriérés de paiement dus aux fournisseurs, l’objectif étant de réaliser l’apurement total de la dette intérieure.
Pour tirer le maximum de gain de ces dotations budgétaires, l’efficacité de la dépense publique continuera à être au centre des préoccupations du Parti. Des économies budgétaires utiles seront recherchées. Le principe d’imputabilité, ainsi que les règles de gestion des finances publiques seront rigoureusement observés. Tous les textes y afférents seront réaménagés pour intégrer les modifications pertinentes et des dispositions adaptées seront prises pour éradiquer les abus et sanctionner toute irrégularité.
De plus, la qualité des prestations sera constamment recherchée et suivie afin que le rendement des ressources allouées soit démultiplié en vue d’accroître l’efficience des services sociaux ainsi que de l’Administration publique.

V.2.3 Intégration économique régionale

V.2.3.1 Une volonté politique forte en faveur de l’intégration régionale.

Malgré la forte implication du Niger dans l’UEMOA, le PNDS-Tarayya reste convaincu que la CEDEAO demeure le cadre de référence pour l’intégration économique et sociale des pays de l’Afrique de l’Ouest. Le Niger continuera donc à œuvrer pour le respect par tous de toutes les décisions de cette Organisation et à soutenir les initiatives visant à accélérer le processus d’intégration notamment la mise en place de la monnaie unique et de la politique monétaire de la communauté, la libre circulation des personnes et des biens, l’harmonisation des politiques sectorielles.

V.2.3.2 Quelques projets importants du Gouvernement en matière d’intégration.

Le Niger, à travers le Programme de Renaissance, s’est engagé dans des projets structurants dont l’impact a un effet multiplicateur aussi bien sur l’intégration régionale que sur le développement du pays (Ex ; la boucle ferroviaire Niamey-Cotonou et Niamey-Abidjan, pipeline Agadem_Kribi, Kandaji, Salkadamna,…). Dans la même veine, une attention particulière sera portée au désenclavement routier du pays, notamment les liaisons avec le Nigéria.
Par ailleurs, le Projet WAPP (West African Power Pool) qui vise à réaliser un réseau inter africain interconnecté permettra à terme de développer durablement l’indépendance énergétique au niveau sous régional. C’est dans ce cadre que le Niger mobilise les ressources nécessaires au renforcement de la capacité de la ligne de transport de Birni’ kebbi (Nigeria)-Malanvile (Bénin) et Niamey (Niger).
Conscient du fait que toute politique d’intégration économique comporte des revers en particulier pour les pays dits de la périphérie, le PNDS-Tarayya se battra et plaidera pour une prise en compte effective de l’aspect aménagement du territoire dans les politiques d’intégration régionale pour un développement équilibré du territoire communautaire.