Nouveau procès de l’affaire fausses factures: Une éternelle corde au cou de Zakaï

Des sources généralement bien informées indiquent que la semaine dernière, s’est déroulé le procès de la tristement célèbre affaire des fausses factures. Toutes les personnes impliquées auraient bénéficié d’un non-lieu. Toutes les personnes à l’exception de l’opérateur économique Zakou Djibo dit Zakaï.

Celui-ci serait reconnu coupable et poursuivi pour faux et usage de faux en écritures publiques. Zakou Djibo est dans de draps gravement tâchés. Pour mémoire, l’affaire dite des fausses factures est née en 2008 avec l’attribution d’un marché d’engrais d’un milliard huit cent cinquante sept millions de francs CFA (1. 857.000.000) toutes taxes comprises à 3 opérateurs économiques dont le célèbre Zakaï. Compte tenu du caractère douteux du marché, le décaissement de 1,5 milliard n’a pu intervenir jusqu’au renversement, le 18 février 2010, du régime de Tandja au pouvoir depuis 2000.

Curieusement, à la veille de l’investiture du nouveau président de la République issu des élections organisées par la junte militaire, le fameux marché va connaître un aboutissement des plus heureux. Du moins au bénéfice de l’adjudicataire principal Zakou Djibo et au détriment du Trésor public. Le milliard cinq cent millions sera alors intégralement versé au bénéficiaire avec une rapidité qui dépasse l’entendement. Tout s’est joué en quelques heures. Et lorsque le régime fraîchement installé de Mahamadou Issoufou découvrira le pot aux roses, c’est en plein Conseil des ministres que la question sera abordée et la décision de sommer Zakaï de rembourser sera annoncée à grandes pompes.

Malgré que l’homme se soit exécuté en remboursant les fonds publics soutirés, une procédure devant aboutir à la levée de l’immunité du député qu’il était a été engagée. Au finish, Zakou Djibo préférera démissionner de son siège d’élu pour se mettre à la disposition de la justice de son pays. Entre temps, plusieurs fonctionnaires ont été incarcérés avant de bénéficier de liberté provisoire. Le dossier semblait être clos avec l’adhésion du même Zakaï au parti au pouvoir le PNDS-Tarayya. Le 11 Janvier 2014, l’opérateur économique organisera un géant meeting au cours duquel il s’est fait revêtir du pagne à l’effigie du PNDS.

C’était son adhésion symbolisant son départ du MODEN FA Lumana africa dont il était militant jusqu’au départ de ce parti de la mouvance présidentielle. Cette défection ou séquestration politique interviendra exactement 2 semaines après le congrès du parti au pouvoir, le 28 décembre 2013. Congrès, au cours duquel le président du parti Mohamed Bazoum, parlant de l’opposition, a tenu le discours que voici : « camarades, peuvent-ils (ndlr, les opposants) seulement croire que nous avons oublié leur dernière prouesse en date ? La fameuse fausse facture payée d’un milliard huit cent millions (1 800 000 000) juste quelques jours après l’élection de Issoufou et quelques jours avant sa prestation de serment.

Une fausse facture sur une rubrique du ministère de la Santé a été payée cash rubis sur ongle 1 800 000 000 sans aucune prestation. Ça, c’est quelques jours avant que nous prenions le pouvoir. C’est le dernier vol en date, c’est ça leur dernière prouesse. Ce sont eux. Et oui, vous savez camarades, ils n’ont pas tort de nous accuser de vol parce que ceux qui ont volé cet argent là sont libres en ce moment. Ils ne sont pas en prison. Nous avons, je vous ai dit hier, passer avec eux des compromis qui nous ont compromis effectivement et nous avons laissé courir des voleurs mais je leur ai fait une promesse hier, je vais la leur réitérer aujourd’hui, les prochains jours ils vont voir ! »

Ils vont voir. Le message a visiblement bien passé dans les oreilles du chef d’orchestre des fausses factures qui va prendre armes et bagages pour rejoindre le parti de Bazoum dans l’espoir sans doute d’être épargné. En tout cas, depuis lors, on n’avait plus entendu parler de cette sulfureuse affaire. Au contraire, Zakaï, fidèle à son zèle habituel, multipliait les sorties médiatiques sur fond de distribution de motos, voitures et autres gadgets aux structures du parti rose. Mais le rebondissement viendra du procès tenu la semaine dernière. Le non-lieu obtenu par les fonctionnaires du ministère des Finances contraste avec la poursuite engagée contre Zakou Djibo qui n’était pas directement concerné par la première procédure.

Les années que cette procédure prendra pour aboutir à un jugement définitif avec tout ce que la loi a prévu comme voies de recours permettront au pouvoir en place de tenir en laisse le volatile Zakaï même s’il venait à avoir envie d’aller voir ailleurs comme à son habitude. Ici, le PNDS-Tarayya tire les leçons du chapelet de défection et’’ ré-adhésion’’ du personnage contrairement au MNSD-Nassara et au MODEN FA qui n’ont pas su avoir les chaînes pour le ligoter solidement. Mais tout porte à croire que tant qu’il restera militant du PNDS-Tarayya, Zakaï ne risque pas d’aller en prison.

On se rappelle qu’avant sont retournement de veste il était pestiféré par Bazoum Mohamed et son parti qui le qualifiait du plus grand voleur de la République. Mais depuis qu’il est devenu Rose, c’est comme s’il a été recréé – Renaissance oblige – et semble avoir devenu un citoyen fréquentable, voire, modèle, qui participe à l’implantation de son parti politique. Comme quoi, avec Guri system au pouvoir, on n’est mauvais que lorsqu’on est dans l’opposition. Les exemples sont légions.

Ibrahim AMADOU