Intervention Mohamed Bazoum: «Je pense qu’ils sont totalement aux abois. Je pense qu’ils …

Qu’ils récusent la Cour Constitutionnelle, qu’ils disent ne pas prendre part aux élections, s’ils ne viennent pas aux élections au nom de cet alibi, c’est tant mieux. Je leur demande de persévérer dans leur cécité et dans leur irresponsabilité. Nous allons organiser des élections libres et transparentes et de nombreux Nigériens prendront part à ces élections et éliront leurs représentants.

En marge de la déclaration de la MRN (Mouvance pour la renaissance du Niger), le jeudi 26 fé- vrier dernier au siège de l’ANDPZaman Lahiya, le président du PNDS-Tarayya, Bazoum Mohamed, est intervenu pour dénoncer certains comportements de l’opposition politique nigérienne. Bazoum Mohamed n’a pas mâché ses mots sur ce qu’il considère comme un acte de démission et de désespoir. Nous vous présentons l’essentiel de son intervention.

« Le contexte est très grave : à un moment où notre pays fait face à une agression terroriste, dangereuse ; au moment où les Nigériens sont tous mobilisés pour lutter contre cette menace ; au moment où nos soldats se sacrifient pour la patrie et se comportent avec tant de vaillance ; à un moment où nous avons beaucoup de familles, par conséquent, qui sont endeuillées et d’autres inquiètent quant au sort de leurs fils blessés et en traitement et que l’angoisse tenaille ces jeunes sur le front et la même angoisse qui tenaillent leurs familles respectives ;

au moment où le 17 février dernier, comme vous l’avez vu, en dépit de tout ce que l’opposition a fait pour dissuader la mobilisation et la participation des Nigériens à cette marche, sur l’ensemble du territoire national, car comme vous le savez, ils avaient fait diffuser toutes sortes de rumeurs pour dissuader les gens de venir nombreux, en agitant notamment le risque d’attentat terroriste, les Nigériens sont très fortement mobilisés et ont, avec courage, administré la preuve de leur mobilisation, pour répondre à l’appel lancé par le Président de la République.

Le Président de la Ré- publique, en personne, sans faire grand cas de leur campagne à eux, avec courage était venu à la marche pour s’adresser aux Nigériens et pour leur délivrer le message de courage qui l’a toujours caracté- risé. Deux jours après, le même président de la République a bravé les intempéries, la météo qui n’était pas très favorable, s’est personnellement rendu à Diffa, où il a délivré le même message, consistant à rassurer les populations de la ré- gion de Diffa, quant à notre victoire certaine contre Boko Haram. Mais aussi, pour surtout les rassurer quant aux dispositions prises par le gouvernement pour assurer la sé- curité et la quiétude des populations.

Pendant que des Nigériens sont en phase avec leurs dirigeants, en occurrence avec le Président de la République et n’ont en vue que leur mobilisation pour faire échec à Boko Haram, c’est en ce moment que vous avez des Nigériens, qui ont pourtant assuré d’importantes responsabilités dans notre pays, et qui légitimement sont en droit de penser que ce pays qui leur appartient, pourra un jour être sous leur autorité, ces gens, dis-je, sont en train de s’agiter, d’animer une campagne de mensonges. Vous avez certainement suivi leur livre soi-disant blanc, dans lequel des personnalités de ce niveau se rabaissent pour proférer des mensonges mesquins, indignes contre des personnes, contre une femme de plus de 80 ans : la mère de la présidente de la Cour Constitutionnelle !

Mentir sur une femme de 80 ans ! Dire à son sujet des choses totalement fausses par conséquent éhontées et indignes. Faire de l’amalgame sur des personnes pour finir par sortir pour dire que eux, ils ne reconnaissent pas la Cour Constitutionnelle (CC). Par construction, la CC du Niger est organisée, comme nous l’avons tous voulu depuis très longtemps, de façon qu’aucune autorité ne puisse avoir une représentation qui lui assure une hégémonie et par conséquent en faire une caisse de résonnance ou, en tout cas un machin à travers lequel, son désidérata passerait comme une lettre à la poste.

Dans tous les pays du monde, et particulièrement dans les pays africains, les membres de la CC sont composés par les représentants des autorités. En général, le Président de la République a deux représentants, le président de l’Assemblée nationale en a deux, bref, dans tous les pays africains, même en Europe, même en France ou encore aux Etats Unis, ce sont les autorités en place qui désignent les membres de la CC. Au Niger, nous sommes l’un des rares pays où la composition de la CC n’obéit pas à cette règle. Où le Président de la République n’a qu’un seul repré- sentant.

Tous les autres sont élus par des corporations et des associations qui relèveraient de la société civile. Ces élections ont lieu au sein de ces structures là. Avec tout cela, ils trouvent les moyens de dire que cette Cour est inféodée et qu’ils ne la reconnaissent pas.

Et s’ils ne la reconnaissent pas, qu’est ce qui va se passer ? Et bien, je leur demande de ne plus la reconnaî- tre ! Ils veulent que nous violions la Constitution pour la changer ?

La Constitution a prévu que, deux des membres de la CC, deux années après leur installation, soient changés. On vient de tirer au sort deux : le représentant du barreau et celui de groupement des associations de la société civile, eux n’en sont plus membres. Des élections vont être organisées au sein de ces structures pour désigner leurs représentants. Ils veulent que ces élections ne soient pas organisées. Ils veulent qu’on demande la désignation de ces représentants ? Ils veulent que nos disions que comme ils ne reconnaissent pas cette CC, il faut faire quelque chose. Ils veulent que nous violions la constitution ?

Quel pouvoir avions nous de les entendre, de les écouter et de faire droit à cette volonté ? Et bien, je leur demande, s’il leur plaît de ne pas reconnaitre la Cour Constitutionnelle. Cette Cour au Niger n’organise pas les élections. C’est la CENI qui les organise. La CENI est organisée de façon que le pouvoir ne puisse pas exprimer son hégémonie.

Nous avons toujours été dans l’opposition, nous avons toujours pris part aux élections.

Jamais nous n‘avons récusé la CENI encore moins la Cour Constitutionnelle et cela même quand elle été composée autrement qu’on aurait pu penser que sa composition pouvait laisser penser que le pouvoir pouvait passer ses mots d’ordre.

Ils veulent que nous violions la Constitution pour leur faire plaisir ! Il faut qu’ils sachent que c’est la CENI qui organise les élections et cette CENI est indépendante par construction. C’est ensemble, à l’occasion des différentes transitions dé- mocratiques, que nous les avons élaborés. Les textes actuels, nous les avons proposés dans le contexte de la configuration de l’année 2010.

S’ils ne reconnaissent pas la CENI, composée telle qu’elle est, c’est leur problème. S’ils ne reconnaissent pas l’autorité de la Cour Constitutionnelle, qui n’a presque rien à avoir avec les élections, d’ailleurs avez-vous jamais vu la Cour Constitutionnelle remettre en cause les ré- sultats des élections ?

Comment le pourrait-elle d’ailleurs ? Même si c’était possible qu’elle le fasse, de par la Constitution qui porte les dispositions de la mise en place de cette CC, comment veulent-ils que nous la fassions ?

Je pense qu’ils sont totalement aux abois. Je pense qu’ils sont victimes de leurs propres turpitudes. Je pense qu’ils n’ont que l’injure, que la haine. Ils n’ont que cela aujourd’hui. Nous leur demandons donc de se ressaisir, d’être à la hauteur du moment actuel, de ces impératifs notamment d’union, de cohésion pour qu’ensemble nous puissions venir à bout de cette menace qui remet en cause l’intégrité de notre territoire.

Le terrorisme, du fait de son mode d’action, constitue un danger pas seulement pour le pouvoir.Nous avons vu sur les réseaux sociaux, lorsque Shekau a menacé le président Issoufou, ils avaient applaudi. Ils veulent faire de Shekau leur allié. Tout comme ils ont inventé des islamistes au Niger. Vous avez vu lorsqu’ils ont brûlé les églises, ils comptaient sur les islamistes. Ils ont brûlé les églises et mettre cela sur le dos des soi-disant islamistes. Sauf que ces derniers n’étaient pas là. Ils comptaient sur eux le 18 janvier, ceux-ci n’étaient pas sortis. Parce que c’était une fiction.

C’est eux qui ont imaginé qu’il y avait des gens qui haïssent les chrétiens, qui considè- rent que désormais Issoufou est un chrétien. Ils ont stigmatisé les chrétiens, identifié et brûlé leurs maisons et leurs lieux de culte. Ils ont donné à leurs gens de l’essence pour aller allumer le feu pour que Niamey soit à feu et à sang, le samedi, pour que le dimanche 18, ils aillent couronner tout cela, parce qu’ils pensaient que les musulmans allaient sortir avec eux. Mais je leur dit que c’est une fiction, leurs islamistes. Ils n’existent pas au Niger. Au Niger, il n’y a que des musulmans mais pas des islamistes. Et nous sommes tous musulmans.

Maintenant, c’est Shekau leur allié, mais Shekau, on va le battre, on est en train de le battre. Ils n’ont donc par réussi. Leur allié est en débandade. On va en finir avec lui. Nous nous sommes déjà organisés. C’est trop tard pour que Shekau puisse venir à leur secours.

S’agissant de la Cour Constitutionnelle, nous, comme les responsables de la MRN, ça ne nous dit absolument rien, alors rien du tout et il faut qu’ils le sachent.

Qu’ils récusent la Cour Constitutionnelle, qu’ils disent ne pas prendre part aux élections, s’ils ne viennent pas aux élections au nom de cet alibi, c’est tant mieux. Je leur demande de persévérer dans leur cécité et dans leur irresponsabilité.

Nous allons organiser des élections libres et transparentes et de nombreux Nigériens prendront part à ces élections et éliront leurs représentants. S’ils ont d’autres raisons d’ordre politiques, qu’ils le disent et nous allons en discuter. Nous n’irons jamais à des élections si nous avons conscience qu’il y a des choses que nous avons à faire et que nous n’aurions pas faites. Mais si c’est nous demander de violer la Constitution, sinon eux, ils ne participeront pas aux élections, et bien, grand bien leur fasse de ne prendre part aux élections ! »

Transcription de Mahamadou Diallo (OPINIONS N° 256 DU 04 MARS 2015)