Cheikh Boureima Abdou Daouda: A propos de l’épidémie de méningite au Niger

Louanges à Allah Seigneur et Administrateur Absolu de l’Univers, Il fait, décrète et accomplit dedans ce qu’Il veut sans qu’Il soit interrogé; prière et salut d’Allah sur notre Guide et Prophète Mouhammad, sur sa sainte famille et ses fidèles compagnons!
Je me permets de paraphraser un de mes articles intitulé: «Ne confondons pas épreuve divine et punition divine» publié le lundi 27 août 2012 suite aux inondations qui avaient touché plusieurs localités du Niger.
Ainsi, devant les propos et interprétations des uns et des autres face à l’épreuve de ces derniers temps (l’épidémie de méningite) que le Niger traverse, il me paraît urgent d’apporter certaines précisions religieuses relatives aux épreuves divines vu la peur et le stress que cela a suscité et continue de susciter dans le pays en général et à Niamey, la capitale en particulier.
Les gens s’alarment partout et courent dans tous les sens à la recherche du vaccin contre la maladie oubliant même leur identité de musulmans qui doivent placer leur confiance en leur Seigneur en toute circonstance.
Certes, une épidémie est un malheur dont il faut se protéger autant que faire se peut; et l’Islam va jusqu’à légiférer la mise en quarantaine des lieux et des gens atteints d’une épidémie.
Se soigner est donc une obligation tout comme la prévention contre les maladies dangereuses est obligatoire quand il y a bien sûr le remède ou le vaccin.
Dans le cas précis de la présente méningite, il paraît que le vaccin contre la forme incriminée n’est pas disponible en quantité suffisante sans compter son prix qui ne semble pas être à la portée du Nigérien moyen ayant une famille de quelques membres.
Pour autant, cela ne doit pas entraîner les gens dans la désolation, l’inquiétude et l’affolement ni permettre à certains de spéculer sur la nature et le prix du vaccin voire escroquer les gens.
Il paraît que certains agents de santé se permettent de vendre aux populations des vaccins autres que la forme indiquée.
Il paraît aussi que certains pharmaciens ont doublé le prix de la dose du bon vaccin face à la demande.
Soubhanallah! Je ne peux pas comprendre comment dans pareille circonstance, on peut agir de la sorte envers les pauvres populations! Où est la compassion? Où est la pitié ou la sympathie envers les compatriotes?
Au lieu de réduire le prix du vaccin pour permettre à tous de l’avoir, on l’augmente jusqu’à le doubler! Je ne pense pas que Dieu bénira un tel profit.
D’autres personnes n’ont de boulot quant à eux, que de répandre des informations alarmantes concernant le danger du virus, les statistiques des cas et autres faits pour semer davantage la psychose dans la société. Que cherchent-ils? Y a-t-il quelqu’un à accuser pour être à l’origine de la maladie?
En tant que musulmans et croyants, nous devons nous rappeler que Seul Dieu le Maître Absolu de l’Univers protège et sa protection ne connaît pas de faille. Nous devons nous rappeler également qu’aucune âme ne mourra sans la Volonté Expresse d’Allah c’est-à-dire sans que son terme arrive. Et quand ce dernier arrive, personne ne peut faire quelque chose contre la Volonté Divine. A titre d’exemples, Allah le Très Haut a dit:
قُل لَّن يُصِيبَنَا إِلَّا مَا كَتَبَ اللَّـهُ لَنَا هُوَ مَوْلَانَا وَعَلَى اللَّـهِ فَلْيَتَوَكَّلِ الْمُؤْمِنُونَ
«Rien ne nous atteindra, en dehors de ce qu’Allah a prescrit pour nous.261 Il est notre Mawlâ (Patron, Maître, Allié, Protecteur). C’est en Allah que les croyants doivent mettre leur confiance». Sourate 9, verset 51.
وَإِن يَمْسَسْكَ اللَّـهُ بِضُرٍّ فَلَا كَاشِفَ لَهُ إِلَّا هُوَ وَإِن يُرِدْكَ بِخَيْرٍ فَلَا رَادَّ لِفَضْلِهِ يُصِيبُ بِهِ مَن يَشَاءُ مِنْ عِبَادِهِ وَهُوَ الْغَفُورُ الرَّحِيمُ
«Et si Allah fait qu’un mal te touche, nul ne peut l’écarter en dehors de Lui. Et s’Il te veut un bien, nul ne peut repousser Sa grâce. Il en gratifie qui Il veut parmi Ses serviteurs. Et c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux». Sourate 10, verset 107.
وَمَا كَانَ لِنَفْسٍ أَن تَمُوتَ إِلَّا بِإِذْنِ اللَّـهِ كِتَابًا مُّؤَجَّلًا
«Personne ne peut mourir que par la permission d’Allah, et au moment prédéterminé». Sourate 3, verset 145.
«مَا أَصَابَ مِنْ مُصِيبَةٍ فِي الْأَرْضِ وَلَا فِي أَنْفُسِكُمْ إِلَّا فِي كِتَابٍ مِنْ قَبْلِ أَنْ نَبْرَأَهَا إِنَّ ذَلِكَ عَلَى اللَّهِ يَسِيرٌ»
«Nul malheur n’atteint la terre ni vos personnes, qui ne soit enregistré dans un Livre (Allawhoul-Mahfoûz) avant que Nous ne l’ayons créé; et cela est certes facile à Allah». Sourate 57. verset 22.
Rappelons-nous que les épreuves divines ne sont pas forcément dues ni aux péchés ni à l’imprudence des serviteurs, elles font partie avant tout des Traditions et du Programme de Dieu dont Lui Seul connaît les tenants et les aboutissants.
Soulignons que toute punition divine est une épreuve mais toute épreuve divine n’est pas une punition. Toute la vie terrestre est synonyme d’épreuve et cette épreuve se fait par le bien et par le mal comme Dieu l’a dit dans le Saint Coran.
كُلُّ نَفْسٍ ذَائِقَةُ الْمَوْتِ وَنَبْلُوكُمْ بِالشَّرِّ وَالْخَيْرِ فِتْنَةً وَإِلَيْنَا تُرْجَعُونَ
«Toute âme doit goûter la mort. Nous vous éprouverons par le mal et par le bien [à titre] de tentation. Et c’est à Nous que vous serez ramenés». Sourate 21, verset 35.
Le Prophète çallallahou alaihi wa sallam nous fait savoir que l’épreuve divine est proportionnelle à la foi du serviteur:
أشد الناس بلاءً الأنبياء ثم الأمثل فالأمثل يبتلى الرجل على قدر دينه فإن كان في دينه صلابة اشتد بلاؤه وإن كان في دينه رقة ابتلي على قدر دينه فما يبرح البلاء بالعبد حتى يترُكَه يمشي على الأرض وما عليه خطيئة
«Les plus éprouvés des hommes sont les Prophètes puis le commun des hommes suivant le degré de leur foi. L’homme est en effet éprouvé proportionnellement à sa foi, si celle-ci est forte, le malheur en sera proportionnel (s’aggravera) et si elle est faible, il sera éprouvé à la mesure de sa foi. Le malheur ne cesse de toucher le serviteur (croyant) jusqu’à ce qu’il le laisse marcher sur la terre sans aucun péché».
Comme on le voit ici, les épreuves ne sont pas dues forcément aux péchés, au contraire, elles purifient le serviteur de ses péchés. Le Prophète précise encore:
«إِنَّ عِظَمَ الْجزاءِ مَعَ عِظَمِ الْبلاءِ ، وإِنَّ اللَّه تعالى إِذَا أَحَبَّ قَوماً ابتلاهُمْ ، فَمنْ رضِيَ فلَهُ الرضَا ، ومَنْ سَخِطَ فَلَهُ السُّخْطُ » رواه الترمذي وقَالَ: حديثٌ حسنٌ.
«Certes, la valeur de la récompense est proportionnelle à la grandeur de l’épreuve. Certes, quand Allah le Très Haut aime des gens, Il les éprouve. Quiconque agrée (Ses épreuves) récoltera l’agrément d’Allah. Et quiconque se courrouce (contre les épreuves d’Allah), récoltera le courroux divin». Rapporté par Attirmizy.
وَعَنْ أبي هُرَيْرةَ رَضِيَ اللَّهُ عنه قال : قال رسولُ اللَّهِ صَلّى اللهُ عَلَيْهِ وسَلَّم : « مَا يَزَال الْبَلاءُ بِالْمُؤْمِنِ وَالْمؤمِنَةِ في نَفْسِهِ وَولَدِهِ ومَالِهِ حَتَّى يَلْقَى اللَّه تعالى وَمَا عَلَيْهِ خَطِيئَةٌ» رواه التِّرْمِذيُّ وقال : حديثٌ حسنٌ صحِيحٌ .
«Le malheur ne cesse de toucher le croyant ou la croyante dans son âme, ses enfants et ses biens jusqu’à ce qu’il ou elle rencontre Allah le Très Haut sans aucun péché sur lui ou sur elle». Rapporté par Attirmizy.
Et Allah soubhanahou wa taala nous fait savoir que s’Il devait punir les gens à cause de leurs actes, Il ne laisserait sur terre aucune créature:
وَلَوْ يُؤَاخِذُ اللَّـهُ النَّاسَ بِظُلْمِهِم مَّا تَرَكَ عَلَيْهَا مِن دَابَّةٍ وَلَـٰكِن يُؤَخِّرُهُمْ إِلَىٰ أَجَلٍ مُّسَمًّى فَإِذَا جَاءَ أَجَلُهُمْ لَا يَسْتَأْخِرُونَ سَاعَةً وَلَا يَسْتَقْدِمُونَ
«Si Allah s’en prenait aux gens pour leurs méfaits, Il ne laisserait sur cette terre aucun être vivant. Mais Il les renvoie jusqu’à un terme fixe. Puis, quand leur terme vient, ils ne peuvent ni le retarder d’une heure ni l’avancer». Sourate 16, verset 61.
وَلَوْ يُؤَاخِذُ اللَّـهُ النَّاسَ بِمَا كَسَبُوا مَا تَرَكَ عَلَىٰ ظَهْرِهَا مِن دَابَّةٍ وَلَـٰكِن يُؤَخِّرُهُمْ إِلَىٰ أَجَلٍ مُّسَمًّى فَإِذَا جَاءَ أَجَلُهُمْ فَإِنَّ اللَّـهَ كَانَ بِعِبَادِهِ بَصِيرً
«Et si Allah s’en prenait aux gens pour ce qu’ils acquièrent, Il ne laisserait à la surface [de la terre] aucun être vivant. Mais Il leur donne un délai jusqu’à un terme fixé. Puis quand leur terme viendra… [Il se saisira d’eux] car Allah est Très Clairvoyant sur Ses serviteurs». Sourate 35, verset 45.
Tout arrive par et avec la Volonté de Dieu et nul ne peut affirmer que c’est à cause de nos péchés ni à cause de ceci ou cela. Combien de gens sont morts sans être atteints de méningite? Combien de gens le paludisme tue-t-il dans le monde et chez nous sans que l’on fasse du bruit ou qu’on s’affole?
S’il y a une sagesse à rappeler ici parmi les sagesses que l’on peut tirer de ces épreuves, c’est le fait de rappeler aux serviteurs leurs faiblesses et leur impuissance devant les Décisions et les Actions de Dieu. Ainsi, les serviteurs ne doivent jamais oublier cette réalité ni écarter Dieu de leurs calculs et de leurs programmes car sans l’aide de Dieu l’Homme -quels que soient son pouvoir, sa richesse, son savoir, sa force…- n’est rien en réalité. Certes, nous avons nos programmes individuels et collectifs et Dieu en a le Sien et il n’y a que le programme de Dieu qui se réalise sans faille.
Bref, l’heure est celle de la recherche d’une solution ou des solutions aux différents problèmes qui se posent à notre pays.
Cette recherche des solutions implique forcément une prise de conscience collective pour un sursaut national très fort, en vue de conjuguer les efforts, de se montrer plus que jamais unis, fraternels et solidaires les uns des autres.
Que les gens se repentissent à Dieu, mettent leur confiance en Lui, implorent individuellement et collectivement les miséricordes et les bénédictions de Dieu et qu’ils fassent preuve d’invocations pour qu’Allah nous épargne le mal sous toutes ses formes, protège les individus et le pays!
Qu’Allah nous conforme à cela! Qu’Il unisse les cœurs de tous les nigériens! Qu’Il conforme nos décideurs à ce qu’Il aime et agrée! Qu’Il bénisse pour nous nos vies, nos œuvres, nos familles, nos biens et notre cher pays le Niger! Qu’Il descende sur nous tous Ses miséricordes et Sa paix! Qu’Il adoucisse et attenue Ses épreuves inéluctables pour tous les croyants!

Cheikh Boureima Abdou Daouda
Niamey, le 20 avril 2015.