Buhari, Issoufou et Deby, la solution finale de la question Boko Haram

S’il y a présentement un problème qui taraude l’esprit au Sahel, c’est absolument la question Boko Haram. Voilà pourquoi l’enjeu de l’élection nigériane dépassait de loin les frontières nationales. Le suspense nigérian était partagé tour a tour par camerounais, nigériens, tchadiens, béninois etc. Le Nigeria, ce géant africain tant par ses richesses, sa population et son armée ne mérite pas la situation délétère dans laquelle l’irresponsabilité de l’administration Jonathan a eu la prouesse( ?) de le plonger. Le choix de Buhari semble être à nos yeux la solution finale à la question Boko Haram et bien d’autres maux qui gangrènent ce géant sur lequel l’Afrique entière pourrait compter.

La constance est une vertu. A coté de la difficulté, il y a certes la facilité, dit le Coran. Muhammadu Buhari sait que le leadership va de pair avec le sacrifice. Il sait également que l’échec c’est l’abandon. L’échec n’est qu’une voie d’accès au succès. Il a tenu comme d’autres opposants historiques à résister car quand on est conscient que servir son pays fait partie des plus belles choses au monde, il y a de raisons a ne pas jeter l’éponge. Désormais, pourrait-on, parler avec cette victoire éclatante de Buhari de la fin du calvaire nigérian ?

L’ex chef de junte qui a gouverné le Nigeria pendant vingt mois (a partir de 1983) est surtout craint pas pour des mauvaises pratiques mais pour sa rigueur. Sa vision pour le pays faite d’intégrité, du sens de l’honneur et de la justice. Un paradoxe pour un pays gangrené par la corruption, le détournement des deniers public, l’anarchie, bref la mauvaise gouvernance tout simplement. Dans ce sens, il reste à savoir qui a réellement peur de Buhari ? Certes pas le vrai peuple. Mais les délinquants de tout acabit, ceux qui veulent se servir, ceux qui ont trahi le peuple. Eh bien ceux-là vivent la victoire de Buhari comme un drame, une sorte de fin du monde, leur monde a eux, fait de crimes et d’injustice. Le peuple nigérian victime de la négation de ses droits et des abus de quelques uns, lui, jubile et espère enfin que l’heure du changement a sonnée.

Buhari comme alternative crédible aux défis nigérians

Il est permis d’espérer que cet ancien général de l’armée nigériane puisse tirer de son grand âge (72 ans) sagesse, rigueur dans les principes et surtout maitrise des dossiers les plus délicats pour la renaissance de ce grand pays. Parmi les défis du nouveau prince, il y a en toile de fonds la sécurité, l’économie et les mœurs socio- politiques anachroniques et indignes d’un Etat moderne. Buhari jouit a priori de ce préjugé favorable d’être l’homme de la situation. Le spectacle désolant qu’offre le Nigeria actuellement appelle aux qualités d’un véritable homme d’Etat. Buhari a fait montre de par le passé de certaines de ces qualités comme l’intégrité, l’éradication des maux sociaux comme la corruption, le trafic d’influence, le détournement des deniers publics.

 Parlant de Buhari, un confrère ecrivait : «  La « méthode Buhari » était donc rude, dans de nombreux domaines. Le quotidien britannique The Telegraph indique par exemple que la tricherie lors d’examens universitaires pouvait conduire à une peine d’emprisonnement de vingt ans et que les fonctionnaires étaient soumis à des punitions physiques en cas de retard au travail. » Certes les temps ont changés notamment le contexte démocratique qui a ses exigences en matière de respect des droits humains mais avouons le :  le Nigeria d’aujourd’hui a besoin de se reprendre. Le Nigeria a besoin de l’ordre et la discipline pour asseoir l’Etat d’abord et ensuite amorcer son développement.

Le Nigeria dispose comme chacun le sait des potentialités. Il lui manque simplement de la bonne gouvernance. Et en plus des pré-requis inhérents au nouvel homme fort du pays, c’est un atout que ce pays ait réussi, a la  surprise générale et pour la première fois, une élection on ne peut plus immaculée. Le mérite revient d’abord au peuple nigérian ensuite à l’administration sortante notamment son chef, le sortant Goodluck Jonathan. En félicitant son adversaire avant la fin du dépouillement des résultats par la commission électorale, il a redoré son blason et du coup boosté la démocratie nigériane sur la voie des grandes démocraties ou désormais l’alternance est possible.

Un autre atout qui milite en faveur du président Buhari c’est aussi l’adhésion du peuple nigérian même si on a remarqué des disparités assez criardes au niveau des résultats. Cette performance doit beaucoup au sens de l’Etat des personnalités comme Obansanjo qui ont finalement choisi les intérêts supérieurs de leur pays au détriment des considérations primaires et iconoclastes. Il incombe dans ce sens au nouveau régime de renforcer cet esprit de cohésion et de patriotisme pour l’érection d’un Nigeria, un et indivisible comme condition sine qua non du vivre ensemble paisible et fraternel du Nord et du Sud de ce pays. Et le vivre ensemble paisible suppose  en amont la défaite voire l’éradication de la secte Boko Haram.

Issoufou et Deby alliés objectifs pour extirper Boko Haram

L’imbroglio Boko Haram est en passe d’être solutionné. C’est du moins une forte attente des populations de la sous-région et du monde entier. Boko Haram c’est un bilan très lourd d’abord en termes humain (on parle de 13 000 morts) et privations des libertés. La terreur est a son comble au Nigeria de sorte qu’on se demande comment un Etat avec tant de ressources peut se retrouver dans une insécurité totale ou les habitants des villes et villages font l’objet au quotidien de toutes formes de violations de leurs droits. Ce bilan de Jonathan frise la haute trahison du peuple nigérian. Nous pensons que les nouvelles autorités feront la lumière un jour pour que le monde entier sache quelle est la part de complicité et/ ou d’irresponsabilité du régime  qui vient de subir un  cinglant désaveu par le peuple nigérian ?

Dans cette perspective les acquis enregistrés par les armées tchadienne et nigérienne constituent une fondation pour Buhari pour aller très rapidement a l’essentiel a savoir jouer franc jeu dans la guerre engagée contre Boko Haram. On le sait aujourd’hui de sources autorisées,  la collaboration du Nigeria était loin d’être à la hauteur pour atteindre  l’objectif  d’ une solution définitive contre Abubakar Chekaou et ses terroristes. Nous osons espérer qu’avec Buhari les choses allaient se passer tout autrement.

Dans cette optique, la détermination du tchadien Idriss Deby et du nigérien Issoufou  Mahamadou conjuguée a la rigueur du général président Muhammadu Buhari sont de nature à asseoir une âme salvatrice à la coalition dans cette guerre non seulement contre Boko haram mais aussi l’insécurité de façon générale dans cette partie de l’Afrique. En tant qu’africains on ne peut être que fiers des actions entreprises par les présidents Issoufou Mahamadou du Niger et Idriss Deby du Tchad. Quand des pays africains peuvent s’engager a un tel niveau pour pacifier les populations du terroir voisin, il va sans dire que l’Afrique est sur la bonne voie. Et on le sait, aussi, la guerre coute de l’argent. En dépit de cette triste réalité, le Niger et le Tchad font mille et un sacrifices pour créer les conditions de possibilité d’une paix définitive au Nigeria.

Il faut le rappeler, cette solidarité, cette vision des présidents Deby et Issoufou a déjà fait la fierté du peuple malien. Un signe évident que malgré la modicité des moyens de nos armées, on peut toujours compter sur nous-mêmes d’abord africains pour prendre en charge nos défis sécuritaires. C’est tout le mérite d’avoir un leadership conséquent au plan africain. Il est incontestable que Deby et Issoufou se hissent résolument sur les traces des grands africanistes comme Kwame Nkrumah, Sekou Toure, Diori Hamani… pour qui l’unité de l’Afrique n’a pas de prix.

Muhammadu Buhari redorera t-il l’image de l’armée nigériane a l’instar d’Obasanjo au moins pour accompagner cet élan africaniste amorcé par ses pairs Issoufou et Deby au plan securitaire ? Only time will tell.

Elh. Mahamadou Souleymane