Niger : un coup de pouce aux jeunes pousses

Créer une start-up innovante est une chose. Qu’elle soit rentable et pérenne en est une autre. C’est là que le Centre incubateur des PME au Niger intervient.

Fruit d’un partenariat public-privé entre les pouvoirs publics nigériens d’un côté (dont la ville et l’université de Niamey) et plusieurs grands groupes privés de l’autre (dont les nigériens Sinergi SA et Gamma Informatique Niger, les français Orange, Bolloré, Total et Veolia, les Canadiens de la Lundin Foundation ou encore Bank of Africa), le Centre incubateur des PME au Niger (Cipmen) a été créé à la fin de 2013 et a démarré ses activités en avril 2014. Premier dispositif du genre dans le pays, il a un statut d’association à but non lucratif. Sa mission consiste à renforcer la croissance et à améliorer le taux de survie de petites et moyennes entreprises innovantes dans trois secteurs d’activité prioritaires : les technologies de l’information et de la communication (TIC), les énergies renouvelables et l’environnement.

La phase de préincubation s’adresse à une vingtaine de porteurs de projet, pour la plupart des étudiants de troisième cycle désireux de créer leur entreprise. Cet accompagnement permet, grâce à des formations de quatre mois, de mieux cerner les contours de leur future PME en matière de produit et de clientèle.

La phase d’incubation proprement dite dure quant à elle trois ans et ne peut être accessible pour le moment qu’à huit entreprises en même temps, comme c’est le cas de GiMafoR, spécialisée dans les services écoénergétiques et le solaire photovoltaïque. Espaces de travail mis à disposition, formation en gestion de projet, en marketing ou en communication, accompagnement comptable, coaching… Toutes les prestations du Cipmen visent à permettre aux jeunes sociétés hébergées de rentabiliser au mieux leur activité.

Auparavant, les jeunes n’étaient pas écoutés par les banques ou par les grands patrons car ils n’avaient aucune référence ; aujourd’hui, nous pouvons leur donner de la crédibilité

« De par notre expérience et nos partenaires, nous avons facilement accès aux bailleurs de fonds et aux grandes entreprises du pays qui parrainent nos PME, explique Almoktar Allahoury, directeur général du centre. Nous pouvons donc leur ouvrir des portes. Auparavant, les jeunes n’étaient pas écoutés par les banques ou par les grands patrons car ils n’avaient aucune référence ; aujourd’hui, nous pouvons leur donner de la crédibilité. »

En contrepartie de leur hébergement, les PME en phase d’incubation, lorsqu’elles commencent à faire des bénéfices, versent au Cipmen entre 7 % et 9 % de la part du chiffre d’affaires qui excède le montant qui leur avait été fixé. « Par exemple, si ce dernier est dépassé de 100 000 F CFA [150 euros], nous récupérons 7 000 ou 9 000 F CFA, selon le programme », précise Almoktar Allahoury. Le centre tire aussi une partie de son financement de ses activités de conseil auprès des grandes entreprises et de quelques ONG.

Notre modèle, fondé sur l’accompagnement et l’hébergement de 30 PME, n’est viable que si l’on ne paie pas de loyer, et nous attendons donc que l’État mette un espace à disposition », explique le directeur général

Avec le soutien de ses partenaires privés nigériens, français et nord-américains, le Cipmen, qui emploie actuellement sept collaborateurs à plein temps, compte atteindre rapidement l’équilibre financier. Il prévoit aussi de confier prochainement son programme de préincubation à l’université de Niamey et espère pouvoir bientôt emménager dans des locaux plus vastes, qui lui permettront d’accueillir jusqu’à 30 entreprises. « Notre modèle, fondé sur l’accompagnement et l’hébergement de 30 PME, n’est viable que si l’on ne paie pas de loyer, et nous attendons donc que l’État mette un espace à disposition », explique le directeur général, qui assure avoir reçu l’accord du Premier ministre.

En attendant cette étape « politique » – qui risque d’être retardée jusqu’à la tenue des élections législatives et présidentielle, prévues en février 2016 -, le centre multiplie les actions de sensibilisation et les sessions de formation, en particulier dans le domaine des TIC. « Il faut créer cette culture de start-up, qui n’existe pas au Niger, et casser les barrières entre les jeunes entrepreneurs et les grands patrons », conclut Almoktar Allahoury. Reste à y mettre les moyens.

Mathieu Olivier

Jeune Afrique