«La menace islamiste Boko Haram ne peut être combattue que par une réponse globale comprenant un volet militaire, une dimension politique, économique, culturelle, sociale et environnementale », déclare Ali Mahamane, Recteur de l’Université de Diffa

Il s’appelle Ali MAHAMANE, et il est Professeur Titulaire des Universités (CAMES), spécialité Botanique et Ecologie Végétale. Il est le Recteur de l’Université de Diffa depuis janvier 2015. De 2010 à 2015, il a été Vice-recteur de l’Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi, cumulativement avec les fonctions de Doyen de la Faculté des Sciences et Techniques de la dite Université jusqu’en 2012. Votre journal l’a rencontré à l’occasion du symposium international sur la déradicalisation des jeunes et la réinsertion des repentis de Boko Haram que l’Université de Diffa a organisé du 15 au 17 mai dernier. Entretien.

MUTATIONS : Vous venez de tenir un symposium sur la déradicalisation et l’insertion des jeunes de la secte Boko Haram. Une initiative inédite dans l’histoire de nos universités. Pourquoi cette initiative ?

Ali Mahamane : Avant de répondre à votre question, permettez-moi de présenter les condoléances les plus attristées de toute la communauté universitaire de Diffa aux familles des soldats tombés sur le champ d’honneur, à la population de la ville et de la Région de Diffa suite aux malheureux évènements survenus dans la Région de Diffa. Que leurs âmes reposent en paix Amen !

Je salue la détermination des plus Hautes Autorités de notre pays au premier rang desquelles son Excellence Elhadji Issoufou Mahamadou, Président de la République et le Premier Ministre, Son Excellence Brigi Rafini Chef du Gouvernement qui œuvrent inlassablement pour que la paix et la quiétude règnent, afin de permettre le développement de cette Région soumise aussi à l’adversité sans merci de la nature.

Mes félicitations vont également aux Autorités Administratives, Communautaires et Coutumières Régionales pour leur volonté et leur persévérance à maintenir la paix et la quiétude dans la Région de Diffa.

Je salue aussi le courage sans faille et la persévérance de nos Forces de Défense et de Sécurité pour l’esprit de nationalisme qui les caractérise dans leur noble mission de maintien de la sécurité de notre pays.

Pour revenir à votre question, l’Université de Diffa a été créée par la Loi n°2014-40 du 19 Août 2014 avec comme mission de relever les défis environnementaux et écologiques. Après notre nomination le 16 janvier 2015, nous avons pris fonction à Diffa le 5 février 2015 et nous avons senti l’engouement et l’enthousiasme de toute la population suite à la création de cette Université.

Le 6 Février 2015, pendant que nous présentions l’Université aux Autorités Régionales, Boko Haram a attaqué la ville de Diffa. Il a fallu délocaliser la réunion qui se tenait à la maison de la culture à la résidence du Gouverneur pour pouvoir la terminer. Ceci pour dire que le démarrage des activités de l’Université a coïncidé avec le déclenchement de la crise liée à la secte Boko Haram dans la Région de Diffa. Suite à cette attaque de la ville de Diffa le 6 février 2015, les Autorités Administratives Régionales de Diffa nous ont posé la question de savoir : quelle pourrait être la contribution de l’Université de Diffa pour le retour de la paix dans le bassin du Lac Tchad ? Il s’agissait donc dès au départ de prendre en compte une demande locale formulée par les Autorités Régionales pour accompagner les populations du Bassin du Lac Tchad en détresse. Ces Autorités ont souligné qu’à leur avis, la communauté scientifique doit et peut nécessairement s’impliquer car elle peut apporter une contribution pour soutenir les victoires militaires. Afin de concrétiser sa mission de service publique devant prendre en charge les préoccupations pressantes de la société, toute la communauté universitaire de Diffa a salué cette volonté des Autorités Régionales d’impliquer l’Université de Diffa dans la résolution du conflit dans le Bassin du Lac Tchad. Comme vous pouvez le comprendre, il s’agit d’une demande locale que l’Université s’est engagée à honorer. Elle a su mobiliser et inviter à Diffa la communauté scientifique nationale et internationale des Universités et des Organisations de la Société Civile qui travaillent sur l’extrémisme violent.

MUTATIONS : De quoi a-t-il été question au cours de vos travaux ?

Ali Mahamane : Au cours de nos travaux, il a été question de paix à travers la déradicalisation des jeunes et la réinsertion des repentis. C’est ainsi que les échanges ont porté sur la sensibilisation des populations de la Région de Diffa et du Bassin du Lac Tchad sur les vertus du pardon, de la tolérance à travers :des solutions locales de résolution de conflits ; des exemples de solutions apportées à des crises de même genre survenues dans d’autres pays ; des propositions d’idées et de stratégies qui seront soutenues par les partenaires en vue de contribuer à la normalisation du cours de la vie dans la Région de Diffa ; des renforcements et consolidation des capacités des communautés à la base et des leaders d’opinion dans la construction et la consolidation de la paix.

Pour atteindre les objectifs du symposium, quatre axes de discussion sont retenus, à savoir : analyse des pratiques de résolution des conflits au niveau national ; exemples de déradicalisation et réinsertion dans les pays du bassin du Lac Tchad ; justice transitionnelle et exemples de déradicalisation et de réinsertion en Afrique et dans le monde ; problématique du développement, de relèvement et de reconstruction dans le bassin du Lac Tchad. Ces axes prennent en compte tous les secteurs de la vie socio économique, religieuse et sécuritaire des populations à l’échelle de la Région de Diffa et du Bassin du Lac Tchad. Pour les différents axes, des conférenciers de haut niveau émanant du monde universitaire, de l’administration et de la société civile sont mobilisés pour éclairer l’opinion publique en général, les leaders d’opinion et les populations locales en particulier. Au cours de ce symposium ce sont plus de 50 communications qui ont été présentées par des scientifiques et des personnes ressources venant de toutes les structures socioprofessionnelles du Niger, d’Afrique (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Mali, Nigéria, Sénégal, Somalie, Tchad), d’Europe (Belgique, France, Grande Bretagne, Russie, Suisse, Ukraine), d’Amérique (Colombie, USA) et d’Asie (Afghanistan).

Les résultats attendus au cours du symposium sont entre autres : les bonnes pratiques de résolution des conflits sont comprises et partagées ; les stratégies de déradicalisation et de réinsertion sociales en cours dans les pays du bassin du Lac Tchad sont comprises et partagées ; les concepts de justice transitionnelle sont compris et des exemples réussis de déradicalisation et de réinsertion en Afrique sont partagés ; les problèmes du développement dans le bassin du Lac Tchad et la Région de Diffa sont analysés et pris en compte.

MUTATIONS : Quelles sont les conclusions et recommandations issues de vos travaux ?

Ali Mahamane : Les actions de la secte Boko Haram ont ébranlé toutes les conditions socioéconomiques et environnementales. La menace Boko Haram nécessite une collaboration stratégique constante, une résilience collective et une grande capacité d’adaptation. Elle ne peut être combattue que par une réponse globale comprenant un volet militaire, une dimension politique, économique, culturelle, sociale et environnementale. La consolidation de la paix nécessite une approche d’ensemble visant à dépasser les idées préconçues, à changer les attitudes, les croyances et les comportements pour transformer la dynamique négative entre individus et leurs communautés, en coexistence pacifique, stable et favorable à une paix auto-entretenue et durable. Ainsi, les participants au symposium international sur la déradicalisation des jeunes et la réinsertion des repentis de Boko Haram ont formulé d’importantes recommandations et résolutions. Pour les recommandations, elles ont porté sur : la gestion des conflits couvre plusieurs facettes. La chefferie traditionnelle, étant en contact permanent avec les populations, joue un rôle très important dans la pacification et la recherche de la quiétude sociale. À cet effet, les participants recommandent de : renforcer les capacités des chefs traditionnels dont le rôle dans la gestion, la prévention des conflits et la réinsertion socioprofessionnelle des repentis est combien important. ; favoriser la création et la formation des comités de vigilance dans chaque village et les appuyer en moyens adéquats pour empêcher le processus d’enrôlement des jeunes dans les mouvements de Boko Haram ; multiplier les rencontres entre les chefs traditionnels de part et d’autres des frontières en vue de leur permettre d’échanger des informations ; regrouper régulièrement les jeunes et les femmes pour des séances de sensibilisation sur la vigilance permanente qu’ils doivent observer pour assurer leur sécurité et celle de leurs biens ; renforcer la coopération et la collaboration des chefs traditionnels et leurs populations avec les F.D.S. (Forces de Défense et de Sécurité) stationnées ou de passage dans leur zone ; renforcer et promouvoir le dialogue intra et intercommunautaire dans le processus de règlement de conflit d’une manière générale et dans le processus de la réinsertion des repentis de Boko Haram en particulier ; utiliser les médias, notamment les radios communautaires pour sensibiliser les populations en vue d’un changement de mentalité, de comportement, et adopter un esprit de tolérance et de pardon au regard des repentis de Boko Haram ; renforcer les activités civilo-militaires de sensibilisation des communautés sur les consignes de sécurité, la protection des repentis ; renforcer les leaderships des ONG dans la mise en œuvre des activités d’accompagnement des populations ; renforcer la culture du pardon et la tolérance à l’échelle intra et intercommunautaires d’une part et entre gouvernants et gouvernés d’autres part ; améliorer l’accès aux communautés des services sociaux de base.Au plan économique, il a été recommandé de :

élaborer et mettre en œuvre des micro-projets structurants au profit des communautés du bassin du Lac Tchad pour une réinsertion efficace et la restauration d’une paix durable ; faire un plaidoyer auprès des autorités publiques pour lutter contre le chômage des jeunes et des femmes à travers des activités génératrices de revenus ; mettre en place un programme efficace de lutte contre la pauvreté, favorisant l’égalité des chances entre les citoyens.

Des résolutions ont été également formulées. Ainsi, au vu des résultats importants enregistrés et de l’engagement des partenaires désormais appelés  » les amis de la paix « , il faut institutionnaliser le Forum de Diffa sur la sécurité, la paix et le développement comme un espace de partage d’information, de sensibilisation et de mobilisation pour la sauvegarde de la paix qui est le pilier de tout développement. Au vu de l’expérience et l’engagement éprouvé des autorités rectorales de l’Université de Diffa et de ses partenaires, il est nécessaire de mettre urgemment en place un « observatoire paix et sécurité ». L’observatoire aura pour mission l’élaboration et le suivi des indicateurs de la paix dans le bassin du Lac Tchad pour aider aux prises de décisions. Il sera chargé de la mise en œuvre des conclusions des différents fora. L’Université de Diffa doit rapidement proposer au ministre de tutelle, la composition, les attributions, les missions de cet observatoire ; accélérer la création de l’Institut International pour la Paix, le Dialogue et le Développement à l’Université de Diffa ; créer un réseau interuniversitaire et de la société civile sur la prévention de l’extrémisme violent et la radicalisation des jeunes

MUTATIONS : Une chose est de faire des recommandations, une autre est de les mettre en œuvre. Comment comptez-vous mettre effectivement en œuvre celles formulées à l’issue de vos travaux ?

Ali Mahamane : Il faut d’ores et déjà souligner que tous les 4 pays du bassin du Lac Tchad sont représentés (Cameroun, Niger, Nigéria et Tchad). Les recommandations ont plusieurs niveaux d’application en fonction des acteurs composant la vie socio-économique du Bassin du Lac Tchad.
Les recommandations sont hiérarchisées en fonction des niveaux d’organisation socioéconomique et administrative. Certaines recommandations sont adressées aux plus Hautes Autorités du bassin du Lac Tchad, aux Gouverneurs des Régions, aux Commandements militaires.
Nous allons présenter ces recommandations sous forme de cade logique avec des indicateurs précis, ce qui permet le suivi de leur application.

MUTATIONS : Parlons de l’Université de Diffa. Quelle est sa vocation et quels sont les actes et actions phares à mettre à votre actif ?

Ali Mahamane : L’Université de Diffa a été créée par la Loi n°2014-40 du 19 Août 2014 avec comme mission de relever les défis environnementaux et écologiques. La Région de Diffa s’étend sur la zone Nord Soudanienne, la zone sahélienne et la Zone Saharienne. La pluviométrie varie de 400 mm au Sud de Goudoumaria à 100 mm à N’Gourti. Les écosystèmes sont très vulnérables à cause de la forte irrégularité des pluies d’une année à l’autre. Les milieux de production sont des cuvettes ou oasis, des champs et des parcours pastoraux qui occupent les espaces interdunaires. L’ensemble de ces milieux sont perturbés et les indicateurs de la dégradation comprennent l’ensablement des habitations, des infrastructures et des milieux de production (cuvettes, champs).
Par exemple ce pied de Balanites aegyptiaca déraciné sur plus de 3,5 m illustre parfaitement l’ampleur de l’érosion éolienne. Il résiste encore à l’adversité du milieu grâce à ses racines pivotantes.

Au niveau Régional, nous avons aussi le Lac Tchad qui connaît des problèmes environnementaux majeurs dont son assèchement et la perte d’écosystèmes. Vous vous rappelez qu’une conférence de haut niveau a eu lieu à Bologne et à Rimini en Italie, les 4 et 5 Avril 2014, à l’initiative du Président de la République Issoufou Mahamadou, Président en exercice du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT). Cette mobilisation a permis de dégager un consensus sur l’intérêt, la nécessité et l’urgence de revitaliser le Lac Tchad : en levant les diverses contraintes actuelles ; en l’inscrivant dans l’agenda international ; et en engageant les pays dans la recherche des solutions consensuelles, globales et durables.

Pour le Président de la République Issoufou Mahamadou, il fallait créer l’Université de Diffa pour montrer sa ferme volonté à aller de l’avant dans la lutte contre l’assèchement du Lac Tchad et la désertification. L’Université de Diffa est composée de Facultés, d’Unités de Formation et de Recherche (UFR) ainsi que d’Instituts et d’Ecoles. Elle a démarré avec : un Institut Supérieur en Environnement et Ecologie (IS2E) ; une Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) ; l’Institut Supérieur en Environnement et Écologie (IS2E), qui forme des Cadres Supérieurs en 3 ans dans six (6) spécialités que sont la foresterie, l’agroforesterie, la gestion des aires protégées, la gestion des parcours pastoraux, la pêche et aquaculture durable et étude d’impact environnemental ; un Master Ecologie et Environnement,

Quant à la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA), elle offre les formations suivantes :Master Evaluation Environnementale et Développement Durable ; Master en Biodiversité et Gestion de l’Environnement Soudanien et Sahélo-Saharien ; Master en Amélioration des ressources phytogénétiques, ; Master en Adaptation et changements climatiques ; Master Productions Animales et Développement Durable ;Master Agroforesterie ; Master Gestion des Aires Protégées.
L’Université comporte aussi des services d’appui qui sont : la Cellule Paix et Développement ; la Cellule Mutualisée et de suivi des Conventions ; la Cellule de suivi Ecologique et Environnemental ; la Cellule Assurance Qualité.

Pour organiser la recherche scientifique, nous avons créé des Unités Mixtes de Recherche (UMR). Ainsi nous avons : l’UMR Erémologie et Lutte Contre la Désertification ; l’UMR Aridoculture et Cultures Oasiennes ; l’UMR Elevage, Pastoralisme et Faune Sauvage ; l’UMR Pêche et aquaculture durables ; l’UMR Economie et Sociétés Rurales.

De façon globale, l’Université de Diffa a pour mission : l’enseignement supérieur ; l’enseignement scientifique et technologique ; la formation professionnelle et le perfectionnement des cadres supérieurs ; la recherche scientifique fondamentale et appliquée et la diffusion des résultats ; le développement de l’innovation technologique ; le suivi et l’évaluation des milieux naturels et des agroécosystèmes en vue de leur protection et leur conservation véritable dans une perspective de développement durable et de lutte contre la pauvreté ; la recherche de solutions pour relever les défis environnementaux majeurs.

Parallèlement au déroulement normal des activités académiques, nous avons mené plusieurs autres activités. C’est ainsi que l’Université a organisé, du 2 au 5 novembre 2015 un premier « Colloque international sur la culture de la paix dans le Bassin du Lac Tchad » ici même à Diffa, puis les 14 et 15 mai 2016 un « Symposium international sur la sécurité dans le Bassin du Lac Tchad » toujours à Diffa ; et aujourd’hui le Symposium international sur la déradicalisation et la réinsertion des repentis de Boko Haram à Diffa du 15 au 17 mai 2017.
L’Université a participé à plusieurs rencontres internationales sur la lutte contre l’extrémisme violent au Niger, au Nigéria, au Cameroun, en Mauritanie, aux Etats Unis d’Amérique. A travers les réflexions, les analyses prospectives et les rencontres, l’Université a apporté sa contribution dans la restauration et la consolidation de la paix.

Une Université ne pouvant se développer en vase clos, nous avons développé des partenariats avec : les 7 autres Universités Publiques du Niger ; l’Université d’Abomey Calavi (UAC), Bénin ; l’Université de Bamako, Mali ; l’Université de Vaillallodid, Espagne ; l’Institut National de Recherche et Technologie Agro-Alimentaire (INIA), Espagne; le Centre Technique Forestier de Cataluna, Espagne ; l’University of Maiduguri, Nigeria ; le Centre National pour la Recherche Scientifique et Technique (CNRST), Maroc ; l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny de Yamoussokro, Côte d’Ivoire ; la Technopole de BorjCédria « ECOPARK » de Tunis, Tunisie ; l’Université de Segzed (Hongrie) ; l’Ecole Nationale Supérieure d’Aménagement et de Gestion des Aires Protégées de Kandi (Benin).
Nous avons des ambitions et projets pour l’Université, en l’occurrence :améliorer la connexion internet compte tenu de notre situation géographique pour un échange permanent avec le reste du pays et du monde ; assurer une meilleure visibilité et le rayonnement de l’Université de Diffa à travers des animations scientifiques permanentes, des formations de qualité, des publications scientifiques de haute facture, exécuter le Plan stratégique que nous avons élaboré pour l’Université jusqu’à l’horizon 2025 avec l’aide nos partenaires, mettre en place un Incubateur qui consiste en des fermes expérimentales qui contribueront au développement de l’entreprenariat des jeunes et de même de formation de courtes durées à l’intention des déscolarisés, des non scolarisés et des repentis.
Et, conformément à la recommandation 18 du colloque de 2015, nous comptons mettre en place un Institut International pour la Paix, le Dialogue et le Développement à l’Université de Diffa.

MUTATIONS : l’Université de Niamey, comme celles de l’intérieur du pays ont connu beaucoup de perturbations cette année, avec des grèves des étudiants et des enseignants. Quelle est la situation à l’Université de Diffa ?
Ali Mahamane : L’Université de Diffa se trouve dans une situation particulière liée à l’état d’urgence. Nous avons toujours attiré l’attention de toute la communauté universitaire par rapport à cet état de fait. Je profite de cette occasion pour féliciter toute la communauté universitaire de Diffa pour son engagement. Diffa est à 1355 km de la capitale Niamey, nous nous organisons en fonction de nos moyens. A Diffa nous avons maintenu un dialogue avec les différentes composantes de l’Université.

MUTATIONS : D’aucuns disent que nos universités ont du mal à s’accommoder du système MLD. Est-ce le cas à l’Université de Diffa ?

Ali Mahamane : Le système LMD est bien maitrisé au sein de nos Universités où nous organisons régulièrement des séances d’explication et de discussion autour du contour du LMD.

On distingue dans nos Universités 3 grands groupes d’acteurs : les Enseignants (SNECS et SNEIGE) ; les PAT ; les étudiants. Si chaque corporation provoque une perte de temps liée aux grèves, cela peut être important en fin d’année. Dans nos Universités, ce sont les grèves qui annihilent les efforts de mise en œuvre du système LMD. Les grèves aussi sont relatives à des réclamations pécuniaires. Le Gouvernement essaie autant que faire se peut d’allouer une subvention à chaque Université. A l’Université de Diffa nous avons maintenu un dialogue avec les différentes composantes de l’Université d’où l’accalmie que nous avons. Mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de problèmes.

Interview réalisée par Gorel Harouna