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NIGER/AFRICARD : La bataille de Nanterre, un fiasco pour Africard et ses acolytes

Le quitus du 13 juillet attendu comme du pain béni par Africard à Nanterre s’avère un fiasco. Nanterre c’est cette commune française située dans le département des Hauts-de-Seine en région Île-de-France, dont elle est la préfecture. Le Niger vient d’avoir le sursis dans son procès contre Africard. Ainsi en a décidé le tribunal qui considère que les nouveaux éléments apportés dans le Dossier par le Niger sont susceptibles d’infirmer la prétention d’Africard. En d’autres termes, Africard ne peut plus vendre aux enchères les biens de l’Etat du Niger avant le verdict du procès au fond à Abidjan. Un revers majeur pour Dany Chaccour et ses acolytes. Entre les lignes, pour ceux qui ont suivi l’évolution de ce dossier, Africard a perdu une grande bataille dans ce feuilleton. Décryptage de ce cinglant camouflet pour cette tristement célèbre société qui était en passe de marauder les biens du Niger à l’étranger avec la complicité de quelques-uns.

Les faits

Dans un article assez informatif ‘’ Biens du Niger saisis à l’étranger : tous les détails de l’affaire Africard’’, Olivier Mathieu de Jeune Afrique avait rapportait les faits suivants le 7 Février dernier : « 125 à 150 millions d’euros : c’est la valeur totale des saisies opérées par la justice en France et à New York sur les biens appartenant à l’État du Niger à la demande de la société Africard. Selon les procès-verbaux que Jeune Afrique a pu consulter, quelques 67,5 millions d’euros d’avoirs « sous la main d’Areva » doivent faire l’objet d’une décision de justice le 9 février. Entre mi-octobre et mi-janvier, la société Africard a fait saisir une série de biens de l’État du Niger en France et aux États-Unis. Elle réclame au Niger, sur la base d’une condamnation de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada), plus de 16 milliards de francs CFA (24,4 millions d’euros), sans compter les intérêts courant depuis avril 2013 (soit une quarantaine de millions d’euros au total), pour avoir résilié de façon abusive un contrat portant sur la production de passeports biométriques en 2012.

Ayant obtenu l’aval des justices française et américaine, Africard a ainsi obtenu la saisie d’une résidence new-yorkaise, située sur East 80th Street à Manhattan et donnant sur Central Park, estimée à 37 millions de dollars, ainsi que d’une autre en France, à La Celle-Saint-Cloud, en région parisienne, occupée occasionnellement par des responsables nigériens ou leurs proches, dont la première dame. Plusieurs appartements et une villa, mis en location rue de Bayen, dans le 17e arrondissement de Paris, rue du Cherche-Midi, dans le 6e, rue de la Convention, dans le 15e et avenue de Madrid, à Neuilly-sur-Seine ont également été saisis. Ceux-ci font partie de biens mis en location par l’État nigérien en France. 67, 5 millions d’euros provisoirement saisis. À ces biens immobiliers, d’une valeur d’environ 70 millions d’euros, s’ajoutent encore 67,5 autres millions, saisis « sous la main d’Areva ». Considérant ces fonds comme des avoirs de l’État du Niger dans les caisses d’Areva, la justice française a autorisé leur saisie, interdisant provisoirement à la société française spécialisée dans le nucléaire d’en disposer tel qu’elle le souhaitait ».

UN REVERS MAJEUR POUR DANY CHACCOUR ET SES ACOLYTES

Africard, très sûre de sa prétention avait tout programmé pour brader les biens du Niger le 13 juillet même. Très pressée, cette société et ses acolytes savaient que le temps jouait contre eux. L’on se souvient également que cette certitude D’Africard d’être dans son bon droit a été rabâchée aux Nigériens avec la prédiction que l’Etat du Niger n’avait aucune chance de gagner la bataille de Nanterre. Contre toute attente, il a été notifié à ces arnaqueurs, au regard des nouveaux éléments versés dans le dossier par le Niger, la décision d’alors en faveur de la boîte de Dany Chaccour n’est plus exécutoire. Telle est la substance du verdict du juge de Nanterre qui renvoie les protagonistes à l’audience du 11 janvier 2018 à 9h30. Une victoire pour le Niger? On peut le dire puisque si le Niger n’avait pas gagné la bataille de Nanterre, Africard allait brader nos biens aux enchères publiques et ce, dès le 13 juillet dernier. En substance, nous retenons que le Niger a demandé ce sursis en France et il l’a gagné. Il faut rappeler également à New York le Niger a obtenu le sursis contre les visées sournoises d’Africard et ses acolytes. Le regard est désormais rivé sur Abidjan où le procès au fond va être repris. Selon une source, la requête du Niger vaut tout son pesant d’or en obtenant ce sursis. Ce qui présage une issue heureuse à l’en croire.

Panique dans les rangs d’Africard et ses sbires…

La peur a changé de camp, pourrait-on dire. En effet, si le juge de Nanterre a pris très au sérieux les nouveaux éléments apportés par le Niger dans cette diabolique affaire c’est notamment à cause de l’action du procureur de Niamey qui a engagé, apprend-on, une instruction pour corruption contre Africard et ses complices dont celui que Gandou Zakara avait appelé en son temps le juge ‘’unique’’ d’un pays voisin. Au moment fort de l’extravagance de certains, nous n’avions pas cessé d’appeler au bon sens et au patriotisme. Mais ces agitateurs jouant un petit jeu contre les intérêts de leur pays, avaient atteint le point de non-retour, mus par des intérêts mesquins certains, selon une source proche du dossier.

A notre sens, est-ce une excuse pour un citoyen nigérien de se réjouir face au péril en perspective sur le pays ? Est-ce que le fait de voir cette société ramasser une telle bagatelle comme à la loterie sans rien fournir au Niger ne doit-il pas plutôt choquer les Nigériens ? Notre fibre patriotique n’est-elle pas assez blessée pour pressentir le complot entre un consortium d’affairistes et juristes, ce genre d’escrocs internationaux qui profitent lâchement de la faille de nos textes pour gruger nos pays ?

En France comme aux USA, ces aigrefins ont un faible pour ce genre de dossiers pour se faire de l’argent facile. Qui plus est, c’est un Etat du Tiers monde qui est en cause. La société Africard n’a rien à perdre même si elle doit verser 50% des frais du racket. En tant que citoyen on pourrait également se demander si Areva n’avait-elle pas également joué à la complicité dans cette affaire.

A notre humble avis, quel que soit le verdict sur cette affaire les Nigériens doivent avoir le sens de la répartie. Il y a nos mécompréhensions et adversités à l’interne mais de là oublier l’essentiel à savoir le complot de l’extérieur pour extorquer nos maigres ressources aussi facilement il y a un hiatus. En un mot comme en mille, ne nous trompons pas de combat. A la guerre comme à la guerre, c’est soit vous gagnez ou l’ennemi vous écrase. Et dans le cas d’espèce, l’ennemi a tellement le dos rond qu’il pourrait même envisager un arrangement à l’amiable. Il n’a rien à perdre. Bien au contraire. Où est passé le bon sens de quelques-uns qui jubilaient…sur la toile de voir leur pays en spolié?

Tiemago Bizo