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1ère Rencontre CENI/OSC/Medias : « Malgré tout la CENI n’a rien à envier à ce qui se fait n’importe où », dixit Me Souna Issaka

Ce vendredi 25 Mai 2018, à l’occasion de la première rencontre d’information avec les partenaires électoraux par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), cette dernière a rencontré les Organisations de la société civile et les responsables des médias. Le même exercice a eu lieu le mardi dernier avec les partenaires techniques et les partis politiques hier jeudi même si l’Opposition avait boycotté cette rencontre.

Dans son exposé préliminaire, le président de la CENI, Me Souna Issaka a brossé l’état d’avancement des travaux de son institution et il a exposé le chronogramme d’activités de la CENI prenant en compte l’élaboration d’un fichier électoral biométrique pour les élections générales de 2019-2021.

Selon Me Souna : « Depuis l’avènement du multipartisme au Niger au début des années 1990, toutes les consultations électorales ont été organisées de façon satisfaisante. Cependant, la qualité du fichier électoral a toujours été une source de préoccupation pour les partis politiques.

Les constatations et évaluations faites après les élections générales de 2016, ont conforté ces faiblesses et justifié la nécessité de recourir à un fichier électoral biométrique, a ajouté le président de la CENI. Et selon Me Souna, la création de la CENI permanente et l’établissement du fichier biométrique sont l’émanation de la forte demande des partis politiques, la société civile et les observateurs des élections pour renforcer la transparence et la sécurité des élections.

C’est ainsi que : « Tirant les leçons de ces constations et de ces recommandations le Gouvernement de la République du Niger a adopté la loi organique n°2017-64 du 14 Aout 2017, portant code électoral du Niger », a précisé Me Souna.

Et d’ajouter : « Dès son installation la CENI s’est attelée à l’étude des modalités de la faisabilité de la première liste électorale biométrique. Dans ce cadre de nombreuses réunions ont été organisées avec les services compétents de l’Etat en particulier la Direction Générale de l’état civil, des migrations et des refugiés. L’idée principale et les débats portaient sur la possibilité d’extraire la liste électorale biométrique à partir d’un fichier national de l’état civil ou à défaut d’arrimer la confection de la liste électorale biométrique au programme de modernisation de l’état civil en cours. Les conclusions des échanges ont démontré que l’urgence et l’agenda très rapproché de production caractérisant la liste électorale biométrique ne s’accordent pas avec le programme de modernisation qui est inscrit dans un délai plus long. Les partenaires ont donc décidé de séparer  les deux opérations et de les poursuivre concomitamment, tout en s’accordant sur leur jonction à terme en vue de la confection d’un fichier national d’état civil unique ».

A la lumière de cette conclusion, a dit Me Souna Issaka, il est apparu nécessaire de recourir à une solution intermédiaire devant permettre la confection de la liste électorale dans les meilleurs délais possibles. Le code électoral dispose en son article 40 que « les électeurs sont inscrits sur le fichier électoral biométrique par commune et/ou arrondissement communal, ambassade et/ou consulat sur présentation de l’une des pièces suivantes : carte d’identité nationale, carte d’identité militaire, passeport, acte de naissance, jugement supplétif ou certificat de nationalité, livret de pension civile ou militaire, carte consulaire, carte et/ou livret de famille ».

Et le président de la CENI de rappeler que l’audit du Recensement Electoral de 2015 révèle que plus de 70% des nigériens en âge de voter et inscrits sur la précédente liste ne disposent pas de pièces d’état civil !

C’est donc pour pallier à cette insuffisance, devait dire Me Souna, que la Commission Electorale Nationale Indépendante en concertation avec les ministères techniques  et partenaires concernés, a décidé d’organiser des foraines pour la délivrance des pièces d’état civil aux nigériens des deux sexes âgés de 15 ans et plus ainsi qu’aux mineurs émancipés vivant sur le territoire national ou établis à l’extérieur. Et ces audiences foraines vont être précédées et accompagnées de campagnes massives de communication, de sensibilisation et d’information.

Ainsi, apprend-on, l’opération couvrira douze mille deux quatorze (12 214) villages et six mille trois cent sept (6 307) tribus du Niger. Le juge et son équipe se déplaceront au niveau des communes de sa compétence où tous les cahiers sont déjà centralisés pour contrôle et signature. Par la suite, l’agent communal de l’état civil appuyé par des agents transcripteurs procédera à la transcription des jugements déclaratifs dans les registres.

Le budget estimatif de l’opération s’élève à deux milliards sept cent soixante-dix millions sept cent dix-neuf huit cent vingt (2 770 719 820) francs CFA. Le cout de l’acte délivré s’élève à trois cent quarante-six (346) F CFA au lieu du cout actuel de deux mille (2000) F CFA. L’opération permettra de délivrer huit millions (8 000 000) d’actes dont six millions (6 000 000) de naissances, un million(1 000 000) d’actes de mariage et un million (1 000 000) d’actes de décès, a précisé le président de la CENI.

Après cet exposé liminaire du président de la CENI, un fructueux débat a été ouvert où les acteurs de la société civile et les hommes des médias ont contribué qui avec des propositions, qui avec des questions pour une bonne compréhension de la mission de la CENI et l’état des lieux des travaux.

Très aguerri, Me Souna a répondu sans complaisance aux questions des participants. A la question récurrente de l’assistance de savoir si l’absence de l’opposition constitue un blocage des travaux de la CENI, Me Souna de répondre qu’il n’en est rien. La CENI continue son travail qui est du reste un travail technique. Selon le président de la CENI son administration continue d’abattre le travail à elle confiée.

En expert des élections, Me Souna Issaka a déclaré que : « Malgré tout la CENI n’a rien à envier à ce qui se fait n’importe où ». Et d’exhorter les acteurs en disant : « Si on réussit la liste électorale, on aura réussi 80% de notre processus électoral ».

A propos du financement de la CENI, Me Souna Issaka a répondu que sur les deux milliards du budget, la CENI a déjà reçu un milliard ce qui lui permettra de bien commencer l’exécution de son chronogramme. Et l’innovation aujourd’hui, selon le président de la CENI c’est le fait que désormais pour un souci de souveraineté le Niger prend lui-même en charge ses élections.

En ce qui concerne la préoccupation des uns et des autres sur la panne du dialogue politique, le président de la CENI tout en faisant preuve du sens de la répartie à savoir que cela incombe à la classe politique, il a informé l’assistance que l’Organisation Internationale de la Francophonie serait en passe de mettre la classe politique sur la même table.

Aux alarmistes, le président de la CENI a répondu qu’il n’y a rien d’alarmant au niveau de la CENI du Niger. Il faut même se réjouir du caractère inclusif de celle-ci par rapport à d’autres pays où c’est le ministère de l’intérieur qui a la charge d’organiser les élections.

S’agissant de la polémique sur un éventuel 3ème mandat pour le président Issoufou évoqué par certains acteurs de la société civile, Me Souna Issaka a dit clairement : « Le président Issoufou a dit qu’il ne se présentera pas pour un 3ème mandat, nous travaillons sur cette base ».

Sur l’impartialité du président de la CENI, Me Souna Issaka a martelé : « Je n’ai pas de parti politique. Le président de la CENI n’est qu’un arbitre entre le pouvoir et l’Opposition ». Et d’ajouter en bon juriste que « la loi doit être égale pour tous et appliquer de la même façon pour tous ».

Pour le président de la CENI en parlant de l’incompréhension entre les partis politiques sur le processus électoral : « Dans ce malentendu il y a plus de passion que de vraies questions de discussion ».

En substance, l’on retient de cette rencontre que la CENI n’est pas du tout bloquée. Elle poursuit sa mission normalement et ‘’les partenaires sont au courant de ce qui est fait et de ce qui est en train d’être fait’’, a martelé Me Souna Issaka.

Cette initiative de rencontre et d’échange a été vivement saluée et encouragée par l’assistance.

Elh. M. Souleymane et Abdoul Aziz Moussa

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