Lutte antitabac : Une dizaine d’ONG internationales de santé publique écrivent au président Issoufou

Dans une lettre datée du 9 octobre 2018 depuis Washington, une dizaine d’organisations internationales de santé publique œuvrant pour la réduction du tabagisme et des maladies et décès qui lui sont imputables dans le monde entier et dont le but final est de protéger les enfants, les femmes, les familles et les communautés confrontés aux effets nocifs dévastateurs de la consommation du tabac et de l’exposition à la fumée secondaire du tabac ont écrit au président de la République sur la nécessité de doter le Niger d’une loi forte à l’instar des autres pays engagés résolument dans la lutte contre le tabagisme. 

Après avoir félicité le chef de l’Etat pour sa volonté de faire de la santé une partie intégrante du Plan de développement économique et social (PDES 2017-2021) du Niger et d’établir des réformes visant à investir dans les soins de santé et le bien-être du peuple nigérien, les organisations internationales de santé publique renseignent le chef de l’Etat : « Vous le savez certainement, le tabagisme est la principale cause de décès évitables dans le monde. Il tue environ sept millions de personnes chaque année et, si la tendance actuelle se confirme, il pourrait y avoir un milliard de décès dus au tabac dans le monde au 21eme siècle. La majorité des fumeurs commencent à fumer avant l’âge de 18 ans, voire avant l’âge de 10 ans pour un quart d’entre eux. Chaque jour, 80 000 à 100 000 enfants deviennent dépendants du tabac. Par ailleurs, 600 000 personnes meurent chaque année de l’exposition au plus de 7 000 substances chimiques toxiques contenues dans la fumée de la cigarette.

Selon le rapport mondial de l’OMS sur l’épidémie du tabagisme (MPOWER, 2017), au Niger, 8,6% des jeunes consomment du tabac dont 11,8% de garçons et 5,6% de filles. Aussi, chez les adultes, la consommation du tabac concerne-t-elle 17,7% d’hommes 2,4% de femmes. »

Et d’ajouter : « Avec 66,5% de la population nigérienne âgée de moins de 25 ans (Institut National de la Statistique, INS), des mesures de prévention efficaces visant à empêcher l’industrie du tabac de cibler les groupes vulnérables, comme les femmes et les jeunes, d’une part, et à protéger tous les citoyens de l’exposition nocive à la fumée secondaire dans tous les lieux publics et de travail intérieurs et tous les moyens de transport public, d’autre part, s’avèrent absolument nécessaires au vu des signes alarmants témoignant de l’émergence de l’épidémie de tabagisme en Afrique. »

Après avoir rappelé au président de la République l’adhésion du Niger à la Convention cadre de l’OMS, les ONG internationales de santé publique alertent : « La session parlementaire qui vient de s’ouvrir va discuter dans les prochains jours  d’une proposition de loi, c’est une occasion unique pour le Gouvernement et les  parlementaires nigériens  d’enrayer cette épidémie émergente de tabagisme en adoptant et mettant en œuvre une législation efficace et complète qui comprenne toutes les principales mesures fondées sur les données factuelles prévues par la CCLAT et les directives pour son application.

Le Niger peut aujourd’hui s’assurer de ne pas reproduire les erreurs commises par les pays où l’épidémie de tabagisme est plus avancée il y a quelques décennies, erreurs qui se sont traduites par 100 millions de morts au cours du 20e siècle. »

Les Organisations internationales de santé publique invitent ‘’le Gouvernement à s’inscrire dans une logique d’augmentations régulières des taxes sur le tabac via le mode spécifique conformément à la Directive de la CEDEAO. Cette  Directive recommande 200 FCFA par paquet mais le Gouvernement peut procéder par étape : instituer un prélèvement de 100 FCFA par paquet importé et mis en consommation dans votre pays. Et, deux ans après, passer au 200 FCFA par paquet tel que prévue dans la proposition de loi.

Cette mesure vise à  juguler systématiquement le manque de ressources pour mettre en œuvre les dispositions législatives et réglementaires relatives à la lutte contre le tabac et contribuer à la mobilisation de ressources pour le financement de la lutte contre le cancer’’.

Les ONG internationales de santé ont conclu leur lettre par un appel au président de la République : « En prenant position en faveur de la proposition  de loi antitabac, vous marquerez l’histoire du Niger, et du monde, en montrant la voie aux dirigeants africains quant à la nécessité d’agir avec détermination et sans délai pour que les maladies et les décès imputables au tabagisme ne deviennent pas, à leur tour, une crise économique et sanitaire catastrophique et un fardeau supplémentaire pour les peuples d’Afrique. »

EMS