Portrait d’artiste : Hamsou Garba, la Diva de la chanson nigérienne

Chanteuse à la voix imposante et grande danseuse, âgée aujourd’hui de 58 ans, mère de 6 enfants et grand-mère de quelques petits-fils, a du dynamisme à revendre. Chaleureuse, sympathique et pleine d’entrain, madame Maïga Hamsou Garba est une artiste née, au don incontestable parce qu’elle compose elle-même ses chansons et sa musique. Avec la création de sa radio « Touraki » dénommée « la voix des artistes », la battante Hamsou Garba couronne ainsi son parcours de combattante.

Hamsou a embrassé la chanson par amour, pour cette activité. Dès le bas âge elle passait une grande partie de son temps à chanter et à danser avec ses jeunes camarades d’école et du quartier. Elle a fréquenté l’école jusqu’en classe de CM2 où elle obtint le diplôme de certificat d’Etudes Primaires et Elémentaires (CEPE). Mais, Hamsou Garba confie qu’elle s’intéressait beaucoup plus au chant et la danse, qu’aux études. A la naissance de la «Samaria», une sorte de «mouvement de mobilisation de la jeunesse » à l’époque, elle s’adonna beaucoup à sa passion de chanteuse et danseuse à travers la Samaria du quartier  »Sabongari » où elle faisait partie de la troupe dudit quartier. Après avoir obtenu son diplôme de certificat, elle s’inscrit en cours de dactylographie, pour une formation de deux (2) années à la mission catholique de Niamey au terme de laquelle elle obtint son diplôme qui lui permis d’être engagée pendants 11 ans comme agent dans une banque de la place.

C’est alors qu’elle opta de faire du commerce en partant à Lomé (Togo) pour payer des produits qu’elle revendait sur place à Niamey. En plus de ses activités commerciales informelles et surtout par amour pour le chant et la danse, Hamsou devient animatrice du « groupe choc » du Chef de l’Etat Ali Chaïbou où elle se retrouvait souvent à la tête de 1000 à 1500 jeunes à l’aéroport Diori Hamani lors de l’arrivée des Chefs d’Etats des pays amis pour faire de l’animation culturelle. Quelques temps après, son ancien employeur (BIAO) fit appel à elle pour un nouvel engagement mais elle refusa catégoriquement puisqu’elle se dit qu’elle ne peut pas concilier son travail d’agent de banque à sa passion pour l’animation dans le groupe choc.

Elle a ainsi préféré se contenter de son commerce et de son activité d’animatrice. À l’arrivée de la Première Dame Française de l’époque, Madame Françoise Miterrand à Niamey, on fit appel à elle pour faire de l’animation à l’aéroport mais il se trouvait qu’elle était à Lomé dans le cadre de ses activités commerciales. A son retour de Lomé, elle fut appelée par Feu Général Ali Chaïbou et Torda Haïnikoye pour lui demander de choisir le service dans lequel elle préfère être engagée pour y travailler. Elle opta automatiquement pour la Mairie ou district 3 de l’époque à cause de sa proximité avec le quartier où elle résidait. Ayant fondé la troupe de la « Samaria Sabongari » dans laquelle elle passa dix (10) ans à animer et à travailler pour son quartier, elle se décide en 1991 de créer son propre groupe, dénommé « Annashua » dans lequel elle continue à évoluer actuellement. Quelque temps après, toujours en 1991, fut instauré le multipartisme et plusieurs partis politiques virent le jour. Ce fut la ruée pour adhérer à ces partis non seulement pour les militants mais aussi pour les groupes musicaux.

C’est ainsi que Hamsou adhéra au Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD Nassara) et dans le cadre des activités de ce parti, explique-t-elle, au temps du Chef de l’Etat du Niger le Général Ali Chaïbou, son groupe a eu à animer plusieurs soirées culturelles au stade municipal de Niamey. Là, son groupe composait des chansons politiques. Mais, ce n’est qu’après, qu’elle entama sa véritable carrière de chanteuse professionnelle ; ce qui fait que de 2008 à 2014, elle eut à produire dix (10) albums qui ont été mis en vente. Il y a trois(3) ans de cela, Hamsou a composé plusieurs autres chansons qui n’ont pas été produites en album. Dans ses chansons en général, elle développe divers thèmes dont les violences faites aux femmes et aux enfants, la scolarisation des jeunes filles, le mariage forcé, la sensibilisation sur la lutte contre le tabac et la drogue, l’unité nationale, les hommes de l’histoire, « mazagé daga », «matan Niger », « matan douniya », etc.

Artiste engagée dans la lutte pour l’émancipation, la promotion de la femme nigérienne, celle des droits de l’enfant et du bien être de la famille, Hamsou Garba a dédié un album entier à la femme et à l’enfant. Elle a produit un autre album dédié une fois de plus à la femme dans le cadre de la Journée Nationale de la Femme Nigérienne édition 2015. Cet album qui comprend dix (10) titres a été dédié à 10 femmes dont l’ancienne ministre de la Promotion de la Femme, Dr Maïkibi Kadidjatou Dan Dobi, Madame Kané Aïchatou Boulama, Colonel Zeïnabou Yabo. « Je chante pour mon pays : la preuve : j’ai composé une chanson intitulée « Yan Niger » ou « enfants du Niger » explique-t-elle. Aussi, elle exhorte les autorités nigériennes à s’impliquer pleinement pour faire de l’autonomisation de la femme une réalité en ce sens que la femme reste et demeure le pilier de la famille.

L’artiste Hamsou a créé un festival intitulé « zanzaro » qui a pour objectif principal la revalorisation de la musique sacrée qui se veut comme un art dans la prise de conscience de la jeunesse. Plusieurs éditions se sont déjà déroulées à la Maison de la Culture « Djado Sékou » de Niamey dont la toute première (1ère) a été lancée en 2010 déjà. Ce festival s’organise autour des « mahalba » ou chasseurs, des « yan taouri » ou invulnérables, des « makéra» ou forgerons, des « wanzam » ou coiffeurs-barbiers, des « yan bori » ou détenteurs de la musique traditionnelle de possession, du « shoro » ou art de combat et des Peulhs « Bororo » du Niger.

Ce festival privé accueille, au fur et à mesure des éditions, des pays voisins et amis du Niger et c’est ainsi que l’édition de 2015 a enregistré la participation du Bénin et du Maroc. Selon Hamsou Garba, l’objectif spécifique de ce festival consiste à amener les dépositaires de la tradition à accorder beaucoup plus d’importance à ce grand héritage et à le conserver dans le but de le transmettre aux générations futures.

Zeïnabou Gaoh