Issoufou Mahamadou en conférence de presse avec son homologue Ibrahim Boubacar Keita à l'occasion de la Visite d’amitié et de travail à Bamako

Visite d’amitié et de travail à Bamako : le président Issoufou demande de changer de paradigme à Kidal

Les propos tenus par le président Issoufou, cette semaine à Bamako,  illustrent parfaitement la constance de la vision et du leadership du chef de l’Etat nigérien sur la situation au Mali en particulier et au Sahel en général. La conséquence de ce leadership assumé ? Le rang du Niger dans le classement 2015 du spécialiste américain Global Fire Power est assez intéressant : parmi les armées les plus puissantes au monde, notre armée est 82ème  et 10ème en Afrique. Un véritable exploit. Cette prouesse n’est pas le fruit du hasard : elle s’explique et se justifie par le leadership de qualité du chef suprême des armées. A Niger Inter, nous considérons qu’il n’y a aucune surprise au regard de la vision d’avant-garde très clairement affichée par Issoufou Mahamadou sur les questions de sécurité au Niger et dans le monde dès sa prise de fonction.

A Bamako, le président Issoufou persiste et signe : « j’ai effectivement eu à dire que le statut de Kidal est une menace pour la sécurité intérieure du Niger. Je le confirme. C’est une menace effectivement pour la sécurité intérieure du Niger », a affirmé courageusement le Chef de l’Etat.

Et  le Président Issoufou Mahamadou de préciser : « il y a des mouvements signataires des accords de paix d’Alger, qui ont une position ambiguë, il y en a qui sont de connivence avec les terroristes ». Ce sont ces vérités crues qui font jaser quelques-uns, qui au lieu de soutenir cette position très lucide du chef de l’Etat sur un problème réel, une menace contre notre sécurité nationale, ont cru bon de le vilipender. Qui plus que le chef de l’Etat pour oser dire ces vérités avec tant d’assurance ? Il faut savoir raison garder. Lorsqu’il s’agit des questions aussi graves évoquées au plus haut niveau, il faut éviter de s’aventurer notamment lorsque vos analyses alambiquées ne s’appuient que sur des conjectures et des états d’âme.

Pourtant ce sont les mêmes coupeurs de cheveux en quatre qui reprochent au président Issoufou de ne pas faire assez à Tillabri qui se permettent sans vergogne de dénigrer cette approche on ne peut courageuse pour venir à bout des abus terroristes à la frontière nigéro-malienne. Le chef de l’Etat sait plus que quiconque que la difficulté est inhérente à la non maitrise de notre frontière avec le Mali du fait des complicités de certains  et non à la défaillance de nos vaillantes forces de défense et de sécurité. « Nous ne pouvons plus l’admettre  surtout que cela a eu des conséquences sur notre sécurité. Il y a eu des attaques contre le Niger avec la complicité de ces mouvements. Des soldats nigériens ont perdu la vie à plusieurs reprises. A Inatès, par exemple, nous avons perdu 18 soldats, dans une autre attaque nous en avions perdu 28,  et nous avons des preuves sur la complicité de ces mouvements-là avec les terroristes », a martelé le président Issoufou. Et comme lever l’équivoque le chef de l’Etat a dit clairement sa motivation à Bamako : « Ma visite d’aujourd’hui a  permis d’échanger avec mon frère sur les réponses bilatérales qu’on peut apporter à cette préoccupation sécuritaire surtout le long de notre frontière commune, longue de 800 km », a-t-il déclaré. Par ricochet, cette prise de position du Niger, loin de contrarier le Mali, tend à poser le problème de la libération effective du territoire malien. On le sait, depuis le magistère de François  Hollande, la vision d’Issoufou c’était de désarmer effectivement tous les mouvements armés. Très malheureusement, pour ses intérêts tutélaires, comme qui dirait, la France avait fait un autre choix qui avait consisté à ménager la chèvre et le chou. Et le reste est connu : la force Barkhane continue de faire le gendarme au Sahel notamment au Mali. Comme l’a si bien dit Albert Einstein ‘’un problème créé ne peut être résolu en réfléchissant de la même manière qu’il a été créé’’. C’est justement pourquoi le président Issoufou voudrait qu’on  change de paradigme. Autrement, la situation risque de se compliquer davantage.

A la vérité,  le message d’Issoufou n’a rien d’une vision étriquée de la question sécuritaire au Sahel. Il pose là un problème réel qui interpelle plus d’un partenaire nonchalant et inconséquent qui refuse de voir la réalité en face.  « Mais les gens  sont impatients. Ils oublient que la lutte contre le terrorisme  est une lutte très difficile. Il faut voir ce qui s’est passé au Moyen Orient, en Irak et en Syrie. C’est toutes les armées les plus puissantes du monde qui se sont engagées contre Daesh. Mais ces armées ont dû mettre près de trois ans avant de vaincre Daesh. Et encore ce n’est pas fini. Il y a toujours une résistance résiduelle de Daesh en Irak et en Syrie. Et nous, on nous demande d’en finir avec le terrorisme en quelques semaines. Ce n’est pas possible », a-t-il affirmé à Bamako. Loin de jeter un pavé dans la mare, le Président Issoufou voudrait simplement dire à nos partenaires de prendre très au sérieux le défi sécuritaire au Sahel. Ce qui en dit long sur son leadership au plan mondial sur les questions sécuritaires. Ce qui a été clairement observé par notre confrère burkinabè Fasozine.com (lire page 4) : «  Issoufou Mahamadou, le chef de l’Etat nigérien est un infatigable avocat de la paix et de la sécurité au Sahel». S’appuyant entre autres sur les statistiques en matière sécuritaire au Niger et les propos du président de la République lors de son investiture, notre confrère demeure convaincu que l’homme a énormément contribué à l’instauration d’un climat de sécurité dans son pays et participe sans relâche à la lutte contre le terrorisme dans la sous-région. Et c’est justement un trait d’esprit d’Issoufou Mahamadou depuis qu’il est aux affaires : « les menaces sont devenues mondiales et nécessitent naturellement des réponses mondiales ou, à tout le moins, régionales et sous régionales. Par conséquent, pour assurer notre sécurité commune, je plaide pour une coopération plus forte entre les pays de la CEDEAO et les pays de la zone sahélo-saharienne». Tout partenaire sincère du Niger et du Sahel doit tenir compte de cet état d’esprit. Pour le reste, tout le reste n’est que stérile spéculation.

Elh. M. Souleymane